Réflexion huit (6 août 2006)
De l’existence d’une multitude de morales
J’ai pu déterminer qu’une règle morale, comme une règle de ’vivre ensemble’, n’avait pas besoin d’être appliquée pour exister, ou encore qu’elle pouvait exister sans être appliquée.
La différence entre une règle de ’vivre ensemble’ et une règle morale repose sur la différence de nature entre une règle morale et les règles de vie en société. Ces dernières correspondent à des prescriptions imposées par un groupe humain, sans rapport le plus souvent à des comportements moraux. Depuis le début des temps, il a existé des règles de ’vivre ensemble’ propres à chaque groupe humain, même aux époques préhistoriques. On peut même estimer qu’il existe de telles règles de ’vivre ensemble’ au sein des groupes de primates. Mais il n’y existe pas de règles morales. Il n’a pas non plus existé de règles morales chez les préhominés, ni même chez les hommes préhistoriques. Quand peut-on donc estimer qu’on est face à une règle morale ?
A quand fait-on remonter l’apparition de règles morales ? Existait-elle avant l’invention de la philosophie et de la morale chez les anciens grecs ? Existait-elle avant l’invention de la religion chez les anciens juifs ? Peut-on dire qu’il y a règle morale lorsqu’il y a réflexion sur les conséquences, sur les fondements et sur la justification d’une règle de ’vivre ensemble’, et que cette règle de ’vivre ensemble’ n’est plus seulement une prescription liée à l’usage et la tradition, mais qu’elle repose en plus sur une raison supérieure, immuable, indépassable ?
Difficile d’estimer l’époque de l’apparition de telles règles. Les premières règles morales écrites remontent, sauf erreur, aux tables des lois de Moïse. La morale existait vraisemblablement bien avant l’apparition des tables des lois, vraisemblablement dès l’apparition de l’écriture, et lui préexistait probablement.
Il existe donc des multitudes de règles de ’vivre ensemble’, propres à chaque groupe social, propres à chaque époque temporelle. Ces mêmes groupes reconnaissent également l’existence d’une multitude de règles qu’ils considérent comme supérieures, intangibles, immuables, propres à chaque groupe social, à chaque groupe religieux. Peut-on pour autant dire qu’il existe une multitude d’ensemble de règles morales ? Ces ensembles moraux peuvent posséder des règles ressemblantes, liées par exemple au respect de la vie humaine ou de la propriété individuelle (mais pas forcément), et s’opposer sur d’autres prescriptions.
Au sein d’une même société humaine peuvent ainsi coexister des multitudes de règles de ’vivre ensemble’, voire d’ensembles moraux, selon les religions, les groupes ethniques, les groupes sociaux, voire les groupes d’âge, et ceci même à notre époque moderne. La société française est ainsi un patchwork de morales justaposées, sans lien entre elles, que seul le ciment républicain est supposé réunir en une nation.