Salauds de gauchistes !

Dessin : www.nietweb.com

En me baladant sur les blogs, j’ai remarqué qu’il y a une insulte très tendance en ce moment : il s’agit de « gauchiste » ! Et quand les mecs sont super méga inspirés, en général ils ajoutent juste derrière un très original « bien-pensant ! ». Pan ! Prends ça dans ta gueule. Mais bon, quand ils sont de bonne humeur, il n’est pas rare de se retrouver parfois avec un simple « gauchiste », vu qu’on a jugé que c’était tellement péjoratif que le terme se suffisait à lui-même.

Au début, moi, je n’avais pas capté. Je lis « gauchiste », et bêtement, j’attends la suite… jusqu’à ce que je comprenne que y’avait rien d’autres, c’était une insulte, point barre. Et puis, à force de tomber dessus, j’ai compris qu’en plus d’être une insulte, il y a un vrai phénomène de mode qui se cache derrière. Etre de gauche, ça craint. C’est même carrément la honte. Et téméraires que vous êtes, si vous osez révéler votre secret, fort à parier que votre interlocuteur, (surtout s’il est de droite), vous imagine déjà à Woodstock en train de fumer un gros pétard et se fait dans sa tête un remake de Hair.

Bon, alors évidemment, ceux qui ont cette vision de la gauche ne sont pas précisément des « gauchistes ». Un mec de gauche qui dirait à son camarade « espèce de gauchiste », avouez que ce serait un sketch quand même. Non, non, ce sont très souvent des gens de droite. Parfois, ils sont tellement à droite qu’on ne les voit même plus sur la photo, tu vois le genre. On pourrait les appeler les droitistes... mais non, ça ne le fait pas. Nous dirons « des personnes proches de la droite », simplement. C’est plus classe. Les mots en « istes », ça fait trop désordre, trop négligé, trop prolo, trop… gauchistes.

Après, y’a le côté bien-pensant. Ca me fait trop rire ce terme. En fait, dans 99 % des blogs de droite, à chaque fois qu’il y a un débat, le premier truc qu’on vous met à la tronche, c’est « Ouais, c’est normal que tu dises ça, t’es un gauchiste bien-pensant ! ». Oui, parce que vous ne le saviez peut-être pas, mais la « bien-pensance » est de gauche. Si, si, je vous jure, elle a sa carte d’électeur et tout. Aux dernières élections, 53 % des français ont élu Sarkozy (je ne compte pas les scores des Le Pen et autres « minorités visibles » de l’extrême). Pourtant, la bien-pensance, elle, est restée à gauche comme une looseuse la pauvre. Et moi qui croyait qu’il fallait être majoritaire pour faire émerger une « bien-pensance ». En fait, non, la bien-pensance est éternellement à gauche. En même temps, tant-mieux vous me direz.

Parce qu’être contre la bien-pensance, c’est marrant mais ça veut quand même dire qu’on s’auto-revendique comme un mal-pensant. Donc, les mecs, on pourrait penser qu’ils se tirent une balle dans le pied tous seuls… Mais en fait non. C’est plus fin que ça car ici, les rôles sont inversés : Etre bien-pensant, et donc de gauche, c’est être un mongole niais en mode Francis Lalanne peace and love. Et être un mal-pensant, c’est la classe internationale : t’es méchant, on te la fait pas à toi, t’es un chasseur de tête, autoritaire, sérieux, t’as une rolex avant 50 ans, t’as pas raté ta vie quoi, merde ! C’est ça la classe, faut tout vous expliquer ou quoi.