Magazine Journal intime

Les Voyages Forment La Jeunesse.

Publié le 02 juin 2009 par Mélina Loupia
Oui, ça, c'est ce qu'on dit.

J'en doute pas.

C'est même très vrai.

Mais ça déforme aussi les doigts.

Les majeurs.

Très important le majeur.

Mais bon, c'est normal, c'est le plus long, donc le plus exposé aux accidents et collisions en tous genres.
Et ce, quelque soit l'endroit où le majeur effronté se trouve.

En l'occurrence, il se trouvait en Allemagne, chez nos amis teutons.

Or, il était pas parti tout seul, bien que majeur de son état.
Il était rattaché à mon moyen, mineur et vacciné.

Un programme d'échange franco-allemand, qui fonctionne du tonnerre depuis plus de 20 ans entre 2 collèges.

20 ans d'allers et retours, d'échange de langues, de coutumes, de présents, d'enfants, de parents et de tout un tas de réjouissances.

20 ans de bonheur, d'amitié, de joies.

" En 20 ans, jamais aucun accident."

Alors mon moyen et son majeur ont décidé que 20 ans, c'était 20 ans de trop, qu'il fallait là briser cette routine.

Ils ont décidé d'aller se faire un bowling germain.

C'est alors qu'une boule de bowling, ivre sans doute, s'est mise bille en tête de tester la résistance du majeur de mon moyen. Genre.

La boule a gagné.

Le majeur a cédé dans un craquement de branche de noisetier pas tout à fait sèche.

Je n'ai pas assisté à la scène, mais le bruit du téléphone à 23h30 m'a probablement fait le même effet que la boule sur le doigt.

"Allô maman? Je suis à l'hôpital, majeur fracturé, je vais te passer le radiologue, il parle pas trop bien le français."

Je suis dans le cellier, je tiens le téléphone des 2 mains, comme si je portais mon bébé que soudain, je revois tout rose, tout serein, avec seulement 2 minutes de vie à son actif, à ma merci.
La totalité de mon sang descend malgré moi dans mes pieds et remonte aussi sec dans ma tête, sans trop savoir comment il va faire pour tourner à nouveau à la normale sans moi, incapable de gérer quoi que ce soit que les battements du coeur de mon enfant et son majeur brisé.

J'entends et j'attends que quelqu'un vienne me donner des nouvelles, même étrangères.
Un jeune médecin d'après sa voix, spécialiste des radios d'après ce que je peux comprendre de mes restes de cours d'allemand de 4ème, m'explique lentement qu'à priori, la fracture est bonne, et qu'une opération ne sera peut-être pas nécessaire. Il balbutie qu'il ne sait pas comment transférer en France le dossier pour un suivi, mais que son professeur d'allemand sera là demain matin. Il me souhaite une bonne soirée, une bonne nuit et au revoir, danken.

Et le bruit du téléphone qui coupe.

Et le conjugué qui vient blaguer avec moi au cellier, pensant que je suis encore pendue au téléphone avec une Noisette, une bretonne, un journaliste...

Et qui blêmit quand je lui annonce la nouvelle, qui peste contre les boules de bowling allemandes.

Et demain la semaine qui reprend.
Et le boulot.
Et le reste.
Et l'interné qui repart au lycée, peu convaincu de la fin de l'année et celles à venir.
Et le benjamin qui part en Auvergne mercredi dès l'aube avec la classe, à reculons, tellement il peut plus gérer les brimades.
Et le moyen qui doit rentrer jeudi matin très tôt, et dont j'ai tellement hâte qu'il soit à la maison, complétant la 5ème place, la plus mal foutue pour mater la télé en mangeant.
Et le conjugué qui n'a plus vraiment envie de jouer les jeunes vendeurs dynamiques avec des collègues qui n'en sont plus vraiment et des convictions envolées.

Et ces putains de journées.
Qui durent toutes 24h, mais qui ne sont jamais assez courtes ou longues quand on le voudrait.

Là, tout de suite, j'ai envie d'être à vendredi soir.
On sera 5 à s'engueuler à table, un qui mange trop, l'autre pas assez, et qui se tient pas droit, et qui cache la télé, et qui parle trop fort, et qui se sert toujours en 1er, et qui traite son frère.


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