Réflexion quatre (11 septembre 2008)
Décès d'une jeune-femme écrasée par un motard de la police nationale dans le douzième arrondissement de Paris ... Le policier mis en examen ...
Il y a les faits d'un côté ... et la mort d'une personne causée par un motard de la police nationale peut paraître absurde et injuste, puisque ces derniers sont justement censés nous protéger des chauffards qui pourraient mettre en danger notre vie sur la route ... L'accident s'est produit sur le boulevard Soult (XIIe arrondissement de Paris), lundi 8 septembre vers 22 heures. La victime a été percutée alors qu'elle finissait de traverser un passage protégé et a eu une jambe et un bras arrachés sous la violence du choc. Il se pourrait même que je connaisse cette personne, que ce soit une connaissance proche ...
Circonstances aggravantes ... Une vitesse excessive selon les témoins de l'accident et la conduite sous un état alcoolique ... Ces circonstances ont conduit à sa mise en examen ... Il devait être déféré devant un juge d'instruction dans la nuit de mercredi à jeudi en vue de son éventuelle mise en examen, alors que le parquet de Paris avait requis le placement du motard «sous contrôle judiciaire».
Mais au delà de ces faits, au delà de l'absurdité d'être tué par ceux qui justement ont en charge notre sécurité et notre vie, il faut relativiser l'émotion qui peut être soulevée parmi les témoins ... Des accidents impliquant des chauffards (en voiture ou à moto) et des piétons, il y en malgré tout beaucoup dans nos villes, même à Paris. Je trouve pour ma part hallucinant que des accidents impliquant des policiers soulèvent toujours plus d'émotion que ceux impliquant d'autres usagers de la route ... Les usagers des routes françaises ne respectent pratiquement pas les piétons, même s'il y a pire que Paris en France et dans le monde ... Parmi les endroits où le respect des piétons est le pire, je peux citer l'Ile de la Réunion, où pratiquement aucun automobiliste, ni même les auto-écoles, ne se rappellent qu'ils doivent respecter les piétons sur les passages piétons ...
Evidemment, j'ignore si je réagirais aussi modérément si l'un de mes proches était tué par un policier ? Mais j'ignore également si je ne réagirais pas excessivement si un de mes proches était tué sur un passage piéton par n'importe quel chauffard, jeune ou vieux, en moto ou en voiture ? Je ne réagirais pas véritablement différemment de tous ces parents qui s'attaquent à ceux qui sont responsables de la mort de leurs proches ... Même si la palme de l'agressivité revient sans contestation possible aux proches des motards tués dans des accidents de la circulation, même en l'absence de toute responsabilité du conducteur de l'autre véhicule, comme si la peur permanente qu'ils doivent éprouver les rend plus susceptibles d'exploser.
Ce qui doit être retenu de cette affaire, au-delà du décès qui touche une jeune parisienne, c'est que les fonctionnaires de la police nationale sont traités exactement de la même façon que tout autre français ... même sans pression populaire de la rue ni explosion de violence urbaine ni appel au lynchage de toute personne portant un uniforme ... La mort est toujours choquante, quelque soit celui qui la donne, qu'il soit policier, jeune ou vieux ...
La seule chose qui me surprenne toutefois, c'est la différence de couverture médiatique pour ce genre d'accident selon que la personne impliquée soit un policier ou un quidam normal ... Mais dans l'autre sens, je ne traite pas plus de tous les accidents réguliers touchant des piétons, mais surtout ceux impliquant la police nationale ou la gendarmerie ...