Humour...

Toute ressemblance avec des personnages connus serait-elle fortuite ?

Nicolas Sarkozy héros malgré lui d'un livre érotique   

Created 01/17/2009 - 20:21

Il ne s'appelle pas Nicolas mais Lucas. Il n'a pas été marié avec Cécilia mais avec Priscillia. Sa troisième femme ne se nomme pas Carla mais Clara. La ministre dont il est proche ne se prénomme pas Rachida mais Aïcha. Lucas Abauzit est pourtant, lui aussi, président de la République française. Il a divorcé juste après avoir été élu au plus haut rang de l'Etat et refait sa vie aujourd'hui avec une célèbre top-modèle devenue chanteuse. Il est le héros du très sulfureux roman «La vie sexuelle du président», écrit sous le pseudonyme d'Anne Michel, qui sort jeudi prochain aux Editions Blanche.

Ce livre érotique n'est - bien entendu - qu'une «pure fiction». «Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait une pure coïncidence.» Les avocats de l'Elysée seront-ils convaincus par ces précautions d'usage? On peut en douter lorsque l'on voit la liste de ces «coïncidences» se permettre d'aller d'un certain «Casse-toi, pauvre con!» jusqu'au mystère concernant la paternité du nouveau-né d'une ministre proche du président... Il fallait oser! Rencontre avec une journaliste de la presse féminine qui souhaite rester anonyme mais semble bien s'amuser de sa farce.

Vous n'avez pas froid aux yeux! Vous n'avez pas peur de vous attirer les foudres de l'Elysée?
On est quand même encore dans une démocratie, on doit pouvoir avoir une certaine liberté d'expression. Et puis, attendez, ce n'est pas forcément le président auquel on pense...

Les ressemblances sont pourtant très claires. Vous utilisez l'image de Nicolas Sarkozy.
Il ne devrait pas se fâcher, c'est quand même flatteur... Généralement, les hommes aiment bien être considérés comme des êtres séduisants et séducteurs.

Votre président est-il pour vous un objet de fantasme?
Pas du tout! Barack Obama, par contre, c'est autre chose! (Rires.) En règle générale, les hommes politiques et les hommes de pouvoir ne m'excitent absolument pas. C'est plutôt quelque chose qui aurait tendance à me repousser.

Vous n'y allez pas de main morte: votre héros est non seulement un coureur de jupons, mais aussi un piètre amant, parfois violent.
Je ne dirais pas «piètre amant», mais un homme rapide.

Priscillia doit aller se caresser toute seule dans la chambre de bains; visiblement, il ne s'était pas occupé d'elle...
On ne peut pas s'occuper de tout le monde (rires)! Mais je pense que cela fait partie de la fonction. Je ne sais plus lequel, mais un de nos présidents était surnommé «deux minutes douche comprise». [Il s'agissait de Jacques Chirac, à propos de ses aventures extraconjugales, ndlr.]

C'est comme ça que vous imaginez Sarkozy au lit?
Ça peut paraître paradoxal, mais j'ai du mal à l'imaginer au lit. Très vite, la fiction l'a emporté. Ce n'est pas sa tête à lui qui me venait à l'esprit quand j'écrivais les scènes érotiques. Je n'aurais pas pu les écrire en le visualisant, lui. Ça aurait été impossible.

Qu'est-ce qui vous a donné alors l'envie d'écrire un livre sur la vie sexuelle du président?
Sa deuxième femme. Je trouve que c'était un personnage intéressant. Ce qu'elle a fait en renonçant à être première dame de France est tout à fait étonnant. Je n'arrive pas à la cerner, c'est ce qui m'a donné envie d'écrire ce livre plus que l'aspect purement érotique. C'était vraiment aussi l'envie d'analyser ce rapport entre pouvoir et séduction. Il y a des tas de gens qui ne sont pas très beaux et qui ont du succès parce qu'ils ont du pouvoir. En tant que femme, cela m'a toujours un peu étonnée. Je voulais comprendre ce phénomène, à quel point le pouvoir peut être séduisant.

Le portrait de ce président ne se cantonne pas à la chambre à coucher: vous le décrivez comme autant malhonnête au lit qu'en politique, notamment avec l'emblématique «Casse-toi pauvre con».
Je ne parlerais pas de malhonnêteté, ce terme me paraît trop fort. Je pense juste que c'est quelqu'un qui a plus une vision de lui-même qu'une réelle perspective pour un pays. C'est ce qui explique un peu tout le côté «cultueux» du personnage que l'on retrouve toutes les semaines à la une des journaux. Il a certainement une vision globale, mais elle est occultée par tout ce culte de la personne.

Ce roman est une fiction, pourtant il semble que vous ayez fait très attention de coller à la réalité...
La vie bruisse de rumeurs, et l'information est souvent nourrie par la rumeur. Je suis une grande consommatrice de presse people. Je crois que l'on est tous fascinés par les rumeurs, intéressés de voir comment les autres fonctionnent. J'avais envie d'être dans la rumeur. Ce n'est vraiment pas un livre à scoops.

En parlant de rumeur, vous abordez même la naissance de l'enfant d'une certaine ministre, dont le père serait... le président. Pure imagination ou vraie question?
Je pense qu'en France, aujourd'hui, c'est une vraie question. Les dernières rumeurs qui sont reprises sur Internet et dans la presse people laissent à penser qu'un autre membre de sa famille serait le père. Ça reste dans cette sphère. C'est intéressant de se nourrir de rumeurs pour écrire un roman, et là, la matière ne manque pas!

N'avez-vous pas peur qu'on lise votre roman plus par curiosité que pour s'exciter?
Pour tout roman, il y a plusieurs niveaux de lecture. C'est au lecteur de faire son choix et de savoir ce qu'il veut y trouver...

À LIRE

«La vie sexuelle du président», par Anne Michel, Editions Blanche, à paraître le 22 janvier

Un roman érotique très bien écrit qui prête plus à s'amuser qu'à s'exciter

Aucun détail de la vie privée de Nicolas Sarkozy n'a échappé à la plume ironique de celle qui se cache derrière le pseudonyme d'Anne Michel. En contant l'histoire de Lucas Abauzit, maire de Neuilly, bientôt élu président de la République, son roman érotique «La vie sexuelle du président» reprend sans aucun scrupule les différents épisodes qui ont fait la une des journaux. Les absences de sa deuxième femme juste avant les élections, leur divorce, juste après, le remariage avec un célèbre mannequin devenu chanteuse et même jusqu'au mystère englobant la grossesse d'une certaine ministre...

Si l'auteure cherche à rester au plus près de la réalité, elle ne se gêne pas pour en inventer l'envers du décor. On y découvre les rencontres à trois que propose sa première femme Marie pour tenter de garder son mari, les séances de baise violente avec une deuxième épouse soumise et manipulatrice, mais aussi les chevauchées torrides, le soir de l'élection, avec une certaine ministre prénommée Aïcha.

Extrêmement bien écrit, ce roman érotique provoque cependant plus un plaisir ironique qu'il ne suscite de vrai désir, et ce malgré les nombreuses scènes sexuelles très explicites. Il est en effet difficile de se laisser emporter par le roman en oubliant le présidentiel modèle... Le sourire amusé l'emporte sans équivoque sur le trouble sexuel.

Le Matin

       

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