Ces derniers temps, je me fais un peu rare sur la blogosphère. Je suis ailleurs. J'ai récemment découvert Facebook à titre perso et ça m'a plu. Détail non anodin, j'y ai repris mon nom de jeune fille, auquel j'ai accolé le nom de mon mari puisque je sévis dans le monde depuis dix ans sous son patronyme à lui. J'ai décidé de lancer ma prochaine recherche d'emploi sous ce "nouveau nom".
On peut parler de vraie transition en ce qui me concerne, en ce moment. Cela fait dix ans que je suis enceinte ou entourée de très jeunes enfants, et que je déplore de ne pouvoir avoir une activité professionnelle à moins de reverser tout mon salaire ou presque aux nounous et aux impôts, pour le "plaisir" de ne pas élever mes enfants moi-même. Et là on y est. Ca me paraît absolument incroyable. Dès la prochaine rentrée scolaire tous nos enfants suivront leur propre scolarité, aux frais de l'Etat, me rendant ainsi ma liberté. Pour la petite, il est plus que temps. Elle va en garderie deux jours par semaine, mais entre deux et trois ans, ce n'est pas suffisant. Heureusement, ici il y a les parcs, les squares, et les bonnes copines. Je n'ai jamais été ou presque si bien entourée. Encore ce matin, j'ai reçu quatre copines sans chichis, invitations ni falbalas; toutes sont venues sans rechigner papoter à leur aise, avec leurs petits, et pour finir m'ont proposé de garder la petite un après-midi ou un autre, à l'occasion, pour ma recherche d'emploi ! Je ne suis pas habituée à de tels égards et franchement, je ne vois pas ce qu'une nana de mon âge peut rêver de mieux en ce bas-monde, à part le prince charmant, les jolis enfants et la maison de campagne. Il se trouve que j'ai tout, sauf "la carrière", et je compte bien m'y mettre dès...dans deux mois.
Eh oui, j'ai une chance folle, je peux même prévoir le début de ma recherche d'emploi, au retour de notre sixième été de travaux donc, dès la dernière quinzaine d'août ou approchant. Je tiens beaucoup à ce mois complet de travaux avec mon petit mari qui aura ses premières "vacances" depuis deux ans pour cause de changement de job l'année dernière, et durant lesquelles nous comptons bien aménager en grande partie le premier étage. Histoire que les trois grands n'aient plus à dormir dans le même lit.
Peut-être que les parents qui se sont arrêtés depuis longtemps pour élever leurs enfants me comprendront, mais pour l'instant mon actualité c'est un fort manque de confiance en moi professionnelle. Je ne sais plus à quoi ressemble une entreprise ni ce que je suis vraiment capable de faire. Car, à part tenir un blog et gérer une famille de sept personnes...
Comment expliquer que je suis sur le pont 24 heures sur 24, que ma maison est toujours propre et bien rangée malgré le manque d'espace, que mes gamins ont leur garde-robe prête une année à l'avance, que je suis la reine des soldes et du budget limité, que je ne prends jamais de vacances pas même le week-end et que...ça vaut quelque chose. Comment expliquer ça à un ou une cadre quarantenaire qui n'a pas d'enfant ou dont c'est la nounou qui s'en occupe, qui ne se doute pas de l'affairement que nous devons avoir, du travail que tout cela représente, des efforts que j'ai dû déployer pour faire tout le reste malgré tout : de vrais plats pour sept, et chaque jour, des courses gargantuesques, les comptes, l'administratif, le repassage, l'organisation de la moindre chose, vaccins, appareils dentaires, kiné, anniversaires,... et même un blog et des relations sociales.
Je ne sais pas si je vais supporter que l'on me laisse entendre que je n'ai pas travaillé depuis dix ans, ou que l'on me fasse payer mon manque d'expérience professionnelle et d'ancienneté dans un secteur. Evidemment. Mais moi au moins je ne me noie pas dans un verre d'eau. Je peux encaisser deux licenciements successifs de mon mari, et me mettre sans broncher à lui chercher un job sur internet...et le trouver. Il faut dire qu'il a un autre CV que le mien. Je peux tenir tête à n'importe quel membre du corps médical qui voudrait me faire rentrer dans une case que je jugerais inappropriée (quatre accouchements à l'hôpital vous forment une femme!) Je peux laver en vitesse une bétonnière avant d'aller faire cuire mes pâtes, tout en douchant les pieds de ma fille qui a barboté dans le ciment, et répondre au téléphone. Je peux m'imposer parmi une belle-famille hostile et prévoir qu'il va me falloir la durée du premier mariage de mon mari pour être tolérée...et avoir raison. Je peux être rejetée par mon beau-fils pendant neuf ans et ne pas lâcher le morceau jusqu'à ce qu'il m'apprécie, et me demande à moi, et à personne d'autre, de bien vouloir le raser pour la première fois. Je peux aussi organiser des dîners pour vingt d'un jour à l'autre. Je peux repasser deux heures d'affilée trois fois par semaine. Je peux supporter dix ans à ce rythme de fou, en m'oubliant la plupart du temps, et en attendant des jours meilleurs.
Alors je vais avoir du mal à me faire envoyer bouler parce que je ne maîtrise pas excel ou que je ne sors pas de telle école de truc. Avant d'avoir une famille nombreuse, je n'étais ni organisée ni courageuse. Il faut juste que j'accepte l'idée d'avoir tant ramé, rien économisé sur mon temps ou ma fatigue, et que cela n'ait aucune incidence sur mon image professionnelle.
Mais tout cela est bien pessimiste. Il m'est pourtant arrivé un truc cocasse dernièrement à ce sujet. Je suis allée rencontrer un conseiller de Verte-Ville emploi, qui n'a rien à voir avec le Pôle emploi, pour mettre en relation entreprises et habitants de cette ville (encore un truc de ouf à mettre au crédit de la municipalité; j'adore cette ville!) et je me suis carrément fait conter fleurette par le type qui m'a reçue.
"Quatre enfants! s'est-il exclamé; et bien on ne dirait pas!" puis, en marmonant dans sa barbe "Cette femme!"
Eh oui, je suis incroyablement belle et sexy malgré mes pontes à répétition, ai-je failli lui répondre, vous avez un emploi pour moi?
Bon, immédiatement après il a hoché la tête devant mon CV : "Un profil atypique...Les plus durs à caser.."
Bon, d'accord. Mais je peux continuer mon régime et postuler pour le concours de Miss Monde si vous voulez.
Deux minutes après il me proposait de postuler pour un emploi d'assistante commerciale dans une boîte de transports, avant que je fasse ma princesse. Comment le dire ? Je ne souhaitais pas redevenir assistante commerciale. Je n'avais pas envie de périr d'ennui dans un open space. Je préfèrais mille fois faire quelque chose d'un peu "humain" ou "culturel" comme tout ce qui transpire de mon CV.
Il faut dire que ma dernière expérience était celle d'une assistante commerciale dans l'immobilier. Nul n'est parfait.
Je suis ressortie de là contente de ma prestation, moi qui devais bosser dans des mois de là et pouvais donc me payer le luxe de raconter n'importe quoi au conseiller emploi qui me proposait de postuler à côté de chez moi.
Ma grande question est depuis celle-là : quand on manque de confiance en soi, qu'on n'a jamais eu de "carrière" à proprement parler, faut-il se lancer dans le premier job venu et perfectionner ses compétences (à supposer qu'on en trouve un, il paraît que c'est la crise!) ou faut-il attendre de rencontrer un profil de poste qui corresponde à nos aspirations ?
Mes copines me disent toutes d'attendre et de ne pas me brader. Le bons sens de ma carte bleue me dit de gagner du fric et de me caser quitte à démissionner plus tard coûte que coûte.
Deux mois !