Magazine Journal intime

La grippe A en Argentine - suite

Publié le 09 juillet 2009 par Anned

Aujourd’hui pour la première fois, les medias évoquent une légère amélioration de la situation sur le front de la grippe A en Argentine. Il y a notamment de nouveau des lits disponibles en soins intensifs dans les hôpitaux, paraît-il.

Enfin une bonne nouvelle ! Car en la matière, ce que je retiens, moi, de la situation actuelle c’est la propension d’une large catégorie de gens par ailleurs normalement intelligents à trier l’information pour n’en conserver que les bribes les plus alarmistes. Comme si vivre dans la terreur leur procurait une forme de jouissance.

L’autre soir parlait à la télévision le tout nouveau ministre de la santé, lui-même médecin. Tout en appelant ses concitoyens à persévérer dans l’application des mesures destinées à freiner la contagion (hygiène et limitation des regroupements) il indiquait qu’une large majorité de personnes en contact avec le virus ne développait aucun symptôme, qu’une autre vaste fraction ne présentait qu’un seul des symptômes, souvent de manière légère, et qu’enfin une minorité seulement était affectée par un syndrome grippal caractéristique, et une minorité encore plus infime requérait une hospitalisation, sans parler de la minime probabilité d’être emporté en quelques heures. C’est ainsi qu’il justifiait le nombre élevé d’infectés probables (100 000 au moins à ce jour, car 9 personnes grippées sur 10 ont la grippe A en Argentine aujourd’hui selon les projections statistiques), en comparaison du nombre de cas confirmés (de l’ordre de 2 000), ceux qui au début de l’épidémie sur les bords du Rio de la Plata étaient suffisamment suspects ou caractéristiques pour que l’on pratique sur eux des analyses individuelles.

Pourtant, ces paroles de bon sens n’ont trouvé que peu d’écho chez les Argentins. J’en connais qui continuent à tenter de se procurer du Tamiflu alors qu’ils vont très bien, des médecins qui à titre personnel prennent ledit antiviral en contradiction complète avec les règles connues, ceux encore qui ne vont même plus acheter leurs medialunas et leurs alfajores à la pâtisserie de peur qu’ils ne soient contaminés par les postillons de l’employée ! Les mêmes ne tiennent aucun compte des consignes de prudence données par les autorités et au lieu de rester tranquillement chez eux en ce long weekend sanitaire imprévu et glacial (aujourd’hui jeudi 9 juillet étant férié, le 10 a été accordé par certaines entreprises et administrations) partent en voyage au long cours en bus, masque ridiculement inutile sur le visage et se brûlant la peau des mains à force de les enduire de gel alcoolisé à tout instant…

C’est un peu le syndrome de Pierre et le Loup. Les Argentins sont si habitués à ce que leurs gouvernants leur mentent qu’ils ne les croient pas, même quand ils disent la vérité. Et juger de la situation actuelle avec un regard français s’avère être un exercice infiniment frustrant. Si, si, je le jure, vu de la Pampa, notre pays paraît un modèle de culture démocratique et de gouvernance soucieuse de l’intérêt général…

Enfin, qu’y a-t-il de plus scandaleux à mourir à 20 ans d’une grippe A fulminante (cas rarissime) plutôt que d’un banal accident de voiture ? La force de l’habitude rend blasé. Dommage que les Argentins n’adoptent pas la même attitude énergique pour prévenir les drames routiers. 10 morts encore en un seul carambolage cette semaine !

Pour terminer je citerai les paroles de ce médecin qui me disait il y a trois jours : « de toutes façons à la fin de l’hiver, en Argentine nous aurons tous des anticorps de la grippe A dans le sang ! » Comprendre : nous aurons tous eu le virus dans notre sang, l’immense majorité d’entre nous sans le savoir…

Hier on me citait le cas d’un homme fortement grippé que quatre médecins différents, sans analyses, ont décrété exempt de grippe A. Vu ce qui précède, on croit rêver !


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