…Comme tous les matins, il eut besoin de tout son courage pour soulever le poids de son corps et s’extirper de ses draps. Il en avait marre de se réveiller comme ça, toujours de mauvaise humeur et de penser qu’il allait passer le restant de la journée à baver de l’hypocrisie d’un système qui broie ses propres éléments pour survivre….
Les gens normaux appelaient ça, le travail, mais lui le voyait plus comme une potence, une tyrannie imposée par voie de faits et non autrement…
Ceux qui travaillent sont ceux qui sont dans le besoin. Le besoin est une faiblesse plus qu’autre chose, puisqu’il vous pousse à faire des choses que vous n’auriez jamais faites si vous étiez nés autrement…comprenez riches !
Il est dans le besoin, lui. Du moins pour le moment !
Il est dans le besoin, tant qu’il est incapable de vivre sans payer. Payer le loyer, l’électricité, le pain, les clopes, les putes…tout a un prix ! Et ce prix se décline en nombre d’heures travaillées pour s’offrir le bien en question. Il travaille quelques minutes pour la valeur d’un pain parisien, quelques heures pour un paquet de rouges, et quelques jours pour une passe avec Chaimaa.
Chaimaa, elle, a sa propre conception du travail. Un échange abrupt, singulièrement basique mais suffisant à ses besoin d’affirmation en tant que personne active, indépendante, et surtout dans le besoin elle aussi. Quand elle parle de son travail, elle dit non sans afficher un rictus malin : « je fais dans le bio ! »…
Tout le monde travaille. Toute le monde fait quelque chose en contrepartie d’une rétribution, laquelle servira à payer un objet, un service, une illusion…Tout a un prix, alors. Tout est matériel, ou « matérialisable » à souhait. Mais, pourquoi nous gave-t-on de valeurs ? Pourquoi passons-nous, le plus grand du temps à parler de vertu, de sentiments…de bonheur !
Le bonheur n’existe pas…parce que le bonheur n’a pas de prix dit-on.