Suis-je la seule personne perturbée par le fait que lorsqu'on parle dans l'espace public (pouvoirs publics, médias, associations, livres de développement personnel, etc.) de violences intra-familiales, on évoque uniquement en France des violences dans le couple sur les femmes par leur compagnon ou bien sur les enfants mineurs par leur père ? C'est comme si tous les autres cas de figure n'existaient pas.
Moi, je suis victime de violences verbales et psychologiques de la part de mon frère adulte.
Ce sont des maltraitances insidieuses et très discrètes pour les personnes extérieures au cercle familial, des violences contre lesquelles il est quasiment impossible d'aller porter plainte dans un commissariat par exemple, d'autant plus que mon bourreau nous montre dans le cercle familial restreint un tout autre visage que celui qu'il adopte pour le reste du monde. Comme une armure de respectabilité : " Lui ? Se comporter comme ça ? Impossible... Je ne te crois pas."
Pourtant quand il s'agit de moi, de mon mari, de mes enfants, nous sommes les " co..ards de T..." (mon nom de femme) selon son expression favorite. Même les photos de mes petits-enfants qui trônent chez mon père doivent disparaître de sa vue lorsqu'il lui rend visite.
Je ne sais pas d'où vient cette violence. Lui-même essaie de formuler des raisons objectives... qui changent sans arrêt et évoluent au fil du temps. Des prétextes, donc. Je suis devenue son punching-ball préféré. Voilà, c'est comme ça.
Comme dans le harcèlement scolaire ou professionnel jusqu'à il n'y a pas si longtemps, une bonne partie de l'entourage minimise. On sous-entend que je pourrais être responsable, au moins un peu, que mon frère a des excuses, qu'il faut que je fasse le gros dos, que je ne réagisse pas parce qu'il n'attend que ça, que ça n'est pas si grave, que je n'ai qu'à supporter, dire à mes enfants de ne pas passer voir leur grand-père, ou attendre le départ de mon frère pour téléphoner à mon père... etc.
Je voudrais juste m'entendre dire qu'on me croit, qu'on voit bien ce qu'il se passe, que ça n'est ni normal, ni acceptable, qu'on va me venir en aide et faire bloc avec moi contre ces maltraitances, et que je ne serai plus seule face à mon bourreau.