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La « police internationale de la Toile » de Nadine Morano

Publié le 05 juin 2009 par Errances

modemA Lire ICI un article concernant les idées et souhaits de madame Morano concernant la mise en place d’une police de l’internet. Afin de couper court à toutte crituique qui m’accuserait de faire (justement) de la critique systématique, je tiens à préciser que, d’une part, je travaille dans l’informatique, dans une société qui gère des réseaux mondiaux énormes, et que d’autre part étant webmaster et créateur de sites internet depuis des années, je suis bien placé pour voir techniquement parlant les tenants et les aboutissants de ce que veut faire madame Morano.

Dans un premier temps, on ne peut qu’approuver le désir affiché de nos élus de vouloir éradiquer la pédophilie d’internet. Quand à la manière d’y arriver, là je suis beaucoup plus incrédule. La seule manière d’éradiquer la pédophilie sur internet serait d’éradiquer les pédophiles de notre société. Malheureusement je ne voit pas comment ce serait possible. Les déviances de l’ame humaine et les abominations qui vont avec ne sont pas nées avec internet. Internet est un outil pour les délinquants en tous genres, qui leur permet d’accélérer leurs activités. Mais ces outils qui leur facilitent la vie nous la facilitent également sur de nombreux points. On a pas mis en cause l’automobile qui permettait aux braqueurs de banques de s’enfuir plus vite après leurs méfaits! A t’on mis en cause le téléphonne qui permet aux truands s’appeler,  a t’on interdit les cabines publiques ou les cartes téléphoniques prépayées par le fait qu’on ne peut pas identifier leurs utilisateurs? Non bien entendu!

L’idée de madame Moreno est de bloquer certains sites, d’en interdire tout simplement l’accès, à partir si j’ai bien compris d’un nom de domaine ou de l’adresse Ip fixe qui lui est associée. Techniquement, il me faut en gros trois minutes pour enregistrer un nouveau nom de domaine, guère plus de temps pour associer ce nouveau nom de domaine à un hébergement que j’ai pu ouvrir, lui aussi en un temps record, dans des pays d’europe de l’est ou autres. Le plus compliqué est de payer ces noms de domaines et hébergements sans laisser de trace, et l’on sait que se procurer des numéros de cartes bleues bidons sur internet n’est pas si comliqué que celà!

Donc imaginons que je sois un pédophile dont le site vient d’être “bloqué”. Je n’ai pas pour autant été identifié et, il me faudra dans le pire des cas 24 heures pour qu’un nouveau site soit en ligne (et encore!), pour que j’aie pu envoyer à tous mes utilisateurs la nouvelle adresse, et que je puisse donc recommencer mes horreurs au nez et à la barbe de votre “police de la toile”, madame Moreno! Donc le blocage du site n’a servi qu’à éparpiller ses utilisateurs, et les renvoyer ailleurs, sans apporter aucune soluton au problème.

Je n’ai pas voulu, pour ne pas saouler mes lecteurs avec de détails techniques dont ils se foutent royalement, envisager d’autres solutions technologiques encore plus “étanches” vis à vis d’une “police du web”, je pense à l’utilisation de machines zombies, de communications par VPN (réseaux privés virtuels), toutes solutions que n’importe quel technicien moyen en informatique est à même de mettre en place, totalement gratuitement et en un temps record!

Si l’on souhaite traquer les pédophiles sur internet, il est sans doute beaucoup plus intelligent et efficace de les prendre à leur propre piège, en se faisant passer pour des “proies” sur les forums et tchatt’s ou ils vont “draguer”.

Donc, ce qui me chiffonne dans cette affaire, c’est le problème suivant: Si moi, petit ingénieur informaticien dans mon coin je sais que ce genre de choses est techniquement inutile et sera de toutes facons sans effets notables, il doit bien y avoir au gouvernement des gens au QI et aux compétences largement au dessus de ceux votre humble serviteur qui le savent aussi bien que moi. Ce qui m’amène donc à penser que tout celà n’est, encore une fois, que de la poudre aux yeux, et que le but est tout autre  que la traque des pédophiles ou autres grands délinquants sur internet.

Je pense que le but de toutes ces manoeuvres est de mettre en place tranquillement un flicage d’internet, de notre vie de tous les jours. Mettre en place également des moyens simples et discrets de museler l’opinion. Tout gouvernement sait qu’il faut museler l’opposition par tous les moyens, et le flicage d’internet en est un.

Celà procède des mêmes rêgles qu’aux USA, quand, sous prétexte de guerre au terrorisme de l’apèrs 11/9, on a envahi l’Irak qui n’avait rien a voir avec ces terribles attentats, on a mis en place des moyens de controle internationaux entrainant dans le même mouvement les pays soi disant démocratiques dont la France fait partie. C’est la même manière de fonctionner que la Chine qui filtre internet et enferme ses dissidents.

Tous les ingrédients sont là. Tous les jours sortent de nouvelles petites pièces d’un puzzle qui se construit petit à petit. Nous verrons bientôt le résultat d’une stratégie de longue date, qui vise à noyer toute contradiction sous une chape de plomb qu’on apelle la censure! On porte plainte contre une internaute pour avoir osé écrire “oh la menteuse”, on licencie un employé de TF1 qui a osé dire qu’il était contre Hadopi…

Je ne suis pas simplement alarmiste. Je constate simplement que notre gouvernement et ses pairs ne supportent pas un outil qu’ils ne peuvent pas controler. Les Sarkozy, Morano et leurs acolytes ne lacherons pas le morceau. Pour eux internet est la chose la plus profondément insupportable qui soit… Mais internet est comme ca, et rien n’y pourra changer. Heureusement!


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