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Attention, consulter un médecin peut rendre malade

Publié le 28 octobre 2008 par Dalyna

Je suis tombée malade d’avoir consulté un médecin. En général, on se rend plutôt chez lui pour espérer aller mieux. Moi, il m’aura fallu au moins 3 jours pour me remettre de cet entretien désastreux.

Tout le monde le sait : il y a les bons médecins et les mauvais. Comme tout un chacun, j’en ai vu 350 et j’ai constitué ma petite liste.

Il y a celui qui pratique surtout une médecine comptable et pour qui, 90 % de ses consultations se résument à délivrer des arrêts maladie. Ben oui, faut bien rentabiliser 12 ans d’études. Cinq minutes par patient, à la fin de la journée, ça chiffre mieux que si on en a passé 25 à chaque fois.

Il y a aussi celui qui se trompe de diagnostic à chaque consultation. L’avantage avec ce médecin, c’est que les gens l’ont vite repéré comme mauvais, donc il n’y a jamais de monde en salle d’attente. Du coup, quand on est pressé, et que l’on a tout au plus un léger mal de crâne, on se résout à aller le consulter.

Heureusement, il y a aussi et surtout THE médecin. Ultra compétent, à l’écoute, et pour qui la médecine n’est pas que la conséquence de grandes capacités scolaires, mais principalement une vocation. Celui là ne se trompe jamais ou très rarement de diagnostic. Pas parce qu’il est surhumain, mais simplement parce qu’il prend le temps avec chaque patient. Il écoute, il questionne, et surtout, il ne juge pas. Résultat, on n’a pas peur de lui dire si l’on fume 3 paquets par jour, si Mac Do est pour nous synonyme de Gastronomie, ou si l’on a un autre quelconque souci inavouable. Et quand bien même l’on tenterait de lui cacher les choses, il est suffisamment observateur et compétent pour les comprendre de lui-même. En général, c’est celui-là que l’on érige en médecin de famille, et c’est toujours lui que l’on va consulter lorsque l’on est vraiment malade.

Hélas, les choses de la vie nous amènent à ne pas toujours faire ce qu’on veut quand on veut. Alors malade, stressé et fatigué, on n’a pas d’autres choix que d’en voir un autre. On relativise en pensant au grand respect que l’on a pour cette profession. Après tout, tous les médecins se valent, non ?

Non.

La Consultation

Cela fait une heure que j’attends, mais la porte du cabinet ne s’est toujours pas ouverte. Cela suffit à accroître mon stress. Il est important pour moi de voir de quoi elle a l’air, histoire de me faire une idée. Plutôt pet-sec ou plutôt cool ? Jeune, vieille ? Souriante ? Négligée ou soignée ? L’hypocondriaque que je suis se raccrocherait à n’importe quoi pour pouvoir taire (un peu) mon anxiété.

La porte s’ouvre enfin, et je l’aperçois. Plutôt jeune, 35 ans tout au plus, des lunettes, cheveux en vrac et une attitude nigaude, voilà ce que mon cerveau m’envoie comme impressions immédiates.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, il faut savoir que je suis très intuitive. C’est un système entre moi et moi qui me permet de savoir immédiatement ce qui va ou ce qui cloche. Je ne saurais pas l’expliquer. Mais comme je reconnais que c’est une méthode un peu arbitraire et radicale si on ne se fit qu’à elle, j’essaie toujours de la faire taire lorsque ce qu’elle me dit va à l’encontre de mes attentes .

J’essaie de donc de chasser cette première mauvaise impression que le Dr m’a faîte. Quand soudain, un petit évènement me ramène de force à mon idée initiale. Il y a une heure et demie de retard dans les RDV, et nous autres patients commençons tous à nous impatienter. Le plus téméraire (et mal élevé) d’entre nous se dirige carrément vers le médecin, et lui dit franco :

- Dr, ça fait plus d’une heure que j’attends… Essayez de faire quelque chose…

Intérieurement, même si l’attente n’est pas une partie de plaisir, je suis sidérée de son culot, et j’observe limite la scène avec des pop-corns, m’attendant à une réaction ferme du Dr. Que nenni !

- Oui, ça avance monsieur X, avant vous, il y a euh… (regardant sa liste) Monsieur Y, et Dalyna. Donc voyez avec eux… Je vais me dépêcher, je vais me dépêcher…

Je suis déjà assise, mais je suis quand même sur le cul. Elle me paraissait déjà con-con, mais alors là, on dirait qu’elle s’est crut chez le fromager du coin. Marchandage entre patient, trop fort. Heureusement pour lui, le monsieur mal élevé n’a pas tenté de négocier quoi que ce soit. Je pense que sur mon regard se greffait la réponse.

Après 2 longues heures d’attente, je finis par entrer dans le cabinet. Je vous résume tout de suite : cela a duré 10 minutes en tout et pour tout. Oui, j’ai attendu 2 heures pour 10 minutes. Pas parce que je n’ai rien, mais plutôt parce que le Dr Nigaude s’est sans doute inconsciemment laissé influencée par le Monsieur Mal élevé qui passait après moi. Donc elle a préféré accéléré la cadence. Et sur qui cela tombe ? Sur ma pomme, bien évidemment.

Maintenant, ces fameuses dix minutes. Comment les résumer ?

Elle commence par prendre les informations de base, nom, âge, profession… Et puis soudainement, elle me pose une question étrange. Et je m’en veux, car elle était tellement mal formulée que je n’arrive pas à m’en souvenir littéralement. En revanche, je me rappelle très bien du sens. Un truc comme :

« Vous êtes de nationalité française, certes, mais vous n’êtes pas réellement française, non ? ».

Quelque chose de ce style là. Inutile de vous dire ma stupeur. Je lui réponds que je suis française, basta. Et là, son fameux air nigaud s’intensifie et elle bredouille d’un air gêné :

- euh oui, mais… euh… les ethnies… Enfin, c’est pas grave, c’est pas grave !

Elle a l’air tellement bizarre. Etant donné que ce n’est ni tabou ni une tare, je décide de clore sa gêne excessive en lui répondant que j’ai des origines berbères, puisque visiblement elle a besoin de le savoir. Là, elle est toute contente et prend une mine de « ah je le savais », et coche son papelard. Je lis :

Ethnie : Caucasien/Maghreb/Noir/Asiatique

Je précise que pour la raison pour laquelle je l’ai consultée, elle n’avait nul besoin de connaître ce détail. Si j’étais chez un dermato, j’aurais compris. Or dans le cas présent, je suis sciée. De plus, elle m’aurait simplement demandé « avez-vous des origines ? », je ne l’aurais pas mal pris. C’est la manière dont elle m’a questionné, en mélangeant tout, nationalité et race, et avec cette gêne étrange… Tout cela ne fait qu’accentuer mon jugement négatif à son encontre. Et ce sentiment ne fera qu’accroître au fil de ma consultation express.

Elle finit par enfin parler médecine. Là, c’est immédiat. Pas de questions, d’échanges sur mes symptômes, mes problèmes, la raison de ma présence… Non, c’est bon.

Dr Nigaude - Bon, etbien comme vous le voyez là, on n’a pas le temps de faire connaissance, aussi, on pourrait vous hospitaliser une semaine, comme ça on prendra le temps.

Hein ?? Elle est sérieuse là ? Je lui dis que ce n’est pas possible, que je n’en ai pas besoin pour ce que j’ai, et là, je me lance sur 2 minutes d’explications sur la raison pour laquelle je la consulte.

Dr Nigaude – Ah d’accord, cela change la donne.

Ben oui, si tu m’avais posé une seule question pertinente depuis que je suis là, peut-être que tu n’aurais pas fait cette erreur de jugement.

Je vous passe les détails du reste de la « consultation ». Une seule chose à dire : je sors de là dépitée. En dix minutes, elle m’a flingué. Un discours rempli de lieux communs, des tonnes de préjugés… et bien-sûr pas une question de sa part. Je n’ai pas pu en placer une.

Il m’aura fallu trois jours pour récupérer de cette visite. J’y suis allée avec le sourire, et je suis sortie de là avec des tonnes de doutes et l’impression que je vais mourir demain. Trois jours pour prendre du recul. Et ce que je lis dans la presse aujourd’hui concernant ce petit garçon de 5 ans, massacré par son beau-père, qui a vu 2 médecins sans qu’aucun ne remarque quoi que ce soit fait particulièrement écho dans ma tête. Je n’ai pas envie de les juger, je ne les connais pas. Mais quand même, s’il en avait vu un, passe encore, mais deux… On me dira que certains médecins bossent dans l’urgence, et n’ont pas le temps requis. Oui, mais que dire de la cadence des ouvriers de Renault. Y’a-t-il des voitures vendues sans freins en circulation ?

De toute cette histoire, j’aurais finalement appris une chose. Les médecins, il y a les bons et il y a les mauvais. Mais il y a aussi les très mauvais.

  

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