Magazine Journal intime

Le vélo de Ghislain Lambert

Publié le 20 octobre 2008 par Corcky

Hier, j'ai échappé à la séance de vélo du dimanche matin (de justesse).
Parce que Dieu, dans Son infinie bonté, m'avait envoyé les Anglais juste à temps.

Et si c'est pas Dieu, ce qui est fort probable, c'est pas bien grave, on va mettre ça sur le compte de Dame Nature, la même qui a fabriqué les gonzesses avec des hanches larges et des gros seins, et ça c'est carrément mieux qu'un Dieu hypothétique et omniscient qui Lui, a créé des mal-baisés, des frustrés et des poseurs de bombes.

Bref.

Ma femme est sportive, je te l'ai déjà dit.
Elle fait du vélo tous les dimanches.
Elle va à la piscine chaque semaine.
Ses vacances, c'est crapahutage en plein désert pendant trois semaines avec un mulet, ou étude des mygales à poils longs au fin fond de l'Amazonie.
Elle est bien foutue.
Elle a le fessier ferme et vachement appétissant.
Elle est musclée juste ce qu'il faut, là où il faut.

Elle m'emmerde parce que quelque part, elle titille ma jalousie de pouffiasse trentenaire qui, malgré toutes ses dénégations méprisantes, aimerait bien avoir la fesse rebondie et le ventre plat.
Et donc, hier, j'aurais bien voulu sortir mon VTT pendant que ma femme préparait le sien.
Et puis l'enfourcher (le VTT, pas ma femme).
J'aurais aimé prendre l'air dégagé quand, au bout de cinq cent mètres, j'aurais déjà eu la langue au niveau de la pointe des baskets.
- ça va, mon amour?
- .....au poil.....reuh...teuh....
- C'est chouette, hein?
-......carrément....j'adore....oué....reuharghhh....

J'aurais aimé, pour une fois, gerber mes deux poumons sur le bitume, là, et les regarder se tortiller sur le macadam comme deux poissons moribonds.
Pédaler comme une forcenée.
Sourire comme si j'avais un manche à balai coincé dans le fondement.

Et une fois arrivée dans le bois, m'extasier de concert sur les oiseaux qui font cui-cui et les chiens qui font caca, les petits nenfants qui se roulent sur les pelouses et les obsédés planqués dans les buissons qui les broutent (les pelouses), le ciel tout bleu, aussi bleu que mes mains (que j'aurais bien entendu oublié de glisser dans une paire de gants avant de quitter la douce chaleur de mon foyer).

J'aurais pu, pour une fois, ne pas laisser échapper la moindre remarque acerbe, encore moins l'habituel torrent d'injures à l'égard de cette Nature en fête qui me prive de mon ordinateur, de ma télé, de ma console de jeu, de ma vie de citadine avachie, telle une bouse de yack, dans son canapé déjà bien taché par tout ce qu'elle a pu y ingurgiter en regardant Les Experts et Cold Case comme une bonne française moyenne privée de la moitié de son bulbe rachidien (oui, je concours pour la phrase la plus longue).

J'aurais fait l'effort, cette fois, ne pas lancer joyeusement, entre deux coups de pédale:
- J'adore le Bois! T'as vu? Les putes sont comme les arbres, elles bourgeonnent!

Au lieu de ça, j'aurais écouté le silence du sous-bois, parfois troublé par le "rooûûûû" d'une tourterelle sauvage, mais parfois seulement, parce que le plus souvent, ce qui trouble le silence du sous-bois, c'est plutôt le connard qui a perdu son chien ("Kiiiikiiiii? Kiiikiiiii ! Kiki???") et le débile mental qui veut se faire mousser auprès de sa meuf acnéique  et bovine en déployant des trésors d'humour chic et de bon goût ("Gratteuh-moi les COUILLES-HEU, gratteuh-moi le GLAND!!!"), ou encore l'adorable bambin exprimant à son père toute la tendresse qu'il lui inspire:

- Ferme ta boîte à camembert!, ferme ta grosse boîte à camembert!
- (VLAN!)
- Bouhhh ouh ouh!
- Me parle pas comme ça, petit con!
- Mais enfin, Henri, pourquoi qu't'as cogné le p'tit?
- Ta gueule, morue, t'as vu comment qu'y m'a causé? Sors-nous plutôt le casse-dalle au claquos et au pâté Hénaff, radasse!

Oui. J'aurais, une fois n'est pas coutume, joui du charme et de la poésie inénarrable d'une matinée bucolique aux portes de Paris.

Hier matin, je te jure que je me serais bien farci tout ça.
Et même davantage.

Parce qu'hier, je suis restée tranquillement au chaud, à me mettre la rate au cours-bouillon en lisant les dernières infos sur la crise financière, les sifflets du Stade de France, l'élection présidentielle américaine et les derniers soubresauts des criminels franquistes, avec le risque évident de produire une surchauffe synaptique et neuronale, et de littéralement sauter à la gorge de ma femme quand elle est rentrée de son grand bol d'air cyclo-pollué au Bois de Vincennes:
- Raaahhh! Monde de merde, enculés de pauvres qui nous arnaquent sur les subprimes pendant que ce salopard d'Obama multiplie les coups de pute racistes à ce pauvre Mc Cain et que ces enfoirés de Républicains espagnols sifflent l'Internationale à Roland-Garros devant Rama Yade!
Et ma femme m'a répondu, comme à chaque fois que je coule une bielle après une overdose de de mauvaises nouvelles et me mets subitement à confondre Aung San Suu Kyi et ce travelo de Kim Jong Il:
- On devrait écrire la même chose sur les couvertures de journaux et sur les paquets de clopes, mon amour: "L'abus d'information nuit gravement à la santé". Maintenant t'es mignonne, tu retires ta main de mon cou parce que j'ai du mal à respirer, tu poses ce couteau de boucher, t'essuies la bave que tu as projeté partout parce que c'est dégueulasse, et tu fais chauffer de l'eau pour te prendre une camomille.

Voilà.
Ami lecteur, je ne saurais trop te recommander de poser, de temps à autres, ton journal ou ton clavier, afin de consacrer un petit temps à l'éducation de ces parties douloureuses  et méconnues de ton corps qu'on appelle "muscles".
Je te concède qu'en soi, à première vue, ça n'a aucun intérêt, mis à part celui de te permettre de te foutre de la gueule de ceux et celles qui en font encore moins que toi.
Mais crois-moi: tu me remercieras plus tard de t'avoir averti.


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