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De la politique monétaire (4)

Publié le 17 novembre 2008 par Saucrates

Réflexion vingt-deux (16 septembre 2007)
Petit glossaire de la crise financière de l'été 2007 (suite 2)
3. Les nouvelles zones de fragilité apparues au cours de la crise de l'été 2007

Comme le mentionne les banques centrales européennes, il est aujourd'hui trop tôt pour tirer un bilan de la crise financière de cet été 2007. Les difficultés récentes (le 14 septembre) de la banque anglaise Northen Rock peuvent même faire craindre une poursuite de cette crise financière au cours des prochaines semaines, alors que les marchés boursiers ne réussissent pas à rebondir durablement et que les risques d'illiquidités demeurent sur les marchés interbancaires mondiaux.
a) Les difficultés de fonctionnement des marchés interbancaires mondiaux
Les marchés interbancaires existent depuis aussi longtemps qu'il existe des banques. De tout temps, les banques se sont prêtées des fonds pour faire face à des opérations commerciales, favorisant ainsi les échanges commerciaux. Les opérations de banque et les échanges interbancaires existaient ainsi au quinzième siècle voire bien avant.
Les banques centrales sont des créations plus récentes, à la jonction du dix-huitième et du dix-neuvième siècle. La Banque de France est ainsi une création de Napoléon Bonaparte dans les années 1801-1803. Mais d'autres grandes institutions telle la Bundesbank (Buba) sont des créations beaucoup plus récentes.
Toutefois, les marchés interbancaires ont changé de dimension au cours du vingtième siècle. Initialement cantonnés aux échanges de lettres de commerce ou de chèques entre établissements bancaires pour favoriser les échanges commerciaux entre zones géographiques éloignées (parfois au sein de l'Europe comme entre l'Italie et les Pays-Bas), les marchés interbancaires sont devenus des liens où les banques s'échangent des liquidités disponibles pour des courtes périodes de quelques jours. Alors que les banques, tout au long du dix-neuvième siècle, étaient perpétuellement soumises au risque d'illiquidité et de retrait des fonds des épargnants, qui donnaient alors naissance à de multiples crises financières accompagnées de phase de crédit-crunch (diminution drastique des crédits octroyés et demande de remboursement des crédits consentis), la mise en place d'un marché interbancaire avec la possibilité d'une intervention en dernier ressort de la banque centrale a permis de régulariser le fonctionnement du marché bancaire.
La deuxième moitié du vingtième siècle verra la disparition en Occident de ce type de crise de confiance dans les marchés financiers, même si de tels dysfonctionnements seront encore régulièrement observés dans les pays en développement, accompagnés souvent de phases de très fortes inflations. Aussi, l'afflux des épargnants britanniques pour retirer leurs fonds en catastrophe de la Northen Rock nous ramène à une époque que l'on croyait dépassée. Le système bancaire occidental n'est plus à l'abri d'une grande crise de confiance dans ses banques et dans son système financier.
Cette crise financière de l'été nous aura montré que le marché interbancaire européen et les marchés interbancaires mondiaux récèlent d'importantes fragilités, à partir du moment où les grands établissements de crédit ne se font plus suffisamment confiance pour se prêter des fonds entre eux. Après des décennies de fonctionnement serein, après avoir résisté aux violents déséquilibres issus des crises du système de change européen où les marchés interbancaires dûrent faire face aux besoins de refinancement et aux attaques spéculatives contre les monnaies européennes, les marchés interbancaires et les autorités de tutelle doivent faire face à une nouvelle montée des risques, et trouver de nouvelles possibilités de régulation pour contrer les facteurs de déséquilibres qui fragilisent les marchés monétaires.
Dans l'absolu, les risques de survenance d'une telle crise de confiance dans le système bancaire des pays développés sont relativement faibles mais les conséquences en seraient catastrophiques.
b) La réduction du besoin de refinancement des banques
A l'heure actuelle, les marchés interbancaires mondiaux ont encore besoin de la surveillance des autorités monétaires internationales. La situation observée en juillet-août 2007 sur les marchés interbancaires américains, japonais, français ou allemands, et qui perdure en septembre 2007 avec les déboires de banques anglaises, va nécessairement conduire les établissements de crédit à modifier leur comportement de prêteurs, de façon à réduire au maximum leur besoin de refinancement à court terme, pour ne pas dépendre des marchés de refinancement bancaire. La seule autre solution qui est envisageable est la sécurisation de leurs refinancements, en privilégiant notamment le recours à leurs propres OPCVM monétaires pour être moins dépendants de financements à très court terme octroyés par leurs concurrents.
La réduction de leur besoin de refinancement à court terme, pour les banques autorisées à collecter des ressources auprès de leur clientèle (de nombreuses sociétés de crédit n'y sont pas autorisées et doivent rechercher sur le marché monétaire le refinancements des crédits qu'elles consentent), passe forcément par une diminution de leurs concours à leur clientèle.
Si cette politique était menée par la majorité des établissements de crédit européens au cours de la même période, elle entraînerait une diminution globale de la masse de financements consentis à l'ensemble de la clientèle des banques. Cette situation porte le nom de 'credit-crunch'.
Une telle politique pourrait impliquer une réaction de faillites en cascade dans les milieux des affaires, pour les nombreuses entreprises qui verraient se fermer leurs sources de refinancements. Cela accroîtrait par voie de conséquence le volume des crédits douteux dans les bilans des établissements de crédit, ce qui accentuerait les contraintes de rentabilité et de fonds propres de ces établissements.

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