Grêlons de flammes d’un feu toujours menteur ,
Doux poison d’un rêve a jamais destructeur ,
On dit que l’amour n’est que vengeance, qu’il n’est que chimères,
Viens, dis leurs qu’il l’est vraiment, et pourtant l’on s’y donne encore ...
Ce maudit tourment qui se prélasse tel un ivrogne au fond d'une taverne,
Admirant sa soif et ses désires se multiplier comme l'hydre de Lerne.
Ô mais ciels et terres se sont creusés et se sont faits nues
Contrastant l’union de deux anges déchus ...
On avait beau transformer les médire en louanges ,
On avait beau cacher ce qui nous ronge et les arrange,
Rien n’y faisait la nature n’était pas heureuse pour les fous ,
Ni fleurs ni pluies ni orages, nul hécatombes ne fument sacrifiées,
Pauvre de nous…
« Voyez : c’est le même gouffre dans lequel vous replongez encore,
Aucune âme insatiable ne mérite réconfort,
Je ne serais point témoin de ce blasphème
Et en votre union ne cherchez nul yidam ! » disait le jour indigné .
Quand a la nuit elle répliqua consternée :
« Buvez a ne plus en pouvoir du fleuve de Léthé ,
Effacez ces souvenirs étalés sur terre telle l’eau de mer âcre et salée ,
Je laisserais de moi vos cris stridents et vos rires trompés de larmes;
Puisque c’est ma douceur hostile qui berça vos pauvres âmes ...»
Tu vois mon ami, ce n’est pas parce que la lune se couche qu’elle est morose,
Acceptes mon bouquet de flammes, et que ce malheur nous abattant nous redresse !
Je te tiendrais comme le temps t’a fait, pâle et l’âme perdue,
T’emportant vivant dans la mort pour t’aimer a perte de vue …
Peinture : Paul klee , La Mort et le feu (Tod und Feuer),1940 .