Magazine Journal intime

Une égyptologue unique...

Publié le 06 mai 2009 par Papote

Il y a quelques mois, je vous parlais de Robert Badinter comme étant quelqu'un que j'admire beaucoup... Je vous rassure, je ne recommence pas le panégyrique mais dans mon Panthéon, il faut également citer Madame Christiane Desroches Noblecourt.

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Son nom ne vous dit peut-être rien mais c'est l'une des plus éminentes égyptologues françaises.
D'abord parce qu'elle fut pionnière à bien des égards dans l'exercice de sa profession (première femme directrice d'un chantier de fouilles, première femme conservateur du Louvre, première femme membre de l'Institut Français d'Archéologie Orientale du Caire...), ensuite, parce que son oeuvre fut incroyable !
Et, non, je ne fais pas du fanatisme forcené parce que si, entre autres, elle est Commandeur de la Légion d'Honneur, Commandeur des Arts et Lettres, Grand Officier de l'Ordre de la Libération égyptien, médaillée de la Résistance et Officier de l'Ordre National du Mérite, ce n'est pas que pour faire joli sur son CV !!!

Au titre de ces actions les plus connues, il y a le sauvetage des temples de Nubie lors de la construction du Haut Barrage d'Assouan, l'organisation de deux des plus grandes expositions sur l'Egypte antique en France (Ramsès II et Toutankhamon), la sauvegarde de la momie de Ramsès II, la rénovation de la vallée des Reines...
Ce qu'on connaît moins, mais qui n'est point négligeable, c'est son rôle dans la Résistance dès le début, notamment en organisant le déplacement vers la zone libre d'une grande partie du département de l'antiquité égyptienne du Louvre au moment de l'Occupation afin que l'Allemagne nazie ne puisse s'emparer de ces trésors...

Cette femme pleine d'obstination et de passion fut capable, dans l'urgence de l'instant, de déclarer à l'UNESCO que la France sauverait un

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temple nubien menacé d'être englouti par les eaux du lac Nasser mais dont personne ne voulait se charger car le "sauvetage" était compliqué (on ne pouvait employer les mêmes méthodes que pour les autres temples. Je vous fais grâce des détails techniques...). Donc, une fois qu'elle eut engagé son pays, il fallut en parler au Grand Chef de la Mère Patrie, à savoir le Général de Gaulle, or il prit ombrage du fait qu'elle ait pu agir de la sorte sans son accord à lui (il était un tantinet personnel et chatouilleux sur son domaine décisionnaire !). Il lui reprocha d'avoir engagé la France sans avoir été, au préalable, habilitée mais, pas démontée, la Dame lui répondit du haut de son mètre cinquante huit : "Mais, Général, dans mon humble domaine, je n'ai fait que m'inspirer de votre action. N'avez-vous pas, un jour, fait cette déclaration sublime dont nos cœurs gardent encore l'écho :  « La France a perdu une bataille, elle n'a pas perdu la guerre » ? Aviez-vous pris, à cette époque, le temps de consulter le gouvernement ?" et la France prit en charge le sauvetage du temple d'Amada...

J'ai eu la chance de la rencontrer quand j'avais 17 ans, alors qu'elle faisait une séance de dédicace d'un de ses livres (mon préféré, je crois) "La Grande Nubiade". J'étais la dernière à passer et, visiblement, elle avait envie de prolonger un peu le moment et a donc engagé la conversation avec moi sur l'Egypte antique et sur l'Egypte moderne...
Ca a peut-être duré un quart d'heure ou vingt minutes mais je me sentais baignée par sa prodigieuse érudition... Du grand bonheur !

Madame Desroches Noblecourt, je m'incline bas !

A bientôt !

La Papote


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