Magazine Journal intime

La Marseillaise

Publié le 17 octobre 2008 par Corcky



(Ne viens pas me dire que le titre de mon billet ne s'inspire d'aucun film cette fois, petit ignorant: La Marseillaise est un classique de Jean Renoir, avec Louis Jouvet. Alors efface le début de ton commentaire sarcastique, tu veux?)
Entre deux énormes conneries lues dans la presse et proférées par ces dindons qui nous gouvernent, de Bernard Laporte (célèbre mafieux mouillé jusqu'au cou dans des affaires de bandits manchots) qui veut interdire les matches contre les Pays du Maghreb, à MichèleAlliot-Marie (caniche agressif) qui souhaite retrouver les "siffleurs" grâce aux caméras de surveillance, en passant par Lionnel Luca (député UMP des Alpes-Maritimes) qui propose aux siffleurs de «faire leur valise pour réintégrer le pays de leurs origines», j'aurai économisé dix euros de place de cinoche et je me serai décidément bien marrée.
Et avant de me traiter de gôôôôôchiste partisane, laisse-moi te dire que j'en ai autant au service de tous les clowns qui nous ont refait le coup de l'autoflagellation en bêlant que si des mômes d'origine étrangère sifflent la Marseillaise, c'est un peu normal vu que la France les traite comme de la merde, et bla bla bla.
Les gars, arrêtez de voir dans la connerie de quelques débiles au Q.I de moule trépanée l'expression d'une quelconque révolte socio-politique, c'est une insulte à l'intelligence, et c'est faire bien peu cas des vrais engagements de beaucoup d'autres jeunes (et moins jeunes) qui, de leur côté, ne ménagent pas leurs efforts pour se faire entendre et dénoncer les discriminations.
Et puis d'abord, si ça se trouve, c'est pas la Marseillaise, qu'on sifflait au Stade de France, mais cette grosse dinde de Lââm, équivalent musical du Filet O'Fish de chez Mac Donald: quelque chose d'indéfinissable et de forcément nuisible pour la santé publique.
Alors, bien sûr, la Marseillaise, les valeurs de la République, tout ça, d'accord, on en appelle même à Robespierre, à Voltaire et Zola, c'est dire si dans la presse, y'a des gens qui ont de la culture et qui ont envie de le montrer.
Moi, j'ai l'impression que quand on parle de soixante-dix mille abrutis réunis dans une immense arène, qui éclusent des litres de roteuse, beuglent comme des gnous atteints du syndrôme de la Tourette et passent plus de temps à proférer des obscénités qu'à apprécier les actions des milliardaires en short qu'ils adulent, il faut être un peu gonflé pour sortir de son chapeau les Jacobins, Thermidor et J'accuse.
Tiens, en parlant des valeurs de la République, j'ai appris tout à fait par hasard (vu que c'est quand même vachement moins vendeur qu'une bande de crétins qui sifflent dans un stade), qu'un immigré clandestin
s'était noyé dans un canal
, dans le Nord de la France, et qu'un citoyen lambda, qui avait plongé pour essayer de le sauver, s'était noyé avec lui.
A l'enterrement du citoyen anonyme, des migrants, qui ont tenu à assister à la cérémonie, ont lu ce texte:
«Ami, je me présente à toi, qui as voulu me sauver la vie et ne me connaissais pas. Je m'appelle Ramadan, je suis Erythréen, j'ai 26 ans, je suis parti de mon pays pour arrêter la souffrance...»
Une autre partie du texte écrit par ces "clandestins" s'adresse à la famille du riverain:
 «Nous partageons votre chagrin, aussi profond qu'un océan, vous avez perdu un être cher qui par son acte nous est devenu cher...»
Tu me diras que ça n'a aucun rapport avec le sujet précédemment abordé, qui était la Marseillaise, les sifflets, le foot, tout ça.
Ben non.
Je te l'accorde.
Ou peut-être finalement que si?


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