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1958 - L'arme nucléaire

Publié le 24 mars 2024 par Perceval

" Il y a tout lieu de croire que les atomes des éléments radioactifs renferment une énorme quantité d'énergie latente... Si on parvenait à contrôler la vitesse à laquelle se désintègrent ces éléments, une petite quantité de matière libérerait une masse colossale d'énergie. " E. Rutherford, Ed. Cambridge at the University Press (1904). Rutherford est celui qui a présenté en 1911, le modèle où l'atome est représenté par un espace presque vide avec, au centre, un noyau massif et dense.

1958 L'arme nucléaire

Si on envoie un neutron sur un noyau d'Uranium ; l'Uranium 235 est capable de se couper en deux, et produire une énorme énergie. Il sera démontré qu'1cm3 d'Uranium U-235, soit 20 grammes, peut fournir autant de chaleur que 50 m3 de pétrole.

Herbert George Wells a publié en 1914, The World Set free ( La Destruction libératrice ), ce livre est une réflexion sur les conséquences d'une course à l'énergie. Si la société bénéficie de conditions de vie améliorées, un scientifique Holsten, découvre à partir de la radioactivité la possibilité d'une énorme énergie ; et prévoit une catastrophe prochaine. Les inégalités sociales se sont creusées, et la classe politique est sourde aux avertissements. Un conflit mondial inévitable, entraîne l'utilisation de bombes atomiques.

Pourquoi une destruction ''libératrice'' ? Parce que, cette catastrophe a entraîné un monde meilleur, sans frontières, avec un gouvernement mondial. Avec surprise, peut-être pour certains, on voit que Wells considère le christianisme comme faisant partie de la solution. Nous lisons : " Le bon sens de l'espèce humaine a peiné au fil de deux millénaires d'expériences qui l'ont mûrie, pour en arriver à saisir le sens véritablement profond des mots les plus familiers de la foi chrétienne. ". Et de plus : " Le penseur scientifique qui s'attaque aux problème moraux posés par la vie en société, ne peut de manière inévitable qu'en venir aux paroles du Christ, et aussi inévitablement, lorsque s'éclaire ainsi sa réflexion, en arriver à la République universelle. "

Pour Aldous Huxley (1894-1963), l'auteur du fameux roman Le Meilleur des mondes (1932) ; l'homme n'aurait plus d'autre choix, que de se détruire ou se surpasser.

En 1932, James Chadwick établit que le noyau est composé de protons et de neutrons.

Otto Hahn et Lise Meitner découvrent ''la fission des noyaux lourds '' - processus permettant de produire de l'énergie - en décembre 1938 à Berlin. Mais seul Hahn, recevra le Nobel, en 1945.

F. Joliot voit la possibilité d'une réaction en chaîne. Une première pile atomique est inaugurée en décembre 1942 aux Etats-Unis, et en 1948 en France ( Zoé).

Les 6 et 9 Août 1945, la fission nucléaire - pour la guerre - est utilisée sur Hiroshima et Nagasaki

1958 L'arme nucléaire

1958 L'arme nucléaire

Dès octobre 1945, le Général de Gaulle avait créé le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour lancer la recherche et l'industrialisation de l'énergie nucléaire en France.

Un premier réacteur nucléaire est projeté ( CEA et EDF) à Marcoule, en 1955.

Pierre Mendès France et Guy Mollet, en 1954, décident d'octroyer, dans le plan de l'énergie atomique du CEA, des crédits secrets pour des applications militaires. Le programme militaire nucléaire français est lancé.

Le 22 juillet 1958, le général de Gaulle confirme l'ordre d'expérimenter l'arme nucléaire.

Lors du dernier gouvernement de la IVè République, avec de Gaulle ; Lancelot de Sallembier réussit à échapper au cabinet de la présidence du Conseil, et revient à son ministère d'origine, le ministère des armées. Plus précisément il est nommé rédacteur à la Direction des applications militaires (DAM) et conseiller auprès du ministre. Le chef de ce département est le général Buchalet, auquel Jacques Robert va succéder en 1960. Il s'agit de suivre les applications militaires de la physique nucléaire, et d'en informer le ministre et son cabinet.

A la D.A.M., Lancelot retrouve plusieurs collaborateurs de ce qui était le BCRA pendant la guerre.

1958 L'arme nucléaire
Caricature. F. Behrendt " De Gaulle et l'OTAN "

Les services travaillent dans le plus grand secret. Si la France appartient depuis 1949, à l'Alliance Atlantique ( OTAN) ; elle regrette avec de Gaulle, les pressions américaines concernant la CED, la crise de Suez, la décolonisation... Et, nous estimons devoir développer notre indépendance militaire et nucléaire. Les Etats-Unis s'y opposent, et refusent toute aide au programme français nucléaire.

De plus les milieux scientifiques français, selon la ligne de Joliot-Curie ou à l'inverse selon la ligne américaine, sont encore en majorité défavorables à un programme nucléaire français.

Lancelot se rend régulièrement à Bruyères-le-Châtel ( dénommé 'B3') ( à 40km de Paris), où les équipes scientifiques depuis 1956 cherchent à fabriquer la première bombe atomique française, en coordination avec le fort de Vaujours qui met au point le détonateur.

Les armées sont chargées de mener à bien les essais de la nouvelle arme. La réalisation d'engins balistiques est à l'œuvre.


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