Magazine Journal intime

Nuits d'antan ...

Publié le 19 janvier 2009 par Venom

Elle n’avait pas encore fêté ces 17 printemps, on ne l’aurait pas deviné en la voyant, mure comme elle était, on lui donnait minimum 20ans, elle avait une vie proche de la perfection pour une jeune fille de son âge, toujours la première de sa classe sans fournir le moindre effort, des amis en masse, une popularité à faire des jaloux, gâtée et choyée comme elle était, elle ne peinait a avoir tous ce qu’elle désirait.
Mais il lui manquait quelque chose qu’elle ne connaissait pas encore, cette chose qui la transformerait de jeune fille en jeune femme… l’amour, elle n’en connaissait que la carrure…
L’amour pour elle c’était les chansons maussades, les tragédies moroses et les bavardages des personnes plus âgées qu’elle, mais elle n’y avait jamais gouté, elle ne savait pas a ce moment là qu’elle allait y goutter, et que ce gout amer allait changer tant de choses en elle…
Cet été là, elle est rentrée passer ses vacances à la ville de ces aïeux, Djerba, cette ville qu’elle admirait tant… une paix, une quiétude, une sérénité qu’elle ne retrouvait nulle part ailleurs.
La maison était pleine, le mariage d’un proche et tous les membres de la famille étaient là, même les plus éloignés qu’elle ne connaissait même pas, mais cela ne la dérangeait pas, elle aimait la famille et elle n’avait ni a sacrifié son espace ni ses moments de solitude qu’elle idolâtrait, puisque la nuit tous le monde dormait … sauf elle.
Elle attendait impatiemment l’arrivée de la nuit, pas le noir non, la nuit, celle qui ne commence qu’à partir de deux heures du matin, cette nuit qui règne sans partage, qui était sienne, qui là rassurait…
Elle s’installait sur sa chaise longue au patio de la maison, son café juste a coté, les écouteurs à ses oreilles, et la chanson de Lara Fabian qui la hantait depuis un moment en boucle, Broken Vow…
Entre deux bouffées, elle admirait ce ciel magistral, elle en faisait le plein, il lui maquera a son retour a la capitale… ainsi se passaient ses nuits, et il ne lui en fallait pas plus pour faire son bonheur.
Un soir, alors qu’elle s’adonnait un son rituel, elle fut surprise par une ombre, mais il faisait tellement noir qu’elle n’arriva pas à distinguer la personne, juste la silhouette d’un jeune homme, elle s’est prise de panique, jeté la cigarette, enlevé les écouteurs et demanda confuse :
« Qui êtes vous ? Et que faites-vous ici ? »
« C’est plutôt a moi de te demander ce que tu fais ici a cette heure, il est 3 heures du matin je te signale, tout le monde dort a cette heure, et puis pourquoi ce gâchis ? Pourquoi tu as jeté ta cigarette ? »
« Je suis pas tout le monde je te signale, et puis je suis … enfin … c’est un interrogatoire ou quoi ? T’es qui enfin ?»
« Elle a la mémoire d’un poisson rouge la demoiselle a ce que je vois ! je suis là pour le même motif que toi, le mariage d’Adam, c’est mon cousin, et ce matin tu as même piétinés mes chaussures en faisant ta folle et en dansant toute seule !»
Elle éclata de rire, elle se souvenait d’avoir piétiné quelque chose en se mettant à danser sur le rythme de ACDC en plein préparatifs du mariage, mais elle n’avait pas fait attention à ce que c’était, et bien c’était le pied de ce cousin éloigné…
« Je m’en excuses, j’avais pas fais attention »
« Tant que cela te fait rire, c’est oublié… mais tu vas me dire ce que tu fais là à cette heure ? »
Elle alluma une autre cigarette et se mi a parler, elle lui expliqua son engouement pour la nuit et la solitude, ses yeux luisaient en parlant et elle se sentait drôlement a son aise avec ce jeune homme.
Il l’écoutait attentivement et après qu’elle ait fini il lui avoua qu’il partageait cette même fascination et qu’il passait ses nuits à errer dans les ruelles vides de Midoun…
Jusque là, les quelques personnes qui étaient au courant de son idylle avec la nuit, la prenaient pour un phénomène de foire, mais pas lui, il était comme elle, et cela bougeait dans tous les sens dans sa tête, des titillements dans le cœur … le cœur, oui cela commençait à venir, elle ne comprenait ni ce que c’était, ni ce que cela signifiait, elle savourait …
Depuis ce soir là, après que tout le monde s’endorme, ils se retrouvaient au patio, et ils discutaient, riaient, se confessaient jusqu'à l’aube, elle apprenait tellement de lui, il la fascinait par son savoir, et il était intrigué devant ce petit bout de femme pleine de vie qu’elle était.
Et comme toute bonne chose cela devait finir… la semaine s’est écoulée et elle devait rentrer, lui aussi d’ailleurs a deux jours d’intervalle, mais elle savait que ce qui s’est passé a Djerba resterais a Djerba, il était plus âgé qu’elle de 7ans, et pour lui elle n’était qu’une fille…sympa, rien de plus…
Elle n’avait ni l’âge, ni l’esprit ni la force de le séduire comme elle voulait le faire, alors elle s’est résignée à ne rien attendre de sa part, a continuer son chemin …
Leur dernière nuit ensemble fut profondément morbide, ils divaguaient chacun de son coté, et ils ont très peu parlé.
Le matin avant de partir elle s’est introduite dans sa chambre, la regardé dormir pendant quelques minutes comme si elle savait que c’était la dernière foi… elle a glissé un petit papier dans son pantalon qui était sur le canapé, et elle est parti …
En milieu de route elle lui envoya un texto :
« Regardes dans la poche arrière de ton pantalon noir… »
Il ne dormait pas, et il l’avait vu debout face a la porte, mais il ne pouvait se lever pour lui dire au revoir, il n’en avait pas envie, ou peut être la force, et a la réception du texto il lisait déjà son mot :
« Je ne sais pas pourquoi je te laisses ce petit mot, ça fait trop cliché, mais y’a quelques petites choses que j’ai pas pu te dire, d’abord je te remercies pour les moments que j’ai pu passer en ta compagnie a la belle étoile, c’était vraiment magnifique … je te remercies aussi pour tes conseils précieux qui me seront vraiment utiles dans ma quête, en quelques mots, merci pour tout …
Je ne vais pas te barber plus longtemps rendors toi et … a un de ses jours … »
Il souri bêtement, failli pleurer mais ne le fi pas, il lui envoya juste un texto :
« Fais attention aux pieds des jeunes hommes en faisant ta folle, tu en feras tourner des têtes…petit bout de femme que tu es… »

Texte dédié a la plus magnifique des villes et a tout les Djerbiens :)
A toi aussi mon ami, je sais que tu aimeras...

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