Si t’as envie de te suicider, regarde mon émission !

- 1^er épisode -

Je n’ai pas l’habitude d’évoquer ma life sur ce blog, mais plutôt d’y donner un point de vue sur l’actu. Il se trouve qu’en ce moment, il y a une petite actualité qui me renvoie directement à un évènement vécu. Je vais donc faire une grosse exception à la règle en vous racontant mon infiltration d’un milieu très particulier. Mais comme je n’ai pas envie d’être attaquée « en dommages et intérêts » par un vieil indéboulonnable de la TV, je vais faire comme lorsque j’étais enfant et que je trouvais des subterfuges pour révéler des secrets que j’avais promis de taire : je vais vous donner des indices bétons qui permettront à un touareg du désert de savoir de qui il s’agit. Vous êtes prêts ?

Disons que cette personne travaille sur France 2 et doit occuper la tranche horaire du matin depuis à peu près 52 ans… ou 53/54 ans… dans ces eaux-là quoi. Il est plutôt vieux (normal), pas très agréable à regarder, a les dents du bonheur, et surtout, surtout, il est déprimant. Tellement déprimant que nous l’appellerons « Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission ». Je sais, c’est long, mais je n’ai pas trouvé mieux pour le décrire et de nos jours la fonction copier/coller permet ce genre de miracles. Bon ça va, vous situez ? Mon ami touareg vient de me donner la bonne réponse, donc sans trop m’avancer, je pense que vous avez également trouvé l’identité de cet individu. Et ben ce cher Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission, il défraye un peu la chronique en ce moment, parce que c’est un méchant qui torturerait son équipe. Souvenez-vous, il y a un an, Jean-Philippe Viaud, chroniqueur pour l’émission qui donne envie de se suicider, avait déposé une main courante accusant Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission d’avoir tenté de l’étrangler. Un an plus tard, c’est au tour de la CGC des médias, de porter plainte contre France Télévisions pour “manquement à son obligation de sécurité à l’égard des salariés” car aucune mesure n’a été prise pour régler le comportement du présumé bourreau.

Et là, c’est le drame. Non, non, Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission n’a pas assassiné tous ses chroniqueurs. Du moins, pas encore. Mais le hic, c’est que Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission fait un super score niveau audience, du coup, il est difficile pour France 2 de prendre ces fameuses mesures. Hier, sur le plateau de Morandini, il y avait Elise Lucet ainsi qu’un autre présentateur de France Télévisions. Sans savoir de quoi il s’agissait, ils se sont emportés contre le pauvre syndicaliste CGC en lui disant que « c’était scandaleux, qu’il donne une sale image de la chaîne, que ce n’est pas vrai, que si on est trop sensible, on n’a qu’à pas travailler à la TV… ». Là, je suis tombée des nues. Il fallait les voir… Ils étaient outrés. La simple idée que l’on puisse remettre en cause le travail d’un des leurs les as plongés dans une colère noire. Et la Elice Lucet de conclure en demandant au syndicaliste : « Avez-vous la carte de presse ? », il répond non, et elle détourne le regard telle une reine dont les chevilles pèsent 3 tonnes : « C’est pour ça alors ».  Le mec est resté coi de cette remarque débile et dont on ne sait quoi penser.

L’infiltration

Il y a quelques temps, j’étais une stagiaire toute motivée de bosser pour France 2. J’ai intégré le service de Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission pour plusieurs mois. C’était ma première expérience en TV, et j’étais assez enthousiaste. Mais j’allais vite déchanter. Et quand je dis vite, c’est vite.

Dans ce service, c’est la stagiaire précédente qui vous forme pendant une semaine avant que vous ne repreniez le flambeau. Je stressais un peu car la recruteuse m’avait mis une pression monumentale sur le caractère de Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission. « Il ne supporte pas qu’un téléphone sonne dans le vide, que l’on soit en retard, que, que… ». Bref, il avait l’air de ne pas supporter grand-chose dans la vie. Néanmoins, la stagiaire a tenu à me rassurer en me disant que je n’aurai JAMAIS à traiter directement avec lui. En trois mois, elle ne lui avait jamais adressé la parole. Voilà qui me rassurait un peu.

La semaine de formation achevée, je me sentais prête à gérer les demandes des chroniqueurs, des assistants plateau, scriptes, et surtout, l’accueil des invités. En quoi ça consiste ? C’est tout simple. Tu te plantes comme un poteau devant France Télévisions, et t’as ta liste d’invités dans les mains. Quand ils sont connus, c’est facile, tu les reconnais tout de suite, sinon, il suffit de repérer la personne un peu seule qui regarde à droite à gauche telle un dealer paumé. Dans les deux cas, il faut aller à sa rencontre, la ramener en studio, lui proposer un café pour la faire patienter, et pour finir la ramener en loge maquillage lorsqu’elle est enfin libérée par Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission et sa greluche peroxydée qui fait l’émission d’après : Si-t’as-rien-dans-le-crâne-t’es-la-bienvenue (je ferais un article plus tard en son honneur, chaque chose en son temps).

Comme vous pouvez le constater, c’est un job passionnant. A peine arrivée, j’avais déjà envie de partir. Mais il paraît que ça aide pour le C.V., alors… Le premier jour, j’attends comme convenu les invités. Je les amène en studio, et c’est là que les choses se corsent pour moi.