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Lancer la première pierre

Publié le 27 août 2008 par Headless
La citation en exergue là-haut, bien sûr c'est pour faire l'intéressant mais c'est surtout quelque chose que ce cher Sylvain ( Cestui-là même qui m'invita jadis à bord d'On a good Day, le site sur la pop) m'a dit récemment dans un mail en revoyant toutes mes dernières productions de l'été.
Je trouve ça très juste et très parlant : le fait de viser qui engage l'oeil, le regard sur le monde, la concentration, le choix d'un point de vue précis. Même cette connotation martiale me semble pertinente : on est à la chasse d'un courant d'air, du pas grand chose (qui va faire la différence entre un dessin réussi et un dessin raté, un dessin vivant et un dessin mort et ne me demandez pas ce que c'est qu'un dessin mort ou vivant, je sais pas, c'est ce que je cherche). Paradoxalement, le papillon qu'on a épinglé doit rester vivant.
Et l'idée d'une volonté (une même et unique) qui conditionne nos moindre faits et gestes, dans l'ombre, j'y crois beaucoup. Plus qu'une volonté (le terme peut prêter à confusion), il s'agit d'une psyché, d'un bagage émotionnel, d'une mémoire, bref d'un mental. Vous savez, le même genre de processus qui pousse un homme (ou une femme) à toujours rencontrer le même style de partenaire.
Ben là c'est pareil, ce qu'on est nous engage dans un certain type de trait. Autrement dit, on est responsable de sa gueule. Ce qui fait un style, ce sont des choix opérés souvent dans l'instant mais qui trouvent leur source dans une vision du monde particulière, des convictions, un humour ou une absence d'humour...
Il y a déjà longtemps, alors même que je cherchais mon style, j'ai décidé de ne pas me focaliser sur un style mais plutôt être dans une quête ouverte. *
Pourquoi? Surtout pour ne pas m'ennuyer dans la reproduction d'un même geste, et être constamment dans la surprise et non pas dans la certitude et le trop grand savoir faire d'un mêtier.
Dans mon parcours, je suis un gamin qui a toujours dessiné, qui a voulu faire de la bande dessinée dès l'âge de 10 ans (je me rappelle encore me faire à moi-même ce voeu), qui a découvert Egon Schiele à l'âge de 18 et qui a commencé à peindre à ce moment  puis à revenir à la bd. Donc tout ça crée un certain mélange qui fait que je suis hybride, de toutes façons. On est tous à la fois unique et multiple, la même personne peut à la fois être fils, père, et grand-père.
Sinon mon image, pour expliquer le fait d'être "différents" et pourtant à chaque fois le même, c'est celle d'un caillou lancé dans l'eau : le point d'impact est relié à tous les autres cercles, du plus petit au plus grand. On peut les prendre isolément; mais ils s'intègrent à un ensemble homogène dont l'origine est unique : la pierre. Sylvain, merci pour ta jolie formule. Sinon pour repartir dans ta galère, c'est quand tu veux.


* Une phrase d'Alberto Breccia m'avait marquée à l'époque, il disait en substance à propos de la bande dessinée qu'il ne pouvait pas dessiner toujours la même chose dans des cases, que cette répétition le fatiguait et que c'est la raison pour laquelle il avait opté pour un travail plus aléatoire(lié aux taches informellles, textures produites par frottages, empreintes).

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