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Parles m’en ou tais toi !

Publié le 10 mai 2009 par Ppadn

Parles m’en!

A l’ombre de Bruxelles en fête et sur son trente et un, sous les fenêtres tristes d’un quartier vidé de ses habitants, sur la dalle courant d’air où l’on ne fait que passer… quatre cent citoyens ont figé l’instant. Sous le regard complice de badauds étonnés, ils ont défié les règles sacro-saintes du chacun pour soi. En oeuvrant, de concert, à leur tentative immobile, ils ont marqué l’espace-temps de leur geste sans prétention.

Pour contourner les lois de la pesanteur d’une vie prévisible? Pour faire la nique au stress ou à la « crisomanie »? Pour s’approcher de l’immortalité des dieux ?

J’étais l’un deux. Surpris de m’alléger alors que mes muscles s’engourdissaient en position figée. Heureux de m’extraire du monde des vivants, j’existais plus que jamais. Satisfait de partager un même silence, je savourais, debout, un vieux rêve éveillé. Incapable de voir plus loin que ne le permettait mon champ de vision, j’étais parfaitement capable de ressentir le cercle d’énergie que nous dégagions. J’entendais ma mémoire respirer au rythme de mes pensées. Je voyageais au gré du flux des passants qui zigzaguaient entre nous. Je les voyais s’amuser, s’étonner de la dérision surréaliste de nos poses théâtrales. Je les devinais repartir, sans les voir vraiment disparaître.

Alors que, seuls, en couples ou en bandes, nous avions calqué nos masques sur un ressenti collectif, nous avions tous choisi une expression singulière. Fiers de participer à l’illusion, passagers de la comédie universelle, peut-être tentions nous de laisser notre empreinte reposer sur la dalle? Alors qu’à cent mètres, portes ouvertes, le parlement, qui ment plus qu’il ne parle ? , distribuait ses gadgets électoraux , comme autant de bonbons promesses acidulées, …nous savourions la conviction de ralentir l’inéluctable. Sous l’œil indifférent des citadelles buildings où se débattent nos représentants, le spectacle du freezing était offert sans engagement. Mais qui profite du mirage aux alouettes ? Qui s’enrichit de cette promesse d’enfants qui agitent leurs silences comme autant de bouées à la mer ?

Comme les interprètes d’une 9ème qui se la jouerait iconoclaste, musiciens apolitiques aux instruments imaginaires, nous serons plus nombreux la prochaine fois.

Parles m’en ou tais toi !


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