Entre Lignes

Deux inconnus, ils ne se sont jamais vus, jamais parlés, seulement croisés a quelques reprises entre les lignes de pages déjà écrites, sur lesquelles ils déposaient de temps en temps quelques goutes de leurs encre.
Un soir, une des pensées de L interpela notre amie P :
L « une journée s'achève, ce n'est qu'un début, le début de la nuit, mes fantômes sont déjà là, et la fête commence, on danse et on danse, la musique nous parvient du haut, les humains nous gâtent avec leur musique de fanfare, la gloire les mets dans des états de euphorie extrême, belle illusion, ce n'est qu'un mirage mais ça les rend heureux, devrai-je les envier? Ou m'estimer chanceux d'être sous terre loin de leurs tourments? ici je regarde par une fenêtre qui n'existe pas, je bois d'un verre qui ne m'est jamais parvenu, je chante des chansons aux notes muettes et je vois des fantômes aux allures magnifiquement dessinées que je ne peux que voir et revoir sans que je puisse même leur parler, mes bouquins me parlent, les feuilles jaunis par le temps me rappel mes jours passés, mes ères disparues, mon esprit est bien loin de moi, il est parti à la conquête des terres lointaines pour me rapporter des délices venus d'autres mondes, l'essence même de l'inspiration, l'imagination, l'irréel du présent, la mélodie des astres m'emporte loin, bien loin du monde des chacals, des hyènes et des vautours, je suis bien loin, dans mon jardin, dans l'antre de mes délires nocturnes, je vois clair la nuit, je ne suis ni nyctalope ni daltonien, juste un fantôme parmi tant d'autres, dans la noirceur la plus pure, je vis la nuit, je joue ma pièce le jour, ils jouent leur rôle et je joue le mien, la comédie de la vie continue, mais ici j'ai la paix, le sommeil des êtres réveille mes démons, et je danse encore et encore avec mes fantômes jusqu'au bout de la nuit.. »
P « Tes démons semblent me hanter a mon tour, je me retrouve dans ce que tu as écrit, le jeu de la vie ce maudit jeu qui ne fais trêve que la nuit !
C’est là que les masques tombent que les âmes se rebellent ! Ce n'est point manque de courage que se fondre dans la foule, mais une estime de soit même !
Nul mortel n'a à savoir ce que les autres sont vraiment, il n y a que les êtres supérieurs qui le méritent, et ces derniers sont capables de l'entrevoir par eux mêmes... »
L « Le temps passe, repasse, et passe encore et l'âme du guerrier reste debout devant le défilé des masses qui s'en foutent de son épée, que serait le monde sans ce mélange hétérogène de mafias du cœur? Et puis on se laisse emporter et le courant nous mène à la question fatidique : qui suis-je? »
P « Tu es qui tu es ! Cela ne te procure pas une joie intense que d'observer toutes ses âmes perdues qui errent sur terre sans but sans convictions, sans intérêt ! Alors que toi tu sais qui tu es et ce que tu vaux ? Cela ne te donne pas le sentiment d'être unique et spécial ?
Qui tu es réellement cela ne compte pas, l’important c'est que tu te sentes bien avec cette âme qui est en toi et que tu saches la satisfaire en t'élevant du rang de l’esprit limité !
Donne à ton âme sa juste valeur et tu verras qu'après cela, nulle identité ne t'importera ! »
L «unique, maléfique, diabolique, sadique mais infini et incorrigible romantique, sans but, sans adresse de destination, juste une errance incontrôlable de l'esprit qui mène inéluctablement à lé démence, seul le nuit peut mettre à nue une âme torturée, seul la nuit peut soulager les maux, seul la nuit voit l'arrière de la scène. »
P « tu me rappel un certain "Bonnet de nuit" que j'avais écris ...
Aimes la nuit alors elle te le rend si bien ! Pour ma personne je l'aime, c’est celle qui me comprend le mieux et qui sache assouvir mes désirs et recoller mes débris ! »
L « vienne la nuit, sonne l'heure... »
Peinture:TWO SOULS de Maria Henriques .