Magazine Journal intime
Par cette douce et solennelle nuit je cherche ma débandade,
De ce corps étendu prés de moi, froid et las, la fin de la berquinade,
Il est là immobile, paisible, placide et inoffensif tel un arbre en feuilles,
J’en aurais presque oubliés que c’est d’arbres qu’on fait les cercueils,
Implorant les hauts dieux touchés de repentances,
Contestant la rudesse et la rugosité de ma sentence :
« Antique disciple d’Artémis, ne jamais faillant a ma tache !
Détruisant si bien sans avoir recours à nul eustache !
Pourrait-il être le juge de mes audaces sans qu’il ne le sache ?!
Ciel ! Serait-ce bien possible de tirer d’une si vertueuse chose !
Un si cruel et lugubre mal qu’est le mien ? »
Ce mal qui élève les sots au rang des sages,
Et ou le chasseur se retrouve barricadé dans sa propre cage…
A damner, a vouloir condamner je n’ai plus d’alcades,
Et ce pauvre cœur abusé poursuit désenchanté ses sérénades,
Démon ennemi de mes ataraxies,
Mes mains demeurent orphelines de son corps et de sa féérie…
Et je ne puis refuser de m’offrir volontiers en otage,
A cet Aigre plaisir mêlé de cette douce rage,
Je sais que peu ou rien de lui me faut attendre,
Je garderais quand même contre le feu ce qui me met en cendre…