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Le lièvre de patagonie

Publié le 07 mai 2009 par Lejournaldeneon

LE LIÈVRE DE PATAGONIE
LE LIÈVRE DE PATAGONIE
MÉMOIRES
DE CLAUDE LANZMANN
par Zelig
Il est des livres comme celui-ci, il y en a peu, qui vont avoir plusieurs vies, plusieurs relectures. Le lire une fois appelle nécessairement à sa relecture et sa lecture est nécessaire, oh combien !
Ce livre ressemble à son auteur, il a son âge, celui des ses artères, de ses blessures, celui de ses combats et des ses engagements. Il a la mémoire de ceux qui ont tout vécu à cent pour cent, sans concession aucune au misérabilisme intellectuel ambiant, aux trahisons, aux défections devant l’ennemi, au lâchage en rase campagne. Ce livre ressemble à l’auteur par cette exigence absolue, cette nécessité d’exigence qui fait appeler un chat un chat et pas autre chose.
LE LIÈVRE DE PATAGONIE
Quelles pages fortes, que celles qui ouvrent le livre. Je l’ai ouvert juste pour voir, occupé que j’étais avec un autre livre. Je n’ai pu m’en défaire avant que de l’avoir terminé, presque à regrets de l’avoir lu si vite même si j’ai volontairement ralenti mon rythme de lecture, profitant de chaque moment pour revenir sur les pages précédentes.
Quelle exigence, quelle constance, quelle obsession lui a-t-il fallu pour mener à bout son projet sur « Shoah ». Il l’explique avec des mots, des suites de mots, des torrents de mots qui emportent et émeuvent tant que bien souvent il m’a fallu arrêter la lecture. Une lutte inégale, une course contre la montre, un besoin impérieux de dire et montrer tout ce qui ne pouvait être dit ni montrer pensait-on et il l’a fait. Il faut lire ces pages pour comprendre, il faut les faire lire et relire aux abrutis qui l’ont hué et sifflé lors de je ne sais plus quelle cérémonie où il remerciait ceux qui l’avaient aidé à faire ce film, à bâtir ce monument. Ils ont par là même une nouvelle fois insulté la mémoire de ces victimes. Je me souviens qu’il a promené son regard noir sur eux et a continué à parler. Dans son livre, il ne parle pas de cet épisode. Il n’avait pas de temps à perdre avec ces imbéciles.
Il faut lire ce livre pour les pages consacrées à Israël. Là aussi il met les points sur les « i ». Lui, le compagnon de route de tous les mouvements de libération, il défend Israël avec une ardeur qui n’exclut pas la critique. C’est clair, il sait, ce que d’autres n’ont toujours pas compris. Il n’y a qu’à lire ses pages, courtes et définitives sur la lutte des algériens pour leur indépendance, sa proximité avec eux et sa déception du régime d’Alger d’aujourd’hui. Une déception qui ne délégitime en rien l’engagement qui a été le sien jusqu’aux accords d’Evian.
Il faut lire les pages, fortes de tendresse, où il raconte Sartre et Beauvoir, et les amours, et les amitiés. Il faut les lire et les relire.
Il faut lire ce livre d’un amoureux de la vie, qui avoue qu’il a vécu et voudrait encore et encore vivre, pousser toujours plus loin la ligne du possible.
Zelig
Le 6 Février 2009

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