Magazine Journal intime

Le grand n’importe quoi argentin de la grippe A

Publié le 04 juillet 2009 par Anned

Le grand n’importe quoi continue en Argentine sur le chapitre de la grippe A. Avant les élections, les uns disaient que les chiffres alarmistes étaient le fait de l’opposition qui trouvait un intérêt à dramatiser la situation, les autres que le gouvernement dissimulait la réalité pour ne pas avoir à repousser lesdites élections. Aujourd’hui on est bien obligés de constater que ce sont les seconds qui avaient sans doute raison.
La ministre de la santé a démissionné lundi, épuisée de ne pas avoir été écoutée sur la grippe et sur la dengue l’été dernier. Elle a été remplacée par un médecin qui peu à peu annonce la vérité : 100 000 cas probables déjà alors qu’officiellement il y en a moins de 2 000 recensés.
La présidente et surtout son mari l’ex-président toujours président de fait ont pris une fessée aux élections de dimanche 28 mais ne veulent pas l’admettre. Le nouveau parlement, qui n’aurait dû être élu qu’en octobre de cette année, ne siègera qu’en mars prochain. Les joies de la constitution argentine….
Le pouvoir sauve la face. Je croyais pourtant qu’il n’y avait qu’en Asie que ça comptait. Malgré les demandes répétées de la ministre démissionnaire et de l’opposition, lundi dernier le gouvernement n’a pas voté l’état d’urgence sanitaire au niveau national. Mais il a pris des mesures financières qui reviennent au même, et les provinces le font elles-mêmes peu à peu.
Comme souvent en Argentine on est passé d’un jour à l’autre de l’immobilisme à la frénésie, du déni à la panique. La Province de Buenos Aires (la banlieue) et la ville ont pris lundi dernier la décision de fermer toutes les écoles aujourd’hui vendredi 3 et pour tout le mois de juillet. On a longtemps attendu la signature du décret officiel… Beaucoup d’écoles ne devaient fermer que pour les deux dernières semaines seulement pour les vacances d’hiver.
Le maire de notre ville de banlieue s’est subitement décidé à agir dans la nuit de mercredi 1er à jeudi 2 et à aller plus loin que le gouverneur de la Province ne le lui demandait. Et jeudi matin comme dans toutes les écoles de la ville, la directrice attendait les familles à la grille pour nous demander de repartir avec nos enfants !
Les femmes enceintes font partie du groupe le plus à risque alors beaucoup de boîtes ont donné congé à leurs employées enceintes. Tout cela crée une infinité de casse-tête à résoudre dans la vie quotidienne, sans garantie de résultat car dans le même temps il n’y a pas de fermeture officielle des supermarchés, salles de spectacles etc. à ce jour. On appelle les gens à être responsables… Exercice dans lequel les Argentins excellent, comme il est de notoriété publique !
Les médias ne font rien pour arranger et les gens adorent se faire peur, c’est hallucinant. Tout le monde est persuadé que le virus provoque nécessairement des symptômes très forts, ce qui est faux. Sinon, pourquoi le nouveau ministre de la santé parlerait-il de 100 000 cas probables déjà ? C’est bien parce que beaucoup de gens (et de médecins) ne se sont pas inquiétés et ont cru avoir à faire à la grippe saisonnière commune ! Alors tout ce foin autour du fameux Tamiflu qu’on commence seulement à distribuer largement en Argentine me fait bien rire.
Beaucoup de gens riches et en bonne santé vivent dans un véritable état de psychose alors qu’ils n’ont pas grand-chose à craindre, sauf à jouer de malchance. Surtout que le virus a déjà largement circulé semble-t-il. Pendant qu’on attendait confirmation de cas suspects gardés secrets, le virus s’est largement disséminé ! D'où la situation folle d'aujourd'hui qui fera d'innombrables victimes dans les bidonvilles pendant que dans les beaux quartiers on continuera à trembler pour pas grand chose...


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