Je suis sûre que ça vous manquait, hein ?
J'ai reçu un mail de Van Helsing appelant à signer une pétition afin de permettre l'ouverture d'un grand débat sur l'hôpital public et son avenir. J'avoue très humblement que je connais vaguement les problèmes liés aux hôpitaux, pour en entendre parler dans les médias mais que je n'ai jamais réellement approfondi la chose.
Du coup, hier, je l'ai fait parce que je n'aime pas signer sans savoir et parce que si c'était vraiment important, il fallait que je relaye l'information de la façon la plus efficace possible.
Il faut savoir et reconnaître que, jusqu'à présent, notre système de santé était reconnu partout dans le monde comme l'un des plus efficaces et des plus performants en matière de qualité.
Ce n'est pas un hasard si les britanniques viennent se faire soigner en masse chez les froggies ! Un autre exemple avec cette vidéo d'une émission américaine qui tourne depuis un moment sur le net et qui en fait état entre autres choses :
Cela fait plusieurs années qu'on entend parler des problèmes de l'hôpital public et du personnel y employé. En effet, entre les numeri clausi draconiens depuis une vingtaine d'années, qui ont entraîné une pénurie de personnel et les aberrations de l'application de la loi sur les 35 heures en milieu hospitalier, entre autres, il y a déjà de quoi faire !
Mais nous avons aussi un système de santé basé sur l'égalité d'accès aux soins grâce à la solidarité du système de la Sécurité Sociale, ce qui nous permet d'être soignés non pas en fonction de l'épaisseur de notre portefeuille mais en fonction des soins que notre état nécessite.
Au jour d'aujourd'hui, tout cela est en passe de disparaître, des projets de réforme de l'hôpital public et les propositions de monsieur le sénateur Gérard Larcher entraînent un dangereux risque de "privatisation" des hôpitaux publics.
En effet, il est avéré que 29 des 31 CHU (Centre Hospitalier Universitaire) sont déficitaires alors que certains groupements privés comme La Générale de Santé (pour ne pas la citer) versent des dividendes à faire rêver Robert Maddof.
Il est donc impératif de résoudre ce problème.
L'Etat, visiblement, une fois encore ne juge pas que le fait de réduire sans cesse l'enveloppe budgétaire puisse être un réel problème de fond.
De même qu'il ne juge pas que le trou de la sécu puisse être résorbé par le montant des cotisations à l'assurance sociale pour tous ses employés qu'il oublie allègrement de verser chaque année...
Non, pour l'instant, les moyens mis en oeuvre résident dans la suppression de plus en plus de remboursements ou la multiplication des refus de soins aux titulaires de la CMU...
Ce serait un peu comme lancer un grand emprunt national pour résorber le déficit budgétaire quand le Président s'accorde 200 % d'augmentation de salaire... (Hum, je m'égare...)
Donc pour remédier à cette situation, l'Etat, par la voix de Roseline Bachelot et de son fameux projet de loi, envisage notamment :
- de supprimer des services médicaux- "d'encourager les petits établissements, dans le cadres des communautés hospitalières de territoire, à se reconvertir dans l’accueil des personnes âgées ou dans les soins de rééducation" (donc si vous faites une crise cardiaque, choisissez votre endroit pour ne pas avoir à faire 80 bornes pour arriver à l'hôpital qui aura le service adéquat, idem pour les maternités, etc, sinon on vous collera en gériatrie !).
- de mettre sous tutelle administrative les hôpitaux en supprimant les conseils d'administration au profit de conseils de surveillances qui seront purement administratifs. Et, là, je cite in extenso le site du gouvernement : "Le projet médical sera au cœur du projet de l’établissement qui devra être approuvé par le conseil de surveillance. Le chef d’établissement sera évalué par l’Agence régionale de santé (NdA : les ARS sont définies dans la loi comme le rassemblement des forces de l’État et de l’assurance maladie au niveau régional)."
En d'autres termes, l'administratif tiendra le médical sous son contrôle...
- d'autoriser les médecins et chirurgiens et même les directeurs d’hôpitaux à être embauchés sous contrats privés avec intéressement aux bénéfices ("Allez, zou, il me manque trois appendicites pour remplir mes quotas et avoir droit à une plus jolie prime pour partir aux Seychelles à Noël avec Bobonne, ça ne vous dérange pas que je vous enlève la votre en même temps que vous venez pour qu'on vous enlève les dents de sagesse ?")
- de favoriser la création de maisons de santé pluridisciplinaires. Là, le site du gouvernement explique que "l’innovation de ce type de structures tient au regroupement de plusieurs professionnels de santé autour d’un projet médical commun"... Rappelez-moi quel était le but des hôpitaux de proximité ?
- d'autoriser les hôpitaux à facturer à l'acte et, non plus, à l'ensemble de l'activité hospitalière liée aux soins d'un même patient, pour un même problème de santé, c'est à dire qu'au lieu de ne régler qu'une facture finale à la trésorerie de l'hôpital, vous règlerez chaque médecin, radiologue, etc, pour chaque visite, chaque examen, etc.
Bref, le but est de rendre l'hôpital compétitif, concurrentiel... en un mot : lucratif !
Mais, dans ce cas là, seuls ceux qui auront les moyens de cotiser à des assurances privées pourront se permettre de se payer les soins de qualité (et même les soins tout courts) dont ils ont besoin.
A ce jour, plus de 25.000 personnes ont déjà signé la pétition.
Tout est bien expliqué là et pour signer après, c'est là : http://petition-mdhp.fr/index.html
Un recours devant le Conseil Constitutionnel a été déposé mais il faut bien savoir que la saisine du Conseil Constitutionnel concerne uniquement la conformité du texte à la Constitution mais, en aucun cas, ne permet l'examen du fond du texte de loi.
Si le texte est déclaré inconstitutionnel, il sera promulgué juste amputé des parties déclarées inconstitutionnelles. En revanche, l'article 10 de la Constitution autorise le Président de la République à réouvrir le débat parlementaire sur le fond d'un texte avant sa promulgation. Par conséquent, s'il existe encore une petite chance de faire bouger les choses et de faire modifier le projet, c'est maintenant qu'il faut agir vite et fort !
La réforme de l'hôpital public est indispensable et urgente mais pas à n'importe quelles conditions ! Il s'agit de notre santé publique !
Sauvons la grenouille de sa casserole encore une fois !!!
A bientôt !
La Papote