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Théories du Développement

Publié le 01 mars 2009 par Saucrates

Réflexion sept (1er mars 2009)
Esther Duflo

Esther Duflo (née le 25 octobre 1972) est une jeune économiste française, actuellement professeur au Massachusetts Institute of Technology où elle détient la « chaire Abdul Latif Jameel sur la réduction de la pauvreté et l'économie du développement ». Après des études d'histoire à l'École normale supérieure, elle se tourne vers l'économie sur les conseils de Thomas Piketty. Elle réussit une maîtrise d'histoire et d'économie en 1994, puis un DEA d'économie en 1995. Elle sera assistante de recherche de Jeffrey Sachs et de Daniel Cohen.
En 1999, le département d'économie du MIT l'engage en tant que professeur assistant, pendant son son doctorat. Elle consacre sa thèse, intitulée Three Essays in Empirical Development Economics (Trois essais sur l'économie empirique du développement), à l'évaluation économique des projets de développement. Elle obtient le statut de professeur associé en 2002, à l'âge de 29 ans. Elle obtient le prix Elaine Bennett pour la recherche de l'American Economic Association en 2002, prix qui récompense une femme de moins de quarante ans dont les contributions en recherche économique sont exceptionnelles. En 2005, Le Monde et le Cercle des économistes lui décernent le prix du meilleur jeune économiste français. Elle est co-rédacteur des revues 'Review of Economics and Statistics' et 'Journal of Development Economics', et rédacteur fondateur de la revue 'American Economic Journal: Applied Economics'.
Elle a été nommée en fin d'année 2008 professeur au Collège de France où elle détient la première chaire internationale d'économie « savoirs contre pauvreté », cofinancé notamment par l'Agence française de développement. Le cours inaugural de sa leçon s'intitulait : "Expériences, sciences et lutte contre la pauvreté" (8 janvier 2009).
Son domaine de recherche est l'économie du développement, en particulier la santé, l'éducation, et l'accès au crédit. Elle s'intéresse tout particulièrement au développement d'expériences sur le terrain comme méthode d'analyse des causalités en économie, c'est-à-dire à l'évaluation scientifique, avec groupes témoins dans des expériences de terrain, comme en sciences dures, de toute politique économique ou de développement économique.
Ces cours au Collège de France sont accessibles sur internet à l'adresse
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Son champ de prédilection est ce que l'on appelle la microéconomie, de façon toutefois très divergente de ce que l'on entend normalement par microéconomie. La microéconomie est le plus souvent entendue comme une science mathématique d'agrégation des comportements rationnels des acteurs économiques, pour permettre l'élaboration d'une théorie du grand tout, de l'équilibre général walrassien. Esther Duflo ne voit pas la microéconomie comme cette science de la modélisation, mais au contraire comme une estimation sur le terrain de l'expérimentation en situation réelle de phénomènes économiques ou de comportements économiques.
L'économie, pour elle, doit être une science humaine, aussi rigoureuse et impartiale qu'une science grâce à l'expérimentation, aussi humble et condamnée à l'erreur qu'une science humaine, généreuse et engagée ...
Mais son approche expérimentale pose selon moi une problématique, de la même manière que l'expérimentation pose problème en matière de médecine, dès lors qu'elle s'applique à des individus, à des êtres humains ... et non à des choses, à des objets, comme dans d'autres sciences expérimentales (en physique ou en biologie). De quelle légitimité dispose l'expérimentateur pour décider qu'un groupe témoin recevra un placebo ou verra sa maladie se poursuivre, et qu'un autre groupe choisi aléatoirement disposera d'un traitement expérimental qui sera peut-être capable de le soigner ?
Le problème est le même, selon moi, en économie expérimentale ou en économie du développement expérimentale ... De quel droit un expérimentateur, tel Esther Duflo, peut-il décider que tel groupe aléatoirement sélectionné se verra proposer telle ou telle méthode ou expérience économique, qui lui permettra de réussir à se développer, et que tel autre groupe, par l'aléa du hasard, en sera exclu, ou se verra imposer des méthodes de culture moins intéressante, susceptibles de causer de la misère ou la mort ? Cette méthodologie en économie a le défaut de placer l'expérimentateur dans un rôle pratiquement de divinité, pour lequel celui-ci n'a aucune compétence ni aucune légitimité pour décider du devenir d'autres individus ... Cette méthode ne peut pas être appliquée dès lors qu'elle impacte les chances de survie ou de vie meilleure d'individus, que ce soit en économie ou en médecine ... La méthode d'expérimentation n'a véritablement sa place que dans les sciences portant sur des objets ou des phénomènes non vivants !

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