Magazine Journal intime

"Une vraie parenthèse... enchantée"

Publié le 26 août 2007 par Thierry

"C'est une vraie parenthèse... enchantée"

Il existent des tas de raisons qui poussent un Lillois à séjourner à Paris. Un rendez-vous de boulot chez une agence, un rendez-vous de potes chez Ladurée, ou un rendez-vous de mode chez Colette.

Cette fois, c'était un rendez-vous pour un futur job, chez cette très très grosse boîte. Ce qui teintait le séjour et Paris d'une atmosphère particulière. D'un aspect différent. Un petit goût de "bientôt", de quasi-définitif.

11.00, je quitte mon appartement, encravaté, encostumé, mon book et mon mémoire sous le bras, mon sac pour deux jours à l'épaule, et la trouille au ventre. Je cours jusqu'à l'école, dépose mes deux exemplaires reliés accompagnés d'une version sur CD. "Bonjour T., comment allez-vous ?" Un peu pressé. J'ai un train à prendre. J'ai chaud.
Il fait évidemment très chaud le jour où vous êtes sanglé dans un pantalon de costume noir, une chemise qui vous empêche presque de respirer, et dans une cravate qui finit le travail.

Gare du Nord. Ligne 4. Ligne 1. La Défense. Le rendez-vous est dans vingt minutes. Un Perrier, s'il vous plaît. Je m'allume une cigarette. Puis une autre. Puis une autre. Je resserre ma cravate, fais briller mes chaussures, jette un dernier coup d'oeil, et entre dans la tour qui sera peut-être celle dans laquelle je passerai toute l'année à venir...

L'entretien se passe bien. Le poste a l'air beaucoup plus intéressant que je ne me l'étais imaginé. Mais c'est de l'inconnu. Je suis un peu excité, vachement effrayé. Je leur dis l'inverse. Ambiance très "grosse entreprise". Froide. Et droit au but. On échange un peu, puis l'une de mes deux interlocutrices revient sur mon C.V. 

"Dans vos hobbies, vous indiquez Lille 3000... M'enfin, c'est pas un hobby, ça. Ce n'était qu'une fois !" Là, on entre dans ce que je maîtrise, sans doute mieux que quiconque : Lille, ma ville, mon amour, et ce qui s'y passe. Je leur parle de mon village, de Lille 3000 version Inde, de mon implication dans l'événement, de l'expo Pinault prochaine et des saisons à venir en 2008, 2010 et 2012. Je leur parle un peu de mon blog, relais de tout ça, et de Lille en général. 

"Ce pourquoi je m'implique dans la vie et la ville de Lille, c'est que l'image d'épinal gravée dans l'inconscient collectif est très sombre, très tristre. Or, dès que les gens creusent, qu'ils prennent le temps de s'y intéresser, ils se rendent compte que c'est une ville fabuleuse. Et j'aime savoir que je contribue un peu à redorer un peu ma ville dans l'esprit des gens. C'est un peu le cas avec ce métier et le genre d'entreprise que vous êtes." Sur ces mots, et sur quelques sourires, l'entretien se termine.

Je me balade un peu. O. m'appelle. Elle va à un entretien, elle aussi, et me rejoins après. Perrier aux Marroniers le temps que j'appelle C&T. Coupe de Champagne au Trésor, amplement méritée. A. m'appelle, puis L.. Puis O. qui sort de son entretien. J'avance pour la rejoindre. Un homme m'arrête, rue St Merri. "Vous avez oublié vos lunettes de soleil, la dernière fois. Je savais que vous passeriez, je les ai, là." Je bloque un peu, puis le voit entrer chez Addicted. Il en ressort, mes sunglasses à la main. "C'est complètement dingue !" C'est vrai, c'est quand même complètement dingue. Après maints remerciements, je continue ma route. A Beaubourg, en face de la fontaine Niki de St Phalle, des p'tits mecs jouent du jazz. O. arrive. Je suis content de la voir.

Une douche, un T-shirt, un jean, un coup de fil à C., et on part. Direction Wine and Bubbles, rue des Lombarts. Mais d'abord, je passe voir mon C. au Wolf. Lui aussi, je suis content de le voir. Il a l'air fatigué, mais tout aussi ravi de ma présence. Je lui raconte les dernières nouvelles, avec plus ou moins de détail. Lui me parle de cette opportunité de boulot, en Suisse, payée 25000 € mensuel. O. bloque sur la somme, je bloque sur l'éventuel départ.

Après lui avoir promis de le tenir informé de l'évolution des choses et de ma vie, je l'abandonne après un dernier sourire pour une soirée biture au champagne. O., moi, des clopes, un soupçon d'inquiétude quant à l'avenir et une bonne bouteille de champ'. Une soirée parfaite. La bouteille est déjà bien bien entamée, et moi déjà bien bien détendu quand mon téléphone sonne. C'est Mlle E. Elle va, accompagnée de l'Homme, passer me faire un coucou.

Une robe de soie verte, un barbu à ses côtés, je reconnais ma Parisienne-Glamo-Bloguo-Lilloise préférée. S'en suivront éclats de rire, blablas de bloggueurs, de lillois, de filles et de pédés, de boulots et de projets éventuels. De tout ça et de rien. Je suis content de la voir. Soit la troisième fois en quelques heures. Mlle E, ma princesse, je vais pas en parler pendant des heures. Un fluet de voix charmant pour des phrases assassines et drôles, drapé de style et de charme. Le tout accompagné d'un Homme bello et gentil comme tout. Je repense alors à Mamie Aud, Fodsy, Ditom, ou ma Fée chouchou, ces rares bloggueurs from Paris rencontrés, ces personnes si incroyables. Je finis par croire que tous les bloggueurs sont des gens fabuleux.

L'Homme commence à frôler l'apoplexie, je leur rappelle qu'ils sont certainement en retard pour leur dîner. Quelques bisous, et puis s'en vont. Pour O. et moi, la soirée se finira quelques heures plus tard.

Le lendemain matin, un ciel gris nous reveille. Une douche réparatrice de ce sommeil trop court, et plusieurs cafés au Starbucks en bas. Là, assis dans cet habituel breakfast de la rue des Archives, O. et moi essayons de travailler sa soutenance de mémoire. Sans grand succès. Très vite, trop vite, le soleil nous appelle. Et après un coup de téléphone à mon C&T, nous voilà en route pour la journée la plus nonchalante et ensoleillée vécue depuis longtemps...

On remonte la rue de Rivoli jusqu'au Palais Royal, à la recherche de cette boutique Marc Jocobs dont Mlle E nous a parlé la veille. Sans grand succès. A la place, on retrouve les colonnes de Buren, le soleil qui joue avec les reflets de la fontaine au fond du jardin, un musicien de hautbois, et une atmosphère de vacances qui nous siéra pour l'heure qui suit.

Là, assis sur les rebors de la sus-nommée fontaine, O. et moi ne comptons plus temps. On parle de voyage, de vacances. On s'imagine habiter ici, au Palais Royal, avec vue sur ces jardins. On m'imagine vivre ici. On déconnecte totalement de la réalité. Le soleil nous réchauffe la peau et les esprits.
Alors au moment de reprendre la route, O. me prend le bras et déclare "C'est une vraie parenthèse..."

- Enchantée ?"

- C'est exactement ça..."

Et ce sera vrai pour toute la journée à venir... 

Après être restés là, à ne rien faire si ce n'est à rêver, nous voilà repartis pour jouir de Paris, du soleil et de Paris sous le soleil. On essaie Vélib. Enfin, j'essaie d'essayer Vélib. Mais on a rien compris. Tant pis, une prochaine fois. En attendant, j'entraine O. vers un de mes endroits favoris. Arrivés place Edouard VII, je suis une nouvelle fois effaré de la beauté de cet endroit, totalement coupé de l'agitation parisienne.
Un passage express chez Zara, puis chez Zara Home, histoire de voir ce que ça donne. De fait, un Zara Home va bientôt s'installer dans le village. Alors autant voir ce qui nous attend. Et c'est moche. Enfin, c'est pas moche, mais rien de tout ce qui s'y trouve ne rentrera jamais chez moi.

Il fait trop chaud. Il faut se changer. Retour dans le Marais pour changer de chaussures et me mettre ma paire de sunglasses nouvellement retrouvées sur le nez. Puis passage aux Tuileries. Très bref. Trop de cris de gosses, c'est insupportable.

Par hasard, on se retrouve chez Colette. Le temps d'essayer un April splendide, argent, et définitivement trop petit. Je demande la taille au dessus. Ils ne l'ont pas. Le vendeur, le même bello que la dernière fois, me demande quel taille j'avais pris la dernière fois. Je lui annonce que j'ai d'ailleurs finalement acheté celui que je lui avais refusé. "Vous l'aviez pourtant trouvé 'too much' !" Ben ouais...
Je lui demande s'il sait si ce modèle sera sur Lille dans ma taille. Il me dit qu'il n'en sait rien, et relève le fait que je sois Lillois. "Ca arrive à des gens biens, vouis savez...!" Sourires. On échange deux trois banalités quant à ce jean splendide, mais définitivement importable au boulot. Je maudis A. au passage pour m'avoir bousillé le cerveau et biaisé mon regard modesque avec ses "pas assez corporate, chéri !".

Je redescends sans jean et retrouve O. un CD à la main. Quant une ravissante vendeuse, au charme à vous couper le souffle m'aborde. "Le jeune homme là-haut est trop timide pour vous donner ceci". Son numéro de téléphone. Je souris, la remercie, et voit O. qui enrage. Je sors me fumer une clope pendant qu'elle essaie de passer en caisse.

A peine m'a-t-elle rejoint qu'elle me balance "Mais comment tu fais pour avoir, à chaque fois que tu viens, un numéro de téléphone de beau gosse en quelques minutes !?! T'es pourtant pas si beau que ça...!" Le truc le plus méchant du monde. Je la regarde horrifié. Elle tente de se rattraper par une pirouette me comparant à Brad Pitt, et faisant l'éloge de mon charme. Pétasse.

On continue notre promenade par un passage place Vendôme, quelques essayages chez Diesel, une visite du Louvre des Antiquaires, un retour dans le Marais pour une tentative aux Marroniers sans succès, et une San Pellegrino bien méritée au Comptoir des Archives un peu plus haut.

On a marché des kilomètres et des kilomètres durant toute la journée. Il n'est que 19.00, mais déjà la faim se fait sentir. Une salade Archives chacun, au bricks de chèvres absolument sompteux. A l'image de l'apollon qui nous les sert. Un verre d'Alligoté pour la forme. Et une addition plus que raisonnable. Je profite de ces derniers instants parisiens. Annonce à O. que je serai à nouveau sur Paris jeudi, pour une conférence de presse. Elle, revient vendredi soir dans le village pour la Braderie.

Je rentre enfin dans son appartement. Me change à nouveau, attrape ma valise, lui claque une bise et file vers la Gare. Je serai sur Lille à 22.00. Je retrouve M. et L. pour un drink au Bar Parallèle. La chaleur aura sévit ici aussi. La terrasse est blindée, mais Y. me bloque une de ses tables dehors, le temps que je m'y installe.
Martini pour tous, et blablas de toute sorte. M. se prend un verre d'alcool pour la première fois et s'est achetée des lunettes Chanel, L. part à Londres se chercher des chaussures. J'ai le sentiment d'être parti pendant des millénaires. Le drink durera jusque minuit et demi. J'aurai appelé C&T une énième fois, le suppliant de m'attendre. Il m'aura manqué ce con.

La prochaine fois, c'est décidé, il viendra avec moi. Encore que, si ça tombe, la prochaine fois, il viendra me rejoindre dans cette ville qui sera mienne...


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