Un Hiver avec Baudelaire… de Harold Cobert.
Un livre sobre, joli, attrayant grâce à une illustration différente, énigmatique et simple.
Un thème qui pourrait nous rappeler toutes ces émissions qui ne cessent de nous mettre en alerte sur l’univers malmené des sans abris, SDF, clochards…
Et un auteur qui balaye par une écriture magnifique le côté racoleur en nous envoyant une explosion de tendresse et d’émotion en plein cœur.
Sa femme l’a mis dehors, son CDD n’est pas prolongé. Philippe est happé dans la spirale infernale et passe de l’autre côté de la barrière sociale : SDF, confronté à la dure loi de la rue, faite de solitude, de honte et de violence. Jusqu’au jour où il rencontre Baudelaire. Grâce à cet inénarrable compagnon d’infortune, et avec l’aide d’un vendeur de kebab, d’une riche veuve et d’une dame pipi, il réussit à remonter la pente. Et à retourner à une vie normale.
Plongée sans fard dans le quotidien des plus démunis, Un hiver avec Baudelaire, en mêlant romanesque et vérité sociale, poésie et âpreté, rappelle cet équilibre précaire qui régit nos vies.J’ai lu ce livre en quelques heures, 267 pages où l’on plonge irrémédiablement dans l’univers de Philippe, le personnage principal.
On l’observe vivre, survivre, sombrer sans jamais devenir cinglé.
On s’attache à lui, on ne veut pas refermer le livre de peur que le pire ne lui arrive. Un regard bienveillant, l’espoir qu’il s’en sorte… et puis cette rencontre avec Baudelaire.
Le personnage par qui l’on comprend qu’avoir du cœur c’est donner sans compter.
Il m’est finalement difficile de parler du livre sans trop en dire, d’autant que j’ai été plus que séduite par le style de l’auteur et le parcours des personnages.
J’ai lu il y a peu le premier roman d’Harold Cobert « Le reniement de Patrick Treboc », un très bon livre (qui ferait un très bon film), mais sans concession ce nouvel ouvrage apporte une dimension supérieure à l’auteur.
« Un hiver avec Baudelaire » c’est plus qu’un roman, c’est la société, le regard de chacun et la prise de risque. Un job, un appart, une famille… Et puis d’un coup plus rien. Les premiers jours sont-ils les plus difficiles ?
Pas d’histoire de dignité au travers de ces lignes, nous sommes juste confrontés à la difficulté d’avancer lorsque l’on n’a plus rien, si ce n’est l’amour d’un enfant que l’on ne voit plus.
Se sauver pour qui, pour quoi ? Et puis comment ? Il y a des êtres qui spontanément vous tendent la main, et d’autres qui font de vous « une ombre sur un mur… »
Cette année mon coup de cœur littéraire est le roman de Dominique Dyens « Délit de fuite », mais là c’est autre chose qu’un coup de cœur, c’est un coup d’amour !
L’auteur a réussi à me faire pleurer tendrement, la gorge nouée durant 30 pages de suite !
Je suis admirative de l’écriture d’Harold et croyez-moi, en tant qu’éditrice, je lis énormément de textes.
C’est donc d’autant plus aisé pour moi de dire que quand on écrit et raconte une vie, une histoire, un fait, une société comme le fait Harold c’est qu’on a en face de soi un grand écrivain dont on va entendre parler longtemps.
Un grand bravo et un immense merci pour ce temps de lecture magique Monsieur Harold Cobert !
Sortie officielle le 7 mai 2009 dans toutes les librairies.
ISBN 978-2-35087-115-8
19 € TTC
Editions Héloïse d’Ormesson.
À noter que l’auteur va reverser une partie de ses droits au Fleuron Saint-Jean, la péniche dont il est question dont le roman et qui héberge les sans abris en les aidant aussi par le biais d’une aide sociale, avocat et même vétérinaire pour les animaux qui accompagnent parfois les SDF.
Une interview en ligne prochainement.