Magazine Humeur
Les violences faites aux femmes
Publié le 28 décembre 2008 par SaucratesRéflexion une (28 décembre 2008)
En ces derniers jours de cette année 2008, à quelques jours, voire à quelques heures du passage à une nouvelle année 2009, j'ai envie de m'intéresser au problème des violences faites aux femmes, de m'en faire l'écho, de ces histoires atroces et des réactions que cela peut et doit entraîner ... Lorsque je parlais du crime de l'esclavage, j'ai toujours été marqué par les réactions de ceux et celles qui m'accusaient de me taire sur les violences faites aux femmes, violences qui perduraient encore aujourd'hui. Il me semblait que ces deux problèmes étaient disjoints et différents, que traiter de l'un n'excluait pas l'autre, ni même ne le cautionnait ... Mais je souhaitais également aborder ce problème des violences faites aux femmes, et c'est l'occasion en ce jour.
Evidemment, chaque jour qui passe sur ce monde apporte son cortège de violences à l'égard des femmes. Parmi sept milliards d'êtres humains sur notre planète, dont la moitié à peu près de femmes et de fillettes, combien d'entre elles sont confrontées à des situations de violence à leur encontre ? La plus grande part ... Et au sein de l'ensemble de ces situations de violence, il faut savoir qu'une infime minorité d'entre elles fera l'objet d'une médiatisation et sera connue du grand public, malgré l'écho planétaire que permet le web.
Par ailleurs, à travers le prisme des médias, on pourrait avoir l'impression que les situations désespérées vécues par les femmes se rencontrent essentiellement ailleurs qu'en Occident, chez les 'autres', qu'il ne concerne pas les occidentaux ... Qu'il concerne souvent les femmes dans la religion musulmane, dans la péninsule arabique ou en Afrique.
Evidemment, la situation des femmes dans ces régions du monde n'est pas enviable ... mais pas beaucoup plus, d'ailleurs, que la situation faite aux hommes ... Je ne connais pas énormément d'occidentaux qui seraient près à échanger leur situation, même lorsqu'ils sont pauvres, avec la situation d'un africain, même appartenant à la classe moyenne ... Mais la situation des femmes en Occident n'a pas non plus toujours été enviable, et elle ne l'est pas toujours aujourd'hui. Il suffit de voir l'actualité d'aujourd'hui, dimanche 28 décembre, et ces assassinats de jeunes femmes à Paris, pour lesquels la police aurait vraisemblablement un suspect ...
Il y a aussi le récit de ces 100.000 femmes allemandes violées par les soldats de l'armée russe à Berlin entre avril et septembre 1945, et de ces deux millions d'Allemandes violées sur le front soviétique, il y a de cela à peine soixante-cinq ans. De ces viols dont personne n'a jamais osé parler, qui ne pesaient rien en regard des crimes commis par les nazis ... crimes qui ont empêché les allemands d'évoquer les souffrances endurées pendant la guerre. Et une fois encore, ce sont les femmes qui payèrent de leur corps pour les crimes commis par leurs hommes ... Il faut lire à ce sujet l'article du Monde du 20 décembre 2008 écrit par Lorraine Rossignol intitulé "Seules dans Berlin" ...
Il y a aujourd'hui encore, en France, aux Etats-Unis ou en Occident, de nombreuses femmes qui craignent les réactions de leur époux ou de leur concubin, parfois même de leur fils, et dont certaines meurent encore régulièrement, parce que des hommes estiment que la vie de leur femme (terme possessif inapproprié) leur appartient, et qu'elles ne peuvent et ne doivent leur échapper ... Parce que l'homme ne change pas, et que sous le verni de l'éducation, de la culture et de la sociabilité, il demeure l'homme de cro-magnon qu'il n'a jamais cessé d'être, et qu'il redevient chaque fois qu'il croit que les soubressauts de la société lui permettent de laisser libre court à ses instincts primaires de prédateurs.
Il y a enfin de nombreuses histoires de violence qui ont lieu partout ailleurs, parce que dans d'autres religions et d'autres régions du monde, les lois n'accordent même pas les mêmes droits et la même reconnaissance aux femmes et aux hommes ... Ainsi, à Toulon, au début du mois de novembre, une lycéenne de 18 ans d'origine algérienne avait été victime de violences aggravées de la part de sa famille, parce qu'elle refusait d'être mariée en Algérie à un homme de 30 ans. Les auteurs présumés de cette agression étaient sa propre mère, de nationalité algérienne et âgée de 52 ans, et ses deux soeurs mineurs, âgées de 14 et 16 ans.
Ailleurs, dans le sud de la Somalie, à Kismayo, le 27 octobre dernier, une enfant de 13 ans, Aisha Ibrahim Dhuhulow, victime d'un viol, a été lapidée à mort par une foule enthousiaste lors d'une exécution publique dans un stade, après avoir été jugée coupable d'adultère par un tribunal islamique (source Unicef).
En Iran, dans la région du Kurdistan, dans le village de Kani Dinar, une jeune femme âgée de 18 ans, Fereshteh Nejati, a été poignardée en pleine rue par son père le 14 août 2008 parce qu’elle avait demandé le divorce. Fereshteh avait été forcée de se marier à 14 ans.
Des scènes de violence à l'égard des femmes encore pires se sont déroulées et se déroulent encore régulièrement, aujourd'hui, dans des pays comme l'Inde, au Gujarat, ou au Congo, et visent des communautés entières, pour porter atteinte à l'intégrité et la dignité de peuples entiers, ou pour les pousser sur les voies de l'exil ... Le viol comme arme de destruction de communautés entières ... Ainsi, au Gujarat, « des témoins oculaires ont raconté qu’un grand nombre de femmes de la communauté musulmane ont été battues, entièrement déshabillées, soumises à des viols collectifs, assaillies à coups de barres de fer, de sabres et de cannes. Nombre d’entre elles ont été mutilées et défigurées, avant d’être brûlées vives par des foules semble-t-il menées par des groupes nationalistes hindous. » (source Amnesty International).
Et pour conclure, ces quelques mots d'Eve Ensler, qui a écrit la pièce de théatre 'Les Monologues du vagin' ... et qui décrit la situation des femmes au Congo « Je reviens de l’enfer (...) Je cherche à savoir comment vous transmettre ce dont j’ai été témoin sans hurler, m’immoler ou chercher me procurer un AK-47. Je ne suis absolument pas la première à rapporter le viol, les mutilations et la défiguration des femmes au Congo. Dès 2000, des rapports ont commencé à paraître (...) J’ai passé dix ans à écouter les histoires de femmes qui ont été violées, torturées, brûlées et mutilées en Bosnie, au Kosovo, aux Etats-Unis, à Ciudad Juárez (Mexique), au Kenya, au Pakistan, en Haïti, aux Philippines, en Iraq et en Afghanistan. Et bien que je pense qu’il existe un réel danger à comparer les atrocités et les souffrances, rien de ce que j’avais entendu jusqu’à présent n’était aussi horrible, terrifiant et complet comme l’est la destruction de l’espèce féminine au Congo. » (repris dans un article du blog d'Allegra et Mirage ... citation que je trouvais particulièrement à propos ... situation confirmée par de multiples autres articles d'autres sources).
Après tout cela, que dire de plus. Que je ne comprends pas l'homme ? Mais étant homme moi-même, je ne suis même pas absolument certain que, confronté à des situations de ce genre, devant le même enchaînement de faits, porté par un même sentiment d'appartenance à un groupe et par un même sentiment d'impunité, je pourrais être différent de ces bêtes là et que je saurais (et aurais le courage) de m'opposer à leurs actes ...
Malgré quelques millions d'années d'humanisation et quelques milliers d'années de sociabilisation, l'homme demeure malgré tout toujours un animal violent et primitif, dont la femme est la principale victime ... Nous n'avons pas grand chose à envier au requin, au loup ou au lion (et notamment pas leur attirance pour la vue du sang ... à défaut d'avoir un organe olfactif pour le sentir).
Saucratès