Magazine Journal intime

Au Diable Prada

Publié le 21 août 2007 par Thierry

"Me voilà en mini shorty Aussiebum, assis sur mon lit à stresser quant à ce que je vais mettre chaque matin... C'est pas le Diable portant du Prada, c'est Gucci qui se retrouve en enfer...

J'ai repensé à cette petite phrase écrite au mois d'octobre, le matin de mon deuxième jour dans la grosse-grosse boîte. Ce que j'ignorais alors, c'est que l'année suivante, c'est dans une huge-huge boîte que j'allais postuler. Le truc hyper-sérieux, hyper énorme, hyper international, et tout le tralala.

Pensez bien que du coup, le stress vestimentaire est encore plus grand.

Ne tenant pas particulièrement à donner une image trop "gallianesque" ni celle du "provincial qui se sape pour Paris", me voilà assis sur mon lit, en mini shorty Aussiebum, à stresser quant à ce que je vais porter.

Evidemment, ce n'est pas tant l'histoire des vêtements qui est stressante. Le style, c'est juste du temps et de la pratique, et moi, je pratique depuis déjà pas mal de temps.

Déjà, je sais où je vais. C'est pas un cocktail mondain, c'est pas une hype party, et c'est pas une inauguration. On zappe donc tout ce qui est couture/Gucci/chaussures meurtières. On pense "corporate" "corporate" "corporate". Genre ce qu'on mettrait pour l'anniversaire de sa Grand-Mère, en moins accessoirisé.

Mais ce qui est réellement bizarre, dans le fait de passer cet entretien, c'est que je sais de source sûre que j'ai une chance sur deux d'obtenir le poste. Et c'est beaucoup. C'est énorme. Ca veut dire qu'il y a une chance sur deux que je quitte Lille l'année prochaine, et pour au moins un an. Et ça, ça me fait vraiment flipper. Presque plus que la parfaite tenue à dénicher.

Je n'ai jamais été aussi proche de mon avenir. Et si le fait de quitter mon village était évidemment ma volonté, le fait d'être là, assis à moitié à poil sur mon lit, à réfléchir à ce que je mettrai le jour décisionnaire, me fait prendre conscience à quel point ce moment, que j'imaginais comme étant toujours loin, est là, à la fin de la semaine.

Le jour où je rends mon mémoire, d'ailleurs. Comme ça, hop, la boucle est bouclée.

Un départ, somme toute, c'est comme une nouvelle paire de chaussures. C'est super excitant, on est content, mais on a quand même un peu peur de se casser la gueule. Et puis là, vous n'avez pas le bras de votre C&T pour vous rattraper. Parce que le bras, lui, il reste à Lille. Et saurai-je avancer sans ce bras pour me soutenir...?

Penser à prendre mon book d'ailleurs aussi. Ce serait dommage de l'avoir trimballé dans tout Paris la dernière fois pour rien, et de l'oublier cette fois.

Quitter Lille... C'est incroyable qu'on puisse aimer un lieu autant que s'il était un membre de sa famille, un membre de sa tribu. C'est même plus que ça, en fait, Lille. C'est une partie de moi. Comme un quatrième membre, un troisième poumon, un deuxième coeur. Agressive quand je suis en colère, douce quand je suis nonchalant, pluvieuse et glaciale parfois, avenante et séductrice à d'autres moments.

Ma vie, mes potes, mes plus grands moments de tristesse et / ou de joie, c'est ici, au milieu ces facades flamandes. Ici, c'est ma maison, mon domaine, mon royaume. Alors, comment je faire, moi, sans passer le dimanche chez les bouquinistes de la Vieille Bourse ?

Et comment je vais faire, moi, sans Méert ? Sans mes déjeuners chez Envies de Saison, mes goûters chez Tous les jours Dimanche, mes brunchs interminables au Basilic Café ou mes drinks sans fin au Bar Parallèle ?

Je sais, y'a tout ça à Paris. Et même plus. Et même mieux. Mais Lille, c'est une partie de moi. Comme un quatrième membre, un troisième poumon, un deuxième coeur... Et on a mal quand on se coupe le coeur.

Quitter Lille... En suis-je capable ? Suis-je prêt ?

Et bordel, qu'est-ce que je vais mettre ?


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