Tu as balancé ton swing bad man. Pendant cinquante printemps et des poussières. Quarante sur les planches, danseur étoile. Cheveux crollés. Pour terminer pantin brisé à la couleur douteuse. De sexe androgyne. Lifté comme une vieille ratée. Fantôme déglingué de prince charmant. Tu n’arrives plus à te réveiller ? Le monde t’a échappé. Comme Blanche Neige.
Tes dollars inondaient la terre. Tu as même racheté les Beatles. Après avoir été superlatif musical, tu as versé dans la guimauve, roulé dans la farine. Usurpateur de rêves d’enfants, malgré toi ? Tu as frisé la déchéance. Un vrai parc d’attraction à toi tout seul. Généreux comme pas deux. Capable de négocier certains silences. Cela faisait quelques années que tu avais du mal à te respirer, soul man. Réclamé par tes fans, tu refaisais surface de temps à autres. Ce n’est pas ta première réanimation. Quelques come back foireux avec remise à flots. Des coups magistraux. La générosité d’un roi et sa tyrannie. Tu vas manquer aux enfants malades, bambi. Reviens ! Tu t’étais déjà perdu dans la forêt des hommes, pop man. Remonte une dernière fois, ta main sur ton entrejambe. Balance moi une de tes audaces rythmées. Une composition de ton acabit. De celles que personne n’imagine encore.
C’est dommage, t’as fini de jouer. T’es mort. La meute de tes fans va s’arracher tes fringues. Tu vas te faire vendre aux enchères avec tout ce que tu as touché. Des milliers de people vont te saluer et parler d’icône et d’immensité en versant larmes et fleurs. Face à tes dettes abyssales, ta musique est notre héritage. Rock comme une symphonie. Le génie pardonne les égarements. Tu as sublimé les notes en les rendant mutantes. A nous deux on est le monde. Personne ne pourra nous le retirer. Tu vas me manquer. Mais je ne pleure pas. Je suis content pour toi. Tes démons ont quitté le thriller d’enfer qui te gâchait la vie. Tes tourments sont finis. Je me sens bien. Encore trente trois petits tours et puis s’en vont….