Magazine Journal intime

Terminus

Publié le 17 septembre 2007 par Thierry

Certaines périodes de la vie semble n'être plus teintées que d'une seule couleur. Quand vous rencontrez votre cher et tendre, la vie devient rose et vous passez le plus clair de votre temps avec lui ou à penser à lui. Quand vous commencez un nouveau job, tout devient noir à l'instar de votre costume et de vos chaussures Patrick Cox.
Et quand vous êtes un lillois sur le départ c'est cette couleur-ci qui devient celle qui semble être la seule que vous voyez. Et les Gares Lille Flandre / du Nord les endroits où vous semblez passer toute votre vie.

Terminus
Ma vie en ville est remplacée par une vie en gare. Les allers-retours entre Paris et Lille deviennent l'activité qui me prend le plus de temps, les contrôleurs ont remplacé C&T, le site web de la SNCF est mon nouveau site de e-commerce principal. Mon compte bancaire compte plus de retrait de la SNCF que de déjeuners dans le village ou d'achats de chaussures. le TGV est mon nouveau chez-moi. Les gares mon nouveau bar.

Après avoir passé plus de temps en gare ce dernier mois avec un à deux allers-retours par semaine à Paris, je me retrouve aujourd'hui Gare Lille Flandre, encore. Sauf que cette fois, ce ne sera pas pour moi. Moi ce sera demain. Aujourd'hui, je viens embrasser L. qui part, elle aussi, pour Paris.

J'aime les gares. Des sacs, des valises, des souvenirs passés ou futurs, les gares ont quelque chose de spécial. Synonymes de départs, d'arrivées, de joie ou de larmes. Synonymes d'inconnu ou de retrouvailles. De découvertes ou de retour. Un homme qui arrive en gare a forcément le sourire. Mais pas forcément une femme.

L. arrive à peine dix minutes avant le départ de son train. Son stress est palpable. Sa tristesse tangible. Mais le tout est teinté de cette excitation typique de ces étudiants qui quitte le rêve pour le monde. L. est là. A regarder son train. A regarder sa maman. A me regarder, moi. Le thorax à la fois gonflé à bloc et gonflé de tristesse, c'est la peur qui maintient le tout à l'intérieur. On la regarde partir. Je sais que je la verrai dès le lendemain. L. arrive à peine dix secondes après le départ du train. Elle n'ont pas pu se dire au revoir.

Triste moment. Pour l'une qui n'a pas vu sa pote partir. Pour l'autre qui visualise bien trop concrètement son départ à quelques semaines d'avance. Pour la première qui sait que le moment sera à revivre dans trop peu de temps. Restons dans la Gare. Pour un café, une clope, n'importe quoi. Faisons durer ce moment, dans ce lieu si étrange. Lieu de passage et pourtant lieu de toutes les tristesses, de toutes les retrouvailles, d'inconnu, de départ ou de retour.

Le café des gares, c'est toujours moche. Glauque. Triste. C'est pas fait pour y rester. Et pourtant L. et moi enchainons les Marlboros devant nos trop petits cafés. On parle de choses, de rien...

Demain, je serai Gare Lille Europe. L'autre Gare. Pour un départ, encore. Un des derniers...


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