Magazine Humeur

Qui dit dogmes dit Contestation(s), et même Révolution(s) ! (4)

Publié le 22 juillet 2009 par Collectif Des 12 Singes

-IIè siècle à -70 : Les Esséniens ancêtres des communistes
Les Esséniens étaient les membres d'une communauté juive, fondée vers le -IIè siècle. Les principaux groupements s'établirent, semble-t-il, sur les rives de la mer Morte (où l'on retrouva leurs fameux manuscrits).
Le plus marquant dans cette communauté était la mise en commun et la répartition des biens de la Collectivité selon les besoins de chaque membre. Le shabbat était observé strictement, comme la pureté rituelle (bains à l'eau froide et port de vêtements blancs). Il était interdit de jurer, de prêter serment, de procéder à des sacrifices d'animaux, de fabriquer des armes, de faire des affaires ou de tenir un commerce. Les membres, après un noviciat de trois ans, renonçaient aux plaisirs terrestres pour entrer dans une sorte de vie monacale.
Ils vivaient selon des règles strictes :
* fausse déclaration de biens : un an d'exclusion ;
* mensonge, ou scène de colère contre un autre membre de la communauté : 6 mois.

-4 / -30 : Jésus le Contestataire, le Révolutionnaire Pacifiste, le défenseur intransigeant des pauvres.
La foi de Jésus est acceptation, elle ne comporte ni récrimination, ni Révolte, en tout cas envers Yahweh. Sa prédication pourtant ne cesse de s'affirmer comme un cri de Contestation, dirigée dans la ligne des prophètes contre la tradition, contre les puissants et les riches de son temps, sans pour autant mettre en question la condition de l'humain. Elle s'en prend à la tradition figée, soit pour l'aggraver, soit pour l'assouplir. Ainsi, Jésus se montre à certains égards plus rigoureux que les Anciens (il tient pour un péché mortel l'adultère et prohibe le divorce), mais il s'oppose au culte abusif du Sabbat qui empêcherait de porter secours aux malheureux, « car le Sabbat est fait pour l'humain et non l'humain pour le Sabbat ».
Tout en déclarant qu'il n'est pas venu abolir la loi et les prophètes mais les accomplir, il apporte dans la morale juive des innovations essentielles. Et celles-ci ne vont pas dans le sens d'une Révolution active, mais plutôt dans le sens de la non-Résistance que recommanderont Gandhi et Tolstoï. Il allait à l'encontre du « bon sens populaire » qui aurait acclamé d'abord en Jésus l'Insurgé contre le colonisateur romain.

La Contestation vise aussi les traditions familiales, singulièrement sacrées chez les compatriotes de Jésus. Il affiche un détachement surprenant lorsqu'on lui parle de sa mère et de ses frères et sœurs, comme pour marquer, comme il est de règle chez les militants engagés, que la parenté familiale doit toujours céder à celle de la Lutte Commune.
Il n'a même aucun respect pour les morts quand un de ses disciples lui demande d'ensevelir son propre père (« Suis-moi et laisse les morts ensevelir les morts »).
Autant de traits rapportés par les Evangélistes qui avaient de quoi choquer les Juifs attachés à ces traditions qu'ils tenaient pour les plus saintes.

Après cette note insolite dans le langage philosophique et religieux du monde, Jésus n'innovait pas moins, en détourant ses frères juifs de la servitude du travail.
La doctrine eut beaucoup de succès parmi les esclaves auxquels on promettait une Egalité dans le Christ (tout en leur prêchant la soumission à leurs maîtres, « même s'ils ont l'humeur difficile ».
Vient ensuite la Contestation de la richesse, avec la parabole du jeune homme riche que Jésus voudrait agréger à sa troupe, à condition qu'il vende tous ses biens et les partage entre les pauvres. La malédiction de la richesse et même du bonheur extérieur s'exprime avec une extrême violence.
De cette malédiction de la richesse et du simple négoce, de modestes marchands (ceux du Temple) vont se trouver victimes. Quand Jésus renverse leurs tables de changeurs, on se croirait en présence d'un commando Gauchiste. Cette Contestation judéo-chrétienne, même assortie de ces prudentes restrictions, n'était pas du goût du pouvoir ; il voyait en elle un élément de Subversion dangereuse, encore qu'elle eut des amis et des complices jusque « dans la maison de César » (Poppée, l'épouse de Néron, passait pour être convertie).
La plupart des sectes juives et les fondateurs du christianisme se sont opposés de manière assez radicale à l'accaparement des richesses par une minorité de la société. Cette forme de « communisme » inspiré des valeurs religieuses n'a pas été le monopole du monde judéo-chrétien, loin s'en faut.

340 à 429 : Révoltes des donatistes et des Circoncellions en Afrique du Nord.
Vers 340, des bandes d'ouvriers agricoles itinérants, les Circoncellions (« ceux qui rôdent autour des greniers »), se dressèrent contre les propriétaires terriens, les forçant par la violence à annuler les dettes et affranchir les esclaves.
La Rébellion des Circoncellions commença au début du IVè siècle, parallèlement au mouvement donatiste, mais sans aucun lien avec celui-ci. Il faut rappeler que malgré l'édit de Caracalla, fils de l'empereur d'origine numide Septime Sévère, qui octroyait le droit de cité romaine, beaucoup de Numides supportaient mal la domination romaine et refusaient une église soumise à l'empereur. Ils ne croyaient pas à un empereur chrétien et rejetaient une église impériale, une église romaine.
Cette querelle d'origine théologique oppose en Afrique du Nord donatistes et catholiques. Mais derrière cette querelle, on entrevoit des oppositions de classes ; il ne s'agit pas de violences désordonnées mais d'une agitation sociale caractérisée qui trouve sa source dans les couches les plus misérables de la population. Elles se trouvent devant le grand problème tragique de toute l'antiquité : celui des dettes et donc de l'esclavage pour règlement des créances. Elles veulent obtenir l'annulation des créances et l'affranchissement des esclaves. Dans ce conflit, l'évêque Optat et saint Augustin nous montrent que l'église s'est mise du côté des riches contre les pauvres.
La situation des campagnes vers 340, vue par Optat, premier évêque catholique à entreprendre une polémique contre les donatistes :
« Lorsque ces individus vagabondaient de lieu en lieu, et qu'Axido et Fasir se faisaient donner par ces insensés le nom de chefs des saints, personne ne pouvait être tranquille au sujet de ses propriétés. Les reconnaissances de dettes n'avaient plus aucune valeur ; aucun créancier ne pouvait exiger le paiement de ce qui lui était dû. Tout le monde était frappé de terreur par les lettres de ceux qui se vantaient d'être les chefs des saints, et si l'on tardait d'obéir à leurs injonctions, une bande en délire s'abattait soudain et, précédée par la terreur qu'elle inspirait, environnait de dangers les créanciers. Ainsi, ceux qu'on aurait dû prier, en raison de leurs prêts, étaient contraints par la crainte de la mort à s'humilier au rôle de suppliants. Chacun se hâtait de renoncer aux créances même les plus importantes, et l'on comptait comme un gain d'avoir échappé à leurs coups. Les routes non plus n'étaient pas sûres : des maîtres jetés à bas de leur voiture coururent comme des esclaves devant leurs propres valets assis à la place des maîtres. Sur leur décision et leur ordre, la situation était renversée entre les maîtres et les
esclaves ».

Comme partout, le schisme donatiste divisa la société, pendant plus de cinquante ans, ralentissant la vie économique des cités. À cette époque, l'empereur Constant Ier envoya en Afrique deux commissaires chargé d'apaiser les querelles religieuses en distribuant des secours aux communautés. L'évêque Donat, toujours en place, refusa tout subside, rejetant l'ingérence du pouvoir dans son église. La tournée des commissaires dégénéra en affrontements armés contre les donatistes.
Constant Ier décide de réduire par la force d'une part les donatistes, d'autre part les Circoncellions. La répression, brutale, n'aboutit qu'à unir les donatistes et les Circoncellions, jusque-là divisés : c'est seulement lorsque les donatistes comprirent que leurs revendications débordaient, de loin, le domaine religieux, qu'ils cherchèrent à se rapprocher des Circoncellions. Ce fut une nouvelle forme de
Résistance : en 347, ces ouvriers agricoles et esclaves se Soulevèrent contre leurs exploiteurs romains et l´église.
Cette catégorie d'ouvriers agricoles d'origine numide, incités à la Révolte par une profonde misère, eurent Axido et Fasir comme chefs. Ils prônaient la mise en pratique des idées chrétiennes par un ordre social de type communiste.

L'unité de l'église fut sauvegardée au concile d'Hippone en 414, grâce à l'œuvre unificatrice de Saint Augustin. Il s'agit d'un écrivain romain d'origine berbère, un des principaux pères de l'église latine et l'un des 33 docteurs de l'église. Après Saint Paul, il est considéré comme le personnage le plus important dans l'établissement et le développement du christianisme. Saint Augustin est le seul père de l'église dont les œuvres et la doctrine aient donné naissance à un système de pensée : l'augustinisme. Son influence est marquée à travers les âges, depuis Paul Orose jusqu'à Paul Ricœur, en passant par Anselme de Cantorbéry, Thomas d'Aquin, Luther, Calvin, Pascal, Adolf von Harnack, Hannah Arendt. Elle fut immense sur toute l'histoire de l'Église en Occident : l'augustinisme imprégna en effet toute la réflexion philosophique et théologique médiévale, puis alimenta les débats lors de la Réforme protestante, puis encore le jansénisme. Les débats suscités par l'interprétation de l'augustinisme ont largement contribué aux conceptions modernes de la Liberté et de la nature humaine.
En 417, saint Augustin écrit au comte d'Afrique Boniface, chargé de la répression du donatisme :
« Avant que les empereurs catholiques n'aient institué ces lois, la doctrine de la paix et de l'unité du Christ se développait peu à peu, et selon l'instruction, le désir ou les possibilités de chacun, on s'y ralliait même dans leur parti, à une époque où pourtant, chez eux, des bandes insensées d'individus sans foi ni loi troublaient le repos des innocents pour des causes variées. Quel maître ne fut pas alors contraint de craindre son esclave s'il allait se mettre sous leur protection ? Qui donc osait seulement menacer un de ces destructeurs, ou celui qui le protégeait ? Qui pouvait exiger le remboursement de ceux qui pillaient ses celliers, ou de n'importe quel autre débiteur s'il implorait leur secours et leur défense ? Par crainte des bâtons, des incendies et d'une mort imminente, on déchirait les actes d'achat des pires esclaves pour leur accorder la Liberté ; arrachées de force, les créances étaient rendues aux débiteurs. Ceux qui avaient méprisé leurs rudes avertissements étaient contraints par des coups plus rudes encore à faire ce qu'ils leur enjoignaient. Les maisons des gens innocents qui les avaient offensés étaient rasées ou incendiées. Des chefs de famille d'une naissance honorable et d'une éducation raffinée survécurent à peine à leurs coups ou, enchaînés à une meule, furent contraints à coups de fouet de la faire tourner comme des bêtes ».

Cependant, malgré la rigueur de la répression, la Révolte des Circoncellions se poursuivit jusqu'à l'arrivée des Vandales en 429. Ils seront impitoyablement massacrés.

377 : Les Wisigoths, fuyant l´avancée des Huns, s´installent au sud du Danube dans l´empire romain. Exploités par les classes dirigeantes romaines, ils finissent par se Révolter.
A la demande de Fritigern, l'empereur Valens accorda le droit à près de 200 000 Wisigoths désarmés de s'installer en Thrace. Mais les soldats et les marchands romains peu scrupuleux, les considérant comme des vaincus à leur merci, exercèrent de nombreuses exactions et de nombreux abus à leur encontre. En effet, les marchands qui ravitaillaient les nouveaux venus pratiquaient des prix exorbitants et prohibitifs acculant les Wisigoths à la famine. La disette qui harcelait les émigrants suggéra l'idée à ces misérables de la plus infâme des spéculations. Ils firent ramasser autant de chiens qu'on put en trouver et les vendaient aux pauvres affamés au prix d'un esclave la pièce. Des chefs en furent réduits à livrer ainsi leurs propres enfants.
C'est pourquoi, très rapidement, la famine et les exactions romaines poussèrent les Wisigoths de Fritigern à la Révolte en 377. Voilà les Goths qui se répandent de tous côtés dans la Thrace, avec précaution cependant et en se faisant indiquer par leurs captifs et leurs recrues volontaires les plus opulentes bourgades, celles notamment où abondaient les vivres. Leur audace habituelle était encore accrue par la présence de renforts nombreux de leurs compatriotes qui leur arrivaient chaque jour, les uns achetés autrefois par les Romains aux marchands d'esclaves, les autres livrés, depuis la traversée du Danube, par leurs parents affamés, ou échangés contre un peu de pain ou de vin de rebut. Ils furent aussi rejoints en grand nombre par beaucoup de ceux qui exploitaient les mines d'or, écrasés par les redevances (des colons établis dans les mines d'or, moyennant le paiement de lourdes redevances). Ces transfuges étaient accueillis avec empressement par les Goths, qui, par leur ignorance des lieux, en tirèrent de grands services pour découvrir les approvisionnements cachés et les refuges secrets de la population. Tout fut mis à feu et à sang.

En défaisant une petite armée romaine, ils s'approprièrent des armes et purent ainsi vaincre l'empereur Valens venu les anéantir lors de la bataille d'Andrinople en 378.
Pour la première fois dans l'histoire romaine, l'armée romaine fut battue, lors d'une bataille rangée, par des barbares. La situation s'aggravant à la suite d'une série d'échecs, l'empereur Valens s'avance contre les Goths avec une armée d'élite. La bataille s'engage devant Andrinople et tourne au désastre. L'empereur lui-même trouve la mort. Il est avéré qu'un tiers à peine de l'armée romaine survécut à cette boucherie ; et nulle part, si l'on excepte la bataille de Cannes, les annales ne font mention d'un pareil désastre.
L'humiliation de cette défaite suscita un vif sentiment d'hostilité vis à vis des Goths dans l'Empire d'Orient et engendra plusieurs pogroms dans les armées romaines contre des soldats Goths. De plus, cette cinglante défaite qui vit la mort de l'empereur Valens, permit aux Wisigoths de pénétrer plus avant dans l'empire. Les Goths revendiquaient désormais une réelle installation dans l'empire romain avec un statut honorable Egalitaire avec les Citoyens romains et non plus en tant que vaincus. En fait, ils espéraient garder leurs Libertés et tous leurs Droits, c'est-à-dire créer un véritable royaume Autonome au sein de l'empire romain.
Pour mieux soutenir leurs revendications et obtenir une installation légale, ils ravagèrent de 378 à 382 l'empire d'Orient, alors particulièrement affaiblit militairement par la bataille d'Andrinople. Les Wisigoths dévastèrent ainsi la Pannonie et la Thrace en 379. Pire, sous la conduite de Fritigern, une coalition de Wisigoths, Ostrogoths et Alains se forma en 380 et dévasta la Pannonie et la Macédoine, pilla la Thessalie, l'Épire et la Grèce. Mais Fritigern mourut ou bien fut déposé en 381 et son successeur, Athanaric II, traita avec Théodose Ier. Ce n'est qu'en 382 qu'un nouveau traité signé par Théodose Ier les installa près du Danube, en Mésie, les intégra dans l'armée romaine, leur accorda une large Autonomie, leur octroya des terres sous le statut de colons près du limes, et paya un tribut annuel sous forme d'un ravitaillement alimentaire annuel, l'annone. Toutefois, Théodose Ier refusa de leur accorder un territoire spécifique Autonome qui pouvait menacer l'intégrité de l'empire.

435 à 437 : Révoltes des Bagaudes, des ouvriers agricoles gaulois se Révoltent.
Tibatto (412 à 437) était le chef de la Révolte des Bagaudes (dérive du celtique bagad, qui signifie troupe, attroupement). Il entraîna les paysans esclaves, asservis ou « Libre » au combat contre l´exploitation des grands propriétaires terriens et du régime de tortures auxquelles ils étaient exposés. Il fut incarcéré et périt après l´échec du Soulèvement.

Les bagaudes (bagaudae en latin) étaient, sous l'empire romain du IIIè et IVè siècle, le nom donné aux bandes armées de brigands, de soldats déserteurs et de paysans sans terre qui rançonnaient le nord-ouest de la Gaule. Le poids de la fiscalité romaine conjugué à la misère causée par les pillages des barbares semble être, pour la plupart de ces hommes, le motif de vouloir vivre de rapines.

En 284 (ou plus tôt selon les auteurs) sont apparues les premières bagaudes menées par Aelianus dans une Gaule du Nord à peine remise des ravages de l'invasion germanique de 276. Des paysans gaulois se Révoltèrent contre l'administration impériale. Ils prirent Autun et la saccagèrent. Contenus quelque temps par Aurélien et Probus, ils se Révoltèrent de nouveau sous Dioclétien, ayant à leur tête un certain Amandus. Elles furent vaincues en 286 par l'empereur Maximien Hercule.
Les Révoltes bagaudes reprirent au IVè siècle, lors des invasions germaniques en Gaule et en Espagne. Les ravages exercés sur la population rurale et urbaine, et le désordre développé par le recul de l'autorité impériale parfois remplacée par des dominations barbares moins assurées induisirent de nouveau le regroupement de bandes armées de paysans ruinés et de déserteurs, auxquelles se joignirent depuis les villes des esclaves fugitifs et des citadins endettés, luttant pour leur survie ou tentés de se joindre aux pillages des barbares. Certains historiens y ont vu aussi des aspirations Autonomistes contre l'empire romain, dans les interactions entre les bagaudes et les réfugiés bretons d'Armorique ou les tribus basques en Espagne. Mais la faim et l'appât du gain facile semblent des motivations suffisantes lors d'une telle époque de bouleversement.

L'empire romain est en pleine décrépitude, soumis aux invasions des Wisigoths et des Huns. En 435, Tibatto le Breton est le chef d'une bagaude, un groupe de bandits armés composé de paysans ruinés auxquels se sont joints des esclaves Révoltés, qui, selon la Chronica gallica, provoqua la sécession de la Gaule ultérieure et à laquelle se joignirent tous les esclaves. Tibatto est vaincu et tué en 437 sur les bords de la Marne au lieu Bagaudarum castrum aujourd'hui appelé Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris. Les fossés en question étaient ceux qui protégeaient leurs camps, spectaculaires tranchées de 600 mètres de long. Une porte de Paris du côté de St-Maur reçut, en mémoire des Bagaudes, le nom de porta Bugaudarum, et, par abréviation, porta Bauda ; elle était située sur le terrain appelé depuis place Baudoyer (derrière l'hôtel de ville de Paris actuel).

Peu après cette date, une Révolte bagaude fut réprimée en Espagne par les Wisigoths, sur ordre des autorités romaines.
En 448, une nouvelle bagaude en Gaule centrale est dirigée par un médecin nommé Eudoxe. Battu, il se réfugia à la cour d'Attila.

531 : Écrasement du mouvement Collectiviste de Mazdak en Perse.
Au Vè siècle, de vieilles tendances Egalitaristes (fortes en Iran) se sont incarnées dans le mouvement mazdakite, lié à l'essor urbain. Mazdak (476 à 531) était un théoricien et Révolutionnaire perse. Il dénonça la propriété privée comme la source des discordes et des haines entre les humains. Il tenta par des réformes morales et matérielles d´élever l´Humanité à un niveau de vie et un accomplissement religieux supérieur. Il avait pour but la vie Fraternelle de tous dans une société Collectiviste sans classes. Soutenu quelques temps par le roi Kahvad, Mazdak et ses adeptes furent victimes de la répression organisée par les classes dirigeantes.

Le mazdakisme est un courant religieux né en Perse, dans l'empire sassanide, dérivé du mazdéisme et du manichéisme. Le mazdéisme fut prêché par Zarathoustra/Zoroastre : les Zoroastriens vénèrent le feu éternel, symbole divin. Zoroastre prêchait un dualisme reposant sur la bataille entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, dualisme présent dans l'islam chiite duodécimain. Le principe de Zoroastre est qu'il existe un esprit saint (Spenta Mainyu), tardivement identifié à Ahura Mazda, et un esprit mauvais (Angra Mainyu) assimilé à Ahriman, opposés car représentant le jour et la nuit, la vie et la mort. Ces deux esprits coexistent dans chacun des êtres vivants.
Le manichéisme est une religion, aujourd'hui disparue, dont le fondateur fut le mésopotamien Mani au IIIè siècle. C'est un syncrétisme inspiré du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme (ces derniers le combattirent avec véhémence : Saint Augustin fut à l'origine un manichéen, avant de se convertir au christianisme ; plus tard, il critiqua férocement le manichéisme). La pensée profonde est que le royaume des ténèbres doit être surmonté par le royaume de la Lumière, non par le châtiment, mais par la douceur ; non pas en s'opposant au mal, mais en se mêlant à lui afin de rendre le mal en tant que tel plus modeste. Selon le manichéisme, la Lumière et les ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Mais suite à un évènement catastrophique, les ténèbres envahirent la Lumière. De ce conflit est né l'humain : son esprit appartient au royaume de la Lumière et son corps (la matière), appartient au royaume des ténèbres. Cela transforme la mort non plus en processus destructif mais en processus d'élévation suprême. Pour qu'un humain puisse une fois sa mort arrivée atteindre le royaume de la Lumière, il faut qu'il abandonne tout ce qui est matériel.

Mazdak commence à prêcher durant la première moitié du règne du roi Kavadh Ier (488-496 puis 498-531). Ce dernier, soucieux de rétablir plus de justice sociale, est réceptif aux idées du prédicateur, et entreprend diverses réformes sociales, qui inquiètent beaucoup les élites du royaume, nobles et mages, contre lesquels est dirigée la critique sociale de Mazdak. Pour lui, l'humain doit être Respectueux des autres, éviter les conflits avec son prochain, aider les nécessiteux, ne pas chercher à s'enrichir aux dépens des siens. De cette volonté découlent les idées de réforme sociale prônées par Mazdak. On présente souvent de Mazdak comme un précurseur du socialisme. Pour anachronique que soit ce propos, il met en avant ce qui a le plus frappé chez les mazdakistes : leur volonté de bâtir un nouvel ordre social. Celui-ci se dresse contre la société de l'empire sassanide, très hiérarchisée, divisée en plusieurs classes, à la tête desquelles sont les prêtres mazdéens et les guerriers. Il s'agit donc aussi d'une remise en cause du mazdéisme, religion officielle de l'état perse, dont les prêtres sont tenus par Mazdak pour responsables de l'inégalité qui règne dans le royaume.
Mazdak prône un idéal Pacifique. Il veut venir en aide aux nécessiteux, et ouvre pour cela des hospices. Il propose de s'en prendre directement au pouvoir des prêtres, en fermant les temples du feu, et de manière générale la confiscation des biens des plus riches. Mazdak considère qu'il n'y a pas besoin de prêtres : les vrais religieux sont ceux qui Respectent les bons principes, donc ceux qui ont compris l'univers qui les entoure. On lui attribue des idées encore plus Révolutionnaires, qui n'ont pas manqué de surprendre : l'abolition de la propriété privée, la mise en commun de tous les biens, et aussi des femmes. Ainsi, il n'y aurait plus de motif de conflits entre les hommes.

Kavadh Ier est détrôné par Zamasp en 496, destitué par la classe dirigeante de son pays, l´aristocratie et le clergé. Il réussit à revenir au pouvoir en 498 avec l´aide des Huns. Soucieux de conserver l'appui des grands de son royaume, il s'éloigne de Mazdak et se détourne alors du Collectivisme. Il tente tout de même de réformer le système social, ce qui n´empêcha pas le mouvement Collectiviste de Mazdak de prendre une très grande ampleur. Il écrasa cette tentative Révolutionnaire, dans le sang, en confiant à son fils Khosro, qu'il associe au pouvoir, le soin de persécuter les mazdakistes, entre 524 et 528, avec le soutien de la noblesse et du clergé.
Sont alors exécutés Mazdak, et aussi un fils du roi qui avait choisi de rester fidèle à cette religion.

Après la grande persécution de 524-528, le mazdakisme est marginalisé. Il n'en survit pas moins dans des zones reculées. Le courant est encore cité par les sources arabes jusqu'au VIIIè siècle, et les idées qu'il développe ont influencé certains courants musulmans chiites nés en Iran.

532 : La Révolte « Nika » contre Justinien est écrasée. La sédition Nika (victoire en grec, à cause de son cri de ralliement) est un Soulèvement populaire à Constantinople qui fait vaciller le trône de l'empereur Justinien Ier en 532.

Le 11 janvier 532 une série de courses de chars a lieu dans l'hippodrome de Constantinople, capitale de l'empire romain d'Orient, en présence de l'empereur, de son épouse Théodora et de la cour. Le contexte politique est explosif car depuis plusieurs années Justinien Ier et surtout l'impératrice ne cessent de favoriser la faction des Bleus, d'origine patricienne et donc aristocrates, au détriment des Verts, qui appartiennent aux franges populaires de la ville, partisans de la Démocratie. Or à Constantinople ces factions ne se contentent pas d'être des « sociétés de courses » mais sont aussi de véritables structures politiques, qui influent sur les affaires publiques, et même militaires avec l'encadrement de la population dans des milices armées. Les deux profitent souvent de l'événement pour montrer leur désaccord sur le gouvernement de l'empire. Le soutien de Théodora encourage ainsi les Bleus à commettre les pires excès à l'encontre de leurs rivaux, lesquels ripostent aussi avec violence. Un véritable climat de guerre civile s'installe dans la capitale de l'empire.

Une rumeur enfle à propos de l'empereur Justinien et de son favori, auxquels on reproche autoritarisme et concussion (délit commis dans l'exercice d'une fonction publique, consistant à exiger ou à percevoir sciemment une somme qui n'est pas due).
Dans l'Hippodrome, sur les hauteurs de la ville, les courses de chars se disputent dans une ambiance survoltée. Les Verts profitent des courses de chars pour insulter l'empereur et son épouse, mais surtout le préfet Jean de Cappadoce puis quittent en masse les gradins et se répandent dans la ville. Pour éviter que l'Emeute ne dégénère, Justinien fait exécuter des meneurs Verts mais aussi par erreur un membre de la faction des Bleus. Fatale erreur car Bleus et Verts, dans un retournement complet de situation, s'allient contre Justinien et dans l'Hippodrome réclament, le 13 janvier, des mesures de clémence. Devant le refus de l'empereur, les Insurgés se ruent sur le quartier impérial et les quartiers adjacents aux cris de « Nika ! » (Sois vainqueur !) et pillent, incendient et massacrent les soldats et fonctionnaires impériaux.
Le 14 janvier Justinien cède, mais trop tard. L'Emeute est devenue une véritable Insurrection. Le 15, la basilique Sainte-Sophie, le sénat, le palais impérial brûlent et durant trois jours l'incendie fait rage.
Le 18, la ville est en grande partie en flammes. Oubliant leur rivalité, les partisans de l'équipe des Verts font alliance avec les partisans de l'équipe des Bleus et décident d'en finir avec l'empereur. Réunies dans l'Hippodrome les deux factions désignent un nouvel empereur, Hypatios un neveu de l'ancien empereur Anastase Ier, réputé favorable aux Verts. D'origine modeste, Anastase était un haut fonctionnaire de l'empire sous le règne de Zénon Ier, dont il épousa la veuve et accéda ainsi au trône impérial en 491. Cependant son règne ne fut que Révoltes et guerres civiles. Il y avait une lutte entre les deux partis politiques et religieux : les Bleus et les Verts. Anastase, ami des Verts monophysites (ils affirment que Jésus n'a qu'une seule nature et qu'elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine ; ils rejettent la nature humaine du Christ : cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451), il persécuta les orthodoxes et rompit avec Rome. Les Bleus se Révoltèrent contre lui, s'en prenant à l'image même de l'empereur. Cela mena à un Soulèvement à Constantinople en 512 lors duquel Anastase faillit perdre le trône.

Justinien, dont le courage ne semble pas à la hauteur de ses qualités intellectuelles, songe à s'enfuir par la mer, quand son épouse Théodora prend les choses en main.
Fille du gardien des ours du cirque (!), Théodora est une ancienne comédienne, probablement prostituée. Son énergie et sa force morale lui ont valu d'être épousée par Justinien et de revêtir la pourpre impériale. A l'empereur affolé, elle déclare en substance : « La pourpre est un beau linceul pour mourir ! ». L'empereur alors se ressaisit.
L'eunuque Narsès, dont la carrière politique démarre réellement à ce moment, détache les chefs des Bleus, en les achetant, de la Révolution en cours. Avec leur aide, le général Bélisaire, prestigieux chef de l'armée d'Orient, qui rentre à peine d'une campagne victorieuse contre les Perses, encercle l'Hippodrome avec des contingents de Germains et y massacre, selon les sources, entre 30 000 et 80 000 Rebelles. Le 19 janvier Hypatios est exécuté. Le pouvoir des factions est dompté jusqu'à la fin du règne de Justinien.
Rassuré sur son pouvoir, Justinien se lancera dès lors à la reconquête de l'Occident romain, envahissant le royaume ostrogoth du défunt Théodoric le Grand.


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