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Si t’as envie de te SUICIDER, regarde mon émission ! (2ème épisode)

Publié le 10 octobre 2008 par Dalyna

Ce jour là, j’ai vécu la journée la plus poissarde de toute ma vie. Un enchaînement de choses qui a fini en eau de boudin énorme, un océan de boue de merde. Je ne vous fais pas languir plus longtemps.

J’ai si souvent dû amener des invités en studio, que je ne me souviens même plus de qui il s’agissait en ce premier jour. Je me rappelle simplement qu’il y avait deux hommes et une femme à gérer. Petit rappel insistant mais important pour bien comprendre le marathon que cela représente : il faut descendre le premier invité, lui proposer le fameux café, puis remonter en attendant qu’il le boive, faire le poteau devant France Télévisions pour attendre le second invité etc. L’émission étant en direct, on n’a pas le droit à l’erreur.

Comme convenu, j’invite mon premier invité à patienter en lui proposant un café (de merde). Evidemment, il accepte volontiers. Donc, je vais gentiment en studio le lui préparer, là où se trouve la machine à café. Je vous préviens que je vais commencer à vous raconter des détails pour la bonne compréhension de l’histoire, mais ne vous endormez-pas, ce sont détails qui se révèlent cruciaux dans notre affaire avec Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission. Ben oui, les psychopathes, ça aime les détails.

Je prépare le café. Seulement, la maudite machine perfore la capsule sans préparer de café, et il se trouve qu’il n’en reste plus qu’une. Je décide de ne pas prendre de risque et j’intercepte donc l’assistant réal dans les parages afin qu’il m’aide. Le mec, il bosse là depuis au moins 3 ans, mais figurez-vous qu’il n’a pas l’air de connaître plus que moi le fonctionnement de cette foutue machine. Résultat : on lance le café avec la dernière capsule… qui, au bout de 3 minutes de bruits de moteur de 2 chevaux, s’avère ressembler davantage à du thé qu’à du café ! Je commence à sentir que ça sent le roussi. Si je savais… Ca, c’était du gâteau à côté de ce qui m’attend.

Pas le choix, je prends donc mon jus de chaussette et je sors du studio pour aller le remettre à l’invité. Et là, en poussant la porte, qui vois-je ? Mon invité assis sur la banquette en train de discuter avec Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission ! La grosse poisse. J’ai envie de tourner les talons, mais l’invité m’a déjà repéré avec mon café couleur thé à la main. Il louche dessus, et je n’ai pas le choix que d’aller le lui remettre. Premier contact avec Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission. Il me jette un regard bien explicite. Ses yeux font des bonds entre mon jus de chaussette et mon visage comme pour me demander « C’est quoi ce merdier ?? ». Mais comme il y a l’invité, il ne peut pas le dire de cette façon, donc il fait une touche d’humour en regardant l’invité. Bon l’humour de Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission, c’est pas du Gad El Maleh hein, c’est plutôt un truc à la Balladur en grande forme le soir du réveillon. Il balance un truc genre : « Oh, c’est quoi ce café ? Oh oh oh… Il a fondu ah ah… ». Ouais, je vous avais prévenu.

Je trouve cette remarque hyper indélicate devant l’invité, mais je fais mine de rien et je lui dis que je suis désolée mais que la machine est en panne. Je crois qu’il a insisté, et j’ai dû dire qu’il n’y avait plus de capsules. La vérité quoi. Je vous le précise, parce que les psychopathes, en plus d’aimer les détails, ça s’en rappelle.

Je reprends ma route pour récupérer le second invité. Tout en faisant le poteau, je commence à me sentir mal et à maudire l’ancienne stagiaire qui m’avais dit que je n’aurais jamais à faire avec Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission. Le second invité interrompt ma rumination, et me voilà en bas avec lui pour le faire poireauter. Vous devinez donc que je ne lui proposerais pas de café. Puis, c’est la troisième invitée qui rejoint les autres sur les banquettes.

Un détail me chiffonne soudainement : l’émission va bientôt commencer et je constate que personne n’est venu récupérer les invités pour les maquiller. Je prends donc les devants et me rend en loge maquillage voir ce qui se passe dans l’espace. Là, sur qui je tombe ? Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission, accompagné de son animatrice peroxydée de l’émission qui suit « Si-t’as-rien-dans-le-crâne-t’es-la-bienvenue », ainsi qu’une autre poulette. Lorsque je frappe et ouvre la porte, ils me fixent tous les trois avec des yeux de lapins pris dans les phares. On entend les mouches voler. Je décide d’interrompre ce silence en disant :

- Bonjour…

- Silence : silence….

C’est sympa de discuter avec le silence, mais on finit par vite se sentir seule, donc je décide d’aller droit au but. Je cherche la maquilleuse, et visiblement, ce n’est ni Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission, ni la fausse blonde, donc je me risque à demander à l’autre poulette :

- Vous êtes la maquilleuse ?

Là, c’est le drame. Les trois névrosés du PAF se regardent de manière offusquée. Je ne peux vous dire ce qui m’a été répondu tellement c’était confus, bredouillé… J’ai vraiment l’impression d’avoir lancé un pavé dans la mare. Je commence vraiment à en avoir marre de ce fiasco : je dis qu’il y a les invités qui attendent de se faire maquiller, et je me casse dans les bureaux.

Une fois dans mon bureau, qui se situe hélas juste à côté de la porte de celui de Monsieur Si-t’as-envie-de-te-suicider-regarde-mon-émission, je souffle un peu. Pas pour longtemps. L’émission d’achève, et vous avez toute l’équipe qui remonte, sourire aux lèvres. Elle aussi, pas pour longtemps. C’est marrant de constater à quel point, les membres de l’équipe sont schizophrènes. Ceux que vous croisiez en studio n’ont plus rien à voir avec ceux qui remontent dans les bureaux. 2 heures plus tard. Le stress les rend complètement cinglés. Par exemple, l’odieux assistant réal qui n’a pas su m’aider pour le café et m’a limite envoyé aux orties déboule tout sourire « Salut Dalyna !! », suivi d’une bise frénétique. Ouais, ben c’est bon, on n’a pas fait 14-18 non plus… Et oui, pour tous ceux qui veulent bosser en TV, préparez-vous à biser toute la sainte journée. Le journaliste, le scripte, la femme de ménage, le fils de la femme de ménage, les tables, les chaises… tout le monde se bise. Si les équipes mettaient autant d’énergie à préparer des programmes TV que celle qu’elles mettent à biser, je peux vous dire qu’on ne quitterait plus nos canapés.

Mais comme je vous le disais, toute cette bonne humeur s’estompe rapidement. Le grand manitou convoque toute l’équipe une à une dans son bureau. Et je peux vous dire une chose, c’est que les murs s’en souviennent encore.

(suite et fin demain).

  

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