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101- La chute

Publié le 21 novembre 2008 par Marinatorre

Clara hurlait dans la cage d’escalier. Elle avait perdu son chat.
Elle savait cet appel vain, connaissant cette habitude désagréable qu’ont les félins de ne jamais répondre quand on leur demande de rappliquer et qu’ça saute. Elle criait surtout pour tenter de rallier ses congénères humains à sa quête. Question recherche de minou, la solidarité, une fois n’est pas coutume, ne faisait pas l’unanimité.
Toutefois, une désoeuvrée professionnelle, cédant à sa marotte, sortit sa tête sur le pallier, son meilleur réseau de renseignement, pour glaner du nouveau, à défaut de sensationnel. La retraitée ne savait pas, alors, que ce geste banal et quotidien l’entraînerait dans une aventure à laquelle rien, pas même sa collection de Barbara Cartland, ne l’avait préparée.
Clara, penchée sur le rebord de l’escalier en colimaçon, scrutant parmi les odeurs de bœuf strogonnoff, fut surprise par une masse de cheveux violets. Annonçant un âge avancé, cette couleur la déçue aussi quelques peu. Il ne s’agissait pas du chat, mais de la voisine du dessous, celle qui vérifie toujours dans les boîtes aux lettres pour voir si on est là. Peut être Clara, dans quelques années, aurait le même coiffeur et la même destinée.
- Mademoiselle, vous avez un problème ?
« OUI, j’ai un problème, vieille conne. Si je hurle Pouchkine depuis tout à l’heure, c’est pas pour échauffer ma voix », pensa la jeune fille suffisamment fort pour croire que la gentille dame l’avait bien entendue.
- Euh, oui madame, j’ai perdu mon chat. Vous ne l’auriez pas vu par hasard ?
- Ah le petit noiraud c’est ça ?
« Raciste ? Ca m’aurait étonné », continua d’ironiser Clara en son for intérieur grossissant de hargne.
- Euh, oui. Il s’appelle Pouchkine.
C’est fou ça. Ce besoin de donner le nom de son animal dans ce genre de circonstances. C’est sûr qu’avec ça elle est certaine de le retrouver !
- Venez, descendez, je ne vous entends pas bien, comprenez, c’est l’âge hein !
- Euh d’accord.
Et c’est en descendant les quelques marches qui la séparait du petit appartement miteux de la retraitée des PTT que le destin de Clara, bascula. Ce fourbe commença par faire en sorte que la jeune fille se casse la gueule en ratant une marche.


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