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Il est interdit d’interdire… d’interdire

Publié le 30 juillet 2009 par Dalyna

Aujourd’hui, spécial Ghest-star sur la Revue de Presse de Dalyna. Johnnyfrenchman m’a suggéré une idée d’article, mais il en a tellement dessiné les contours que je lui ai finalement proposé de le rédiger lui-même. Le résultat est très intéressant. N’hésitez pas à le soutenir !!!

trop d'interdictions nuit à la liberté

Selon le bon sens qui préside aux actions humaines, tout ce qui n’est pas interdit est permis. Pourtant, c’est un fait, rien n’empêche de goûter à l’interdit, et ce,  malgré la dissuasion fondée notamment sur la peine éventuelle encourue au cas où l’on se ferait prendre la chicha dans le bec, le voile sur la tête ou bien encore, bientôt, le body dans le solarium…

En France, démocratie la plus hautement revendiquée par ceux qui la maltraitent au plus haut point (qui aime bien, châtie bien), en France donc, la mode est à l’interdiction. Nos députés n’ont que ça à foutre, envisager des lois pour interdire :

-   Le téléchargement de musiques et de films

-   Le voile et la burqa

-   Le tabac et la chicha

-   La cagoule dans les manif’…

On ne tardera sans doute pas à envisager d’interdire l’usage de bouteille de gaz dans le cadre des revendications salariales et autres négociations dans le cadre des licenciements qui demeurent, eux, largement permis puisque non encore interdits.

Et c’est en vertu du principe de précaution que l’on agit en termes d’interdit, principe « selon lequel l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement, à un coût économiquement acceptable. »

Un seul cas suffit dès lors : un patient meurt en ayant absorbé un médicament, le médicament est interdit pour prévenir le risque d’un autre décès ; et peu importe qu’il s’agisse d’un mauvais usage de la part du patient. S’il y a risque, il y a interdit.

Et l’interdit a très vite valeur de cas général. La règle ne souffrira pas d’exception en vertu du principe de tolérance zéro, inséparable du premier.

Ces deux principes, de précaution et de tolérance zéro, sont des principes mortifères. Ils sont la négation de toute action. Démonstration : de jeunes enfants jouent dans une cour d’école. L’un d’eux grimpe dans un arbre situé au centre de la cour à l’aide de l’échelle laissée là par l’agent d’entretien et, malheureusement, tombe lourdement au sol. Dans un premier temps, l’agent responsable est viré et l’échelle retirée, son usage interdit dans la cour tout comme le fait de grimper dans l’arbre, sous peine d’une expulsion de l’école. Quelques temps après, un des élèves de l’école, se fait fort auprès de ses camarades, de rééditer l’exploit de grimper dans l’arbre sans l’aide d’aucune échelle (on  ne saura trop réaffirmer ici l’importance de braver les interdits dans la construction identitaire des enfants et adolescents). Ce qu’il parvient à faire avant que de s’écraser à son tour lourdement sur le sol. Plutôt que d’essayer de prévenir une autre tentative d’escalade par des mesures préventives éducatives, les responsables décident cette fois-ci d’abattre l’arbre qui représente un tel risque (deux enfants blessés suffisent à justifier des mesures plus drastiques au moindre coût : pas de prévention éducative donc, ce qui prendrait du temps, mobiliserait les enseignants, coûterait sans doute plus cher que l’abattage de l’arbre d’une efficience radicale.)

Pourtant, peu de temps après l’abattage de l’arbre, les enfants, sans plus de possibilité d’escalade, trouvent à jouer et se blesser autrement. En courant sur l’emplacement vide laissé par l’arbre abattu et la terre meuble qui s’y trouve, un élève se foule la cheville. En roulant par terre, ils s’écorchent les genoux sur les cailloux de la cour. La sanction est immédiate : nettoyage de la cour et remplacement du bitume et des cailloux par une surface amortissante (telle qu’on en trouve d’ailleurs de plus en plus dans les squares parisiens… ces mêmes squares où ont été plantés des arbustes, dont le nom m’échappent, mais dont les feuilles séchées sont un poison pour l’homme).

Je m’abstiens de vous raconter la suite de l’histoire, simplement je vous livre les étapes des interdictions  suivantes :

-   Interdiction de jouer, courir dans la cour

-   Interdiction d’aller dans la cour et suppression de ladite cour

-   Interdiction de sortir de la salle de classe

-   Interdiction d’aller à l’école et suppression de l’école !

En poursuivant, de manière absurde ce raisonnement, on en arrive assez rapidement à la conclusion que pour prévenir le risque de mort, il vaut mieux mourir avant de naître. On ne devrait tolérer aucune naissance plutôt que de vouloir interdire la mort.

L’imprudence tue ! Et alors ?

A bon entendeur,

Salut.

Johnnyfrenchman


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