Au lieu de ça, j'ai dit " Oh chic, merci les parents, de me faire aller dans une classe de boules, d'apprendre le grec et l'allemand, dont je ne ferai jamais rien dans ma vie puisque dans 2 ans, je serai enceinte et plus tard, je serai caissière!"
Ainsi va la vie et surtout la connerie.
Qu'à cause de l'allemand et tout ça, je me suis retrouvée bien seule, dans ma baignoire, ce soir.
J'y viens.
Mais que peut bien faire une jeune et jolie fille toute nue et seule dans sa baignoire, alors qu'elle vient de la vider et qu'elle est déjà toute propre et que derrière la porte, ça gueule " ON MANGE QUOI BORDEL?"
Donc j'avais pris un bon bain, celui qui fait tellement de bien le dimanche soir, quand avoir glandé toute la journée est aussi fatiguant que d'avoir bossé tout un lundi.
J'avais choisi l'horaire stratégique, celui où les estomacs des garçons se tordent comme des serpillères et où personne n'ose demander ce qu'on bouffe sous peine de se voir remercier gentiment par une gueulante du fin fond du canapé, provenant de ma gorge.
J'ai juste dit assez fort " Je vais au bain!", pour signifier que non, ce soir, c'est pas moi qui vais faire cuire les nouilles, démerdez-vous bande de nases no-life!
Ce qui n'a pas eu l'effet escompté puisque je me suis retrouvée obligée de partager la baignoire avec le conjugué.
"Je profite que c'est pas encore l'heure de bouffer, tu me fais une place?
-Bé voyons, fais-toi plaisir hein, par contre, je te préviens, tu vas te caler dans un coin parce que ce soir, je déboise donc j'ai besoin de place pour éviter de me balafrer le mollet. Je t'avertis, je t'aurais prévenu, je te prends pas en traître."
En deux minutes, le coproducteur, il s'était ravalé la façade et s'était séché plus vite que la tramontane avec les draps.
Là, calmé. Il est même allé faire les nouilles du coup.
Et moi, j'ai pu pratiquer la déforestation en toute sérénité.
Ce que j'ai fait.
Pas tout à fait sereine puisque probablement tiraillée par la faim et l'odeur de la saucisse dans le micro-ondes ont un peu accéléré mes gestes et avec un rasoir dans les mains, la hâte n'a rien de bon.
Je me suis donc esquinté les mollets, entre autres.
Rien qu'à l'idée de me passer du déo sur les aisselles, j'avais envie de marcher sur des charbons ardents pour avoir autre chose à penser.
Et c'est là que je l'ai vue.
La pompette magique.
Elle était offerte dans le lot de 2 gels douche géants.
Je suis sortie, je me suis séchée en serrant les dents très forts pour ne pas hurler à mon tour, ne craignant que tout le monde débarque et que les nouilles soient foirées ou que j'interrompe un des enfants susceptible de mettre la table.
Pourtant, j'ai dégusté. Le coton de la serviette sans assouplissant contre la peau égratignée et à vif, j'avoue que j'ai connu mieux comme sensation de bien-être après le bain, avec la mine réjouie de la poufiasse dans la pub Le petit marseillais.
C'est la raison pour laquelle je me suis jetée sur la pompette et que j'ai mis dans ma main la moitié du flacon, que même j'en ai mis par terre et que je me suis ointe la plante des pieds en l'essuyant pour pas gâcher. C'est pas parce que c'est gratuit tout de même qu'il faut se lâcher sur les doses.
Mais là, y avait urgence, j'avais le feu à peu près partout et j'entendais enfin le bruit des couverts sur la table.
Alors j'ai étalé.
J'ai étalé.
Et j'ai frotté pour étaler.
En deux minutes, je ressemblais à s'y méprendre aux jeunes allemandes qui découvrent le bord de la Méditerranée pour la première fois et qui se tartinent 1 litre de Nivéa Sun indice 80 en couche bien épaisse.
Alors tout de même, je me suis dit mais c'est pas possible bordel en Espagne, ils ont une façon espéciale d'étaler la crème ou bien?
Donc je me suis penchée sur la notice, peut-être qu'il fallait étaler sans frotter, observer 10 minutes de pause ou foutre le tout au micro-ondes, enfin une idée sur la façon de faire en sorte que le truc il pénètre bien vite quoi.
Et c'est là que je me suis sentie bien seule.
Parce que c'était tout écrit en ibère le truc.
Que des a et des o partout à la fin des mots.
Alors pour tenter de lire de plus près, j'ai voulu me rincer la main d'abord.
J'ai fait couler un peu d'eau chaude dans le lavabo et à peine j'ai mis mes doigts sous le filet que j'ai eu bain moussant de la main. Elle a carrément disparu sous la mousse, la main.
J'ai eu très peur de comprendre.
J'ai tout de même admis que je m'étais probablement fourvoyée quand je me suis crue à nouveau adolescente, en boite de nuit, à la soirée mousse du lycée, dans ma baignoire.
15 minutes, 800 litres d'eau chaude et les nouilles froides plus tard, je me suis vautrée sur Voilà Traduction.
Et j'ai tapé ce qui était écrit sur la pompette: "Jabon de manos".
...
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble