L’hirondelle n’est plus au dessus du toit. Le hussard non plus. J’irais bien hurler à la lune. Comme un bon loup garou. Mais j’ai perdu la foi du prédateur. Juste envie de pisser. Plus question de me battre pour un territoire. Je persiste par atavisme… pas par survie. Je suis le dernier des concombres masqués. Super résistant en costume de premier communiant. Personne n’arrivera à me bluffer. Je connais l’imposture comme ma poche. Et par ces temps de crise….Plus moyen d’être dupe. J’ai l’étoffe d’un héros. L’instinct fatigué du déserteur romantique. Comment résister à votre pire ennemi? Ce type dépressif dans le miroir qui vous ressemble comme deux gouttes d’eau. Alors que le paradis se cache tout bêtement dans les détails de la partition. Entendez-vous le rythme de mes décalages ? Sans les mains…sans instrument. Passé cinquante piges, la fatigue s’attaque au moral à mon corps défendant. Ce dernier ne discerne plus ce qu’il défend. Mon dos en prend par-dessus la tête. Les contre-ordres se succèdent en désordre. J’ai l’adrénaline qui bouille à plein régime et le cœur qui joue des castagnettes. Tout va bien succède à l’envie morbide. Sur courant alternatif, je ne tiens pas en place. Demain, c’est promis, j’irai renouer avec l’espoir. Demain tout sera merveilleux. Demain n’engage à rien. Je jetterai du pain au canards ou aux hélicoptères. Je décollerai du plus haut du plus fou de mes rêves. En courtes culottes ou en smoking, je me ferai mondain ou mendiant ou les deux en même temps. Capable de parler de tout comme un avocat véreux ou de jouer de l’harmonica pleurnichard dans un western spaghetti. Mes Santiags gratteront la caillasse sur les routes de Memphis ou de Macao. Je serai enfant camionneur au cœur fragile. Gitan grisonnant distillant ses « ola » comme on offre sa tendresse…Je collectionnerai les pinups découpées dans de vieux calendriers jaunis. Je tatouerai “à ma maman” sur mon épaule musclée. En souvenir de la pluie, des grêlons et des timbres du roi Albert, je ramasserai les souvenirs d’enfance à la petite cuillère. Je les déverserai à la mer. J’irai manger un sandwich mou sur la tombe d’un poète au long cours. Le coucou qui sonne les espoirs insensés s’endormira enfin.
Fini l’addiction aux images de la télévision. Le zapping passera en zone interdite. Mes doigts boudinés retrouveront le chemin du clavier libéré. Hors mon fauteuil avachi, comme son maître, je profiterai de mots balbucinants. J’écrirai les interdits. Je me sais capable de tout. De rediriger un satellite. De me mettre en orbite. D’être mon propre spoutnik. Homme caviar, généreux donateur de leçons. Prophète et manipulateur. Machiavélique et doux comme un agneau en côtelettes. J’irai où la folie des hommes s’arrête. A cheval sur l’horizon, sans tambours ni trompette, jambes écartées, je crierai l’espoir à mille et une générations. Tout n’est pas foutu. Hier n’était pas meilleur. Les radoteurs ne vaudront jamais tripette. Vivent les imposteurs, les prometteurs de beaux jours, les doux rêveurs et les bonimenteurs…
En face de chez moi, un merle moqueur se lance dans un blues improbable. Pas dupe, le chat se lèche les babines. Quelques notes de plus, monsieur le merle ….pour finir mes fraises… je vous en prie. Le jour s’approche. C’est magnifique ! Accrochons nous !