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Le Poème -2

Publié le 24 août 2008 par Yannbourven

Je suis l'entonnoir de Dante dans lequel tu te vautres en crânant : la plongée est joyeuse les parois te caressent les fesses le paysage dégouline et tes yeux de touristes en redemandent puis au bout de quelques kilomètres ça se gâte : arrivé au neuvième cercle tu dois faire un choix : si tu es libre absolument libre comme tu le prétends alors tu produiras ta propre poésie-vérité bien évidemment, par contre si tu es un véritable Résigné tu ne pourras plus faire demi-tour face au mur face au miroir ne pouvant le briser correctement tu finiras par te suicider évidemment
Je suis yo soy I am JJJJJEEE SSSSSUUUUIIIIIIIS :
L'homme qui gueule plus fort que la ville ! le lac gelé qui renferme tes rêves de liberté ! le crash de cette voiture ! ce rire satanique ! cette immonde blatte ! le calcul ! le recul ! le tracé ! ce théâtre ! le Mal ! le désert ! ton chaos ! je suis ton truquage ! ton mirage ! ton horloge arrêtée ! ton ours brun ! ton bateau ! ton radeau ! je suis ton domaine ! surtout pas ton poème ! ta masure ! ton usure ! ton exercice ! ton charme ! ton caveau ! ton exhumation ! ton martyr ! ton écharde ! ton exode ! ton invention ! ton aventure ! ta force ! Ne me tue pas, le Bourven, ne me noie pas dans cette baignoire ! Ècoute-moi ! Ne me fais pas de mal ! Tu le regretteras ! Il est interdit d'exterminer les Ombres !
Je suis un orage terrible écoute un orage qui te broie le crâne qui te foudroie sur place
Je suis une saloperie de mythe ton compte est bon mon salopard je te brise la colonne vertébrale j'entends que dalle coincé là dans ce rade fardé je crisse mes ongles sur le zinc en lynchant des mots lugubres
Je suis une sorcière ne bouge pas ah je te tiens une roturière prostituée du cosmos paumée drôlesse une espèce de sage-femme en manque
Je suis Louise Michel la lionne je suis une ville renversée une commune un tombeau maintes fois profané, justice pour mon coeur-cratère ! justice pour mon coeur de lierre ! justice ! verve du Poème !
Je suis une usine, une fabrique de silences et de guêpes rimbaldiennes qui filent des boutons en forme de fines diatribes contre le mensonge mais moi je ne suis pas dupe : l'humanité se prépare à déménager
Je suis le fantôme embourbé dans le réel-nausée mais la Terre est prête à m'accueillir, malgré son emploi du temps surchargé
Je suis un monde agonisant dans une baignoire
Un monde en pleine crise cardiaque
Tu me noies comme un chaton, mais laisse-moi terminer ce que j'ai à dire je t'en prie :
Je t'aime le Bourven oui je sais tu ne me crois plus
Le Poème décline comme votre société tapageuse
Faites place aux Ombres plus modernes que vous Terriens miséreux
Je suis surhumain : je ressemble à un livre fangeux dans lequel
On peut lire des ordonnances sismiques et une rengaine qui fait je suis je suis
La partie immergée de mon désespoir équivaut
À un milliard de vos tragédies humaines intemporelles et infinies
Tu ne peux même pas imaginer de quoi j'aurais été capable
Si tu m'avais laissé la vie sauve
Mais tu ne ne veux pas le savoir car tu es comme les hommes que tu fustiges
Tu assassines tu écartes tu enfermes les génies les douleurs les miroirs accusateurs
Suicidaire ! Suicidaire ! Reste seul, reste sourd !
Ha ! maintenant je vais nettement mieux
Mon enveloppe charnelle s'évapore
Mais yeux éclatent comme deux bulles de savon
Ma langue chargée s'infecte
Mes mauvaises pensées enflent
Mais je ne te hais point le Bourven
Car tu m'as donné un nom
Que j'ai saigné jusqu'à plus soif
Un nom merveilleux qui m'a permis de m'évader
Un nom qui a multiplié mon corps insondable
J'étais cette Ombre absolue
J'étais le Poème
Cette Ombre aux milles visages : votre ultimatum cru

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