Magazine Journal intime

Dominique Dyens

Publié le 04 mai 2009 par Elisabeth Robert

Délit de fuite 

Dominique Dyens est une très belle femme, fine au regard magique. Je ne connaissais rien d’elle et puis lors d’une soirée j’ai eu l’opportunité de la croiser.

En quelques secondes j’ai eu l’envie d’en savoir plus… Et pour ce faire, rien de mieux que de lire son dernier roman.

Je me suis donc rendue dans ma librairie pour m’offrir « Délit de fuite » paru chez Héloïse d’Ormesson. Pour ceux qui lisent ce blog de temps à autres, vous savez qu’il s’agit de mon coup de cœur de l’année.

Une écriture si fluide, un livre construit comme une trajectoire définie, sans détour, sans fioriture.

Je lui ai demandé si je pouvais lui poser quelques questions, gentiment elle m’a accordé ce temps de réponse…

Présentation de l'éditeur :
Anne Duval, trente-six ans, célibataire, mène une brillante carrière dans la publicité. Elle incarne la femme libre. Libre ?

Un trois décembre, tout bascule.

Anne craque, prend la tangente et s'enfuit au hasard des routes. Au bord de la folie, elle échoue dans un hôpital psychiatrique à Clermont-Ferrand.

A sa sortie, elle est assignée en qualité de témoin dans une affaire de meurtre. Que s'est-il passé ? Qui est cet homme tapi dans l'ombre qui semble lui voler son histoire ? Drame porté par une écriture acérée et une mécanique diabolique, Délit de fuite est la rencontre d'un Machiavel et d'une femme prise au piège de son inconscient.


Biographie de l'auteur :
Auteur notamment d'Eloge de la cellulite et autres disgrâces (2006), Dominique Dyens renoue ici avec le suspense psychologique qui fit le succès de son premier roman, La Femme éclaboussée. Elle vit à Paris.

-Dominique, quelle a été la première fois où tu t’es mise à écrire (avant même de penser à la publication) ?

Il y a eu plusieurs premières fois. A neuf ans. A vingt-trois et enfin une vraie première fois, beaucoup plus tard, à la naissance de mon troisième enfant.

-Et est-ce que ce moment a été déterminant ?

Oui il a été déterminant. J’étais en pleine crise professionnelle. Je venais de remettre mon métier en question et de prendre conscience que j’abordais la seconde partie de ma vie. Il m’a semblé que je n’avais plus de temps à perdre et j’ai trouvé le courage de faire ce que j’avais toujours rêvé de faire, c'est-à-dire écrire. 

-Comment t’installes-tu lorsque tu écris ? Tu as des rituels ? Tel bureau… dans un café ?

Je m’installe tous les matins vers neuf heures devant mon bureau américain auquel j’ai rajouté un fauteuil assorti. L’ensemble est beau mais en réalité j’écris dans une position tout à fait inconfortable ! ! Devant moi, j’ai scotché un dessin d’Ixène. On y voit un écrivain et une femme assis sur un banc. La femme s’exclame : « Ecrivain ? Formidable !»  puis elle rajoute : «  Et sinon, vous faites quoi dans la vie ?». J’adore. Sur mon bureau, j’ai des objets anciens. Un très vieux téléphone en bois et bakélite, des pots à crayons victoriens, dont un éléphant, un vieux cendrier publicitaires (je ne fume plus depuis longtemps), une joli boîte de 12 plumes, un cadre avec la photo de mes enfants. Dans des casiers, il y a l’œuvre complète de Molière en petit format et édition ancienne, « Dominique » d’Eugène Fromentin, que je n’ai pas encore lu mais que j’ai acheté il y a des années chez un bouquiniste pour sa couverture et son titre, l’édition japonaise de la Femme éclaboussée, une vieille trousse d’écolier garnie en cuir des années 50…Des papiers, des dossiers et bien sûr mon ordinateur !

Je n’ai pas vraiment de rituels à part boire du café (américain aussi !) toute la matinée. Généralement, j’écris jusqu’à 14 heures. Lorsque je suis en vraie période d’écriture, je vois peu d’amis et ne déjeune jamais à l’extérieur. 

-Penses-tu qu’un roman s’écrive tout d’abord en soi durant un certain temps avant de le faire naître ?

Absolument. Je crois qu’on porte une ou plusieurs histoires en soi pendant des années sans les formaliser par écrit. Parfois il ne s’agit pas d’histoires mais simplement d’une vision. D’un personnage qui nous accompagne. En ce qui concerne « Délit de fuite », cela faisait plusieurs années que je voulais bâtir quelque chose autour d’une femme en fuite. J’avais des images très précises. Par exemple, je savais que mon personnage habitait rue Delambre. Et qu’elle attendait le grand amour.

-Passes-tu beaucoup de temps à relire tes textes ?

Beaucoup. Et c’est ce que je préfère. Relire et corriger. Améliorer. Travailler la fluidité, le rythme, les rimes, les silences, la musique. Le sens aussi, bien sûr.

-Qui est ton premier lecteur ?

Mon mari.

-Comment te vient l’inspiration ?

Souvent, elle me vient quand je me laisse conduire sur une route en écoutant de la musique. J’ai remarqué que mes idées naissaient souvent en voiture…

-Choisis-tu toi-même les titres de tes ouvrages ? Tu peux nous expliquer comment cela se passe ?

J’ai toujours trouvé mes titres, sauf pour « c’est une maison bleue ». Généralement, je trouve d’abord le titre et c’est lui qui donne l’impulsion à l’histoire.

-« Délit de fuite » ferait un très bon road movie, qu’en penses-tu ?

Absolument ! J’attends que les producteurs le lisent !! Et puis Claude Chabrol ou David Lynch (Je ne m’interdis jamais de rêver !) !  L’un pour le côté psychologique un peu étouffant, le portrait de femme et la montée en puissance du suspens, l’autre pour l’aspect fantasmatique et la mise en abîme de l’histoire !

-Le personnage d’Anne Duval est à la fois touchant et « border line », as-tu été à la rencontre de ce genre de personnes, comment faire pour réussir à autant mettre en avant la douce folie d’une personne ?

Je pense que nous avons tous et toutes en nous une potentielle folie. Anne Duval pourrait être l’une d’entre-nous et c’est pour cette raison, peut-être, qu’elle nous touche. Si « Délit de fuite » décrit une vie alternative à laquelle la plupart d’entre-nous ont heureusement échappé, nous avons tous expérimenté la solitude (Même un temps très court) et il suffit d’imaginer les ravages qu’elle peut engendrer chez un sujet psychologiquement fragile…

-Tu es en pleine promotion pour cet ouvrage, tu t’es même rendue à Londres pour une séance de dédicaces, est-ce que le fait de te confronter aux lecteurs après être restée dans l’ombre (le temps de l’écriture) t’apporte un nouvel enthousiasme ?

C’est essentiel. Je mets généralement deux ans pour écrire un livre et ce sont deux années durant lesquelles je me sens assez seule et où je doute beaucoup. Le contact avec les lecteurs me dynamise. Me redonne l’envie et le courage nécessaires pour à nouveau affronter cette longue période d‘isolement. C’est pour cela aussi, que j’ai envie d’écrire pour le cinéma. Pour alterner les moments d’écriture. Et échapper un peu à la cohabitation parfois difficile que je mène avec mes personnages.

-As-tu un nouveau projet de livre en tête ?

Oui et non. J’hésite. Souvent j’ai en tête l’idée d’un livre très différent du précédent et je crains toujours de décevoir mes lecteurs. En fait j’ai plusieurs idées mais aucune n’est encore à maturité. C’est maintenant que les angoisses vont commencer !

-Quelles sont tes lectures favorites du moment ?

Je lis surtout les auteurs anglo-saxons.

-Peux-tu nous parler de tes goûts musicaux ?

Je suis une fille des années 70. Donc les Beatles, Leonard Cohen, Bob Dylan, les Pink Floyds, les Stones, Santana…Mais aussi Bach et Schubert…Sans oublier la bonne variété française… !

-Ma question finale est toujours la même : es-tu une femme heureuse et te reste–t’il encore des rêves à accomplir ?

Je suis une femme heureuse. Sur le plan professionnel, j’aimerais beaucoup écrire pour le cinéma. Des scenarios et des dialogues et travailler aussi en équipe. 


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