Voici une nouvelle vidéo tournée la semaine dernière en Saskatchewan. L’entrevue que j’ai menée avec Bob l’apiculteur s’est déroulée en anglais. Comme je ne maitrise pas le sous-titrage avec I-Movie encore et que moi, je commente en voix off en français, c’est donc une vidéo bilingue, à l’image du Canada. Je pense que vous pourrez saisir l’essence quand même, même si vous n’êtes pas un pro de l’anglais.
J’ai tourné en quelques minutes avec mon micro appareil photo. Un « canon » que vous verrez à la fin quand je me capte dans le rétroviseur. Les plans rapprochés sont parfois flous, mais j’ai atteint les limites techniques de cet appareil photo pour la vidéo qui n’a pas de mise au point manuelle. Le son s’améliore aussi, je prends de l’expérience, mais il faut que je sois très près du sujet pour bien entendre sa voix. C’est pour ça que souvent, la tête de Bob est coupée et que je me concentre sur la bouche d’où le précieux son sort…
Je monte les films et j’enregistre ma voix dans ma couchette bien feutrée, mais le camion roule! Et on entend un peu le bruit de la route quand je parle, ça fait plus réel…
Ça m’a pris un bon 6 heures de montage pour faire ce film qui n’a l’air de rien comme ça. J’espère que vous aimerez, vous m’en donnerez des nouvelles, ça fait du bien sur la route! Surtout maintenant, quand je suis en train de faire un 12 000 km sans arrêt ou presque, seules quelques pauses bien calculées pour maximiser le temps.
Bonne écoute!
Avertissement: Il est préférable de voir la vidéo avant de lire le texte qui suit juste après.
Voici le texte que je dis dans le film, je l’ai écrit après coup, avec ce que m’inspiraient les images et les réflexions que j’en ai tirées. Écrire pour un film, je me rends compte, il faut être vraiment concis, il n’y a pas de place pour les longues phrases et tous les mots que j’aimerais écrire. Ça aussi, c’est tout un apprentissage!
Élise et moi sommes allées cueillir du miel dans le petit village d’Ethelbert, au nord du Manitoba. C’est Bob Podolski, l’apiculteur lui-même, qui nous a chargé la remorque de 20 tonnes de gros barils de miel. Je lui ai demandé s’il pouvait nous faire voir ses ruches. Il a été génial, un vrai bon guide, un passionné, un connaisseur, comme je les aime! Le voici en vidéo avec ses ruches.
En 2007, Bob a perdu 30 % de ses abeilles. L’an dernier, c’est 70 % de ses abeilles qui ne sont jamais revenues. Mais pourquoi? Bob a son idée là-dessus. Un bruit court que les abeilles meurent parce qu’elle absorbe les herbicides aspergés sur les champs de pommes de terre, de canolas et de maïs. Ça leur dérègle le système d’orientation. Jamais elle ne retrouve le chemin de leur ruche. Elles meurent perdues, avec de l’herbicide plein le dos.
Quand on a eu terminé de charger, Bruce, le frère de Bob, un « pure canadian honey», comme on dit ici, nous a donné un gros pot de miel crémeux chacun. Merci Bruce!
Quand j’ai plongé ma cuillère dans le miel, j’ai pensé à toutes ses colonies d’abeilles décimées parce qu’elle ne retrouve pas leur route.
Moi, je savais que je retrouverais la mienne pour rentrer.
Mais j’ai songé que nous tous, ensemble, avions peut-être perdu notre chemin, aspergés par l’herbicide de l’individualisme et de la productivité.
On a repris la route vers le Québec, pour aller livrer nos 20 tonnes de miel.
Qu’une infime partie de ce que les Québécois vont consommer cette semaine.
Bonne route!
Et puissions-nous toujours retrouver notre chemin. Le droit. Celui qui préservera toutes nos colonies.