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Une semaine irréelle

Publié le 02 juillet 2009 par Dalyna

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Je n’arrive pas à y croire. T’es en train de me dire que Michael est mort ? T’es sérieux là ? Ca fait une semaine, et pourtant, je n’y crois toujours pas mon pote.

Pourtant, on a sorti l’artillerie lourde. La semaine dernière déjà, après avoir vidé mes larmes, je faisais les soldes avec ma sœur et dans les boutiques, en plus de la TV, c’était Michael en boucle. Je commande à l’opticien un produit pour lentilles de voyage. Il me demande c’est pour aller où et je ne peux alors lui cacher mon désarroi : je devais voir Michael, et maintenant je vais simplement à… Londres. J’ai pas envie d’y aller du coup, je veux m’enfermer dans ma chambre et plus en sortir, mais ces fuckings tickets ne sont ni échangeables ni remboursables bien-sûr. Alors, chose surprenante : Il me répond que sans être fan, il n’arrive pas à y croire. Et chose encore plus surprenante, j’ai limite envie de la faire comme les fans d’Elvis. J’ai envie de lui dire « Approche coco, et garde ça pour toi : t’as du mal à y croire, tu sais pourquoi ? C’est parce qu’il N’EST PAS mort, tout simplement, tout ce délire depuis hier c’est un sketch. A cette heure-ci, Michael, il est en train de trinquer avec Farrah Fawcett aux Bahamas, qu’est-ce que tu crois… ». Mais je me reprends et je me contente de prendre mon produit lentilles.

La veille, je faisais partie des téléspectateurs captivés, les mains sur le visage, où l’on ne pouvait apercevoir que mes yeux effarés, rivés sur l’écran de I-télé avec son fucking bandeau « Michael Jackson serait mort ». Ouais, à cette heure-ci, Michael n’était mort qu’au conditionnel. Et ça va vous paraître  con, mais je rêverais de retourner à ce moment-là car pauvre de moi, à ce moment précis, je croyais à l’énième fake. Tout y est passé dans ma tête : C’est une stratégie pour ne pas faire la tournée, ou alors Al Qaida qui se fout encore de notre gueule, l’ETA, les Martiens, tout.

Et puis c’était vrai. A entendre partout les mêmes chansons. En général, cela se limite à diffuser « Thriller » et « Billie Jean » parce que pour beaucoup, Michael c’est surtout ça. Pour la plupart de ceux qui tenaient l’antenne le jour de sa mort, ça n’est QUE ça. Ca et pédophilie of course. Mais Michael Jackson, ça n’est pas ni l’un ni l’autre pour moi. Et pour cause, née en 1980, c’est dans le berceau que j’aurais dû le découvrir. Pour moi, les premières images de Michael, Ce sont d’abord un perfecto noir de rebelle que je découvrais à 8 ans,  un entêtant « Who’s bad » qui ponctuait la fin du refrain de Bad, et qui est vite devenu une sorte d’hymne dans les cours de récré de mes années primaire.

Michael, c’était le King. Celui de ma génération, celui à qui nous voulions ressembler, celui qui nous inspirait et nous faisait rêver, plus que quiconque. Au-delà de la musique, Michael, c’est un look. Et à l’âge des découvertes, son apparence émerveillait mes pupilles. Il faut dire qu’il y avait de la matière : entre son gant scintillant, ses chaussettes blanches, ses tenues princières ou extravagantes, ses pantalons trop courts et ce visage entre le noir et le blanc, je ne savais plus où donner de la tête. Alors j’essayais de lui ressembler. Ouais enfin… avec les moyens du bord. Je voulais mettre du Srapadrap blanc sur les doigts comme il avait l’habitude de faire, et ma mère, elle me sort quoi ? Du vieil handsaplast orange moisi. J’ai demandé une chemise en satin violette comme dans Smooth Criminal, et officiellement, ma mère m’a dit que y’en avait pas dans les magasins. C’était une gentille façon de me dire qu’elle n’avait pas 3 millions de dollars pour m’acheter une chemise haute-couture. En revanche, y’a un truc de Michael dont on avait grave les moyens : les chaussettes blanches.  Ben ouais, on fait avec ce qu’on a.

Michael Jackson, c’est aussi des choses plus personnelles. C’est ce combat fraternel que nous nous faisions avec ma grande sœur, où chacune défendait sa star, elle Madonna, moi Michael, toute une époque, vive les eighties. Cette guéguerre interminable où la surenchère de la vanne entrainait surtout des éclats de rires dans notre chambre. Michael, c’est mon premier album acheté au Club Dial. Michael, c’est ma trousse que je fixais en cours quand je m’ennuyais. C’est Dangerous et une pochette chargée dont j’ai du observé le moindre recoin. Michael, c’est des années de stocks de magazines « Black and White », d’enregistrement de K7 vidéo dès qu’il passait à la TV. Les exclus notamment : Première diffusion de « Black or white » et la technique du morphing. Des heures devant le magnéto ensuite à appuyer sur pause pour voir comment on pouvait passer d’un visage à un autre sans rien remarquer à l’œil nu. Michael, c’est cet artiste qui m’a fait connaître « Le Mans », en lisant en article où une fille de la région disait qu’elle avait pu rencontrer Michael. Je ne sais pas pourquoi, ça m’a marqué. Michael, c’est maman qui me faisait rêver qu’il n’y avait aucun trucage quand le corps de Michael descendait tout près du sol tout en restant debout. Michael, c’est mon adolescence et ses paroles réconfortantes. Ce n’est qu’après que j’ai découvert Thriller et le clip chef d’œuvre. Je rêvais d’être la fille qui le plantait au ciné en niant « I wasn’t that scared ». Sauf que moi, je ne l’aurais jamais planté bien-sûr, même en loup garou.

Michael, ce n’était pas une Star, c’était LA star. Michael, c’était un message de paix et un exemple. On s’est loupé de peu, c’est dommage. Je n’ai pas demandé le remboursement, je n’en veux pas. Je préfère les billets. Ultime trace d’un rendez-vous manqué, mais aussi un moyen d’exiger un Moonwalk privé dans une autre vie. Je crois que je mérite bien ça quand même.


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