Magazine Humeur

Masculinisation de la sexualité et diabolisation de la Grande-Mère par l'image de Lilith

Publié le 07 septembre 2009 par Collectif Des 12 Singes
De manière significative, en Palestine et Mésopotamie, on observe du -VIè au -IVè millénaire une modification des rapports sociaux et l’émergence d’une classe de chefs locaux.
Dans le courant du -Vè millénaire, la diminution des pluies d’été affecte profondément la vie pastorale. Les humains cherchent alors à se rassembler là où l’eau demeure en abondance. Le résultat de ce repli va être lourd de conséquences sur le plan social : les structures familiales ou claniques (plusieurs familles affiliées) font place à des structures tribales (différentes familles qui ont moins de liens entre elles) de plus en plus complexes.
Normalement, les sociétés villageoises se scindent et essaiment, au lieu de se transformer, épuisant ainsi leur vitalité en expansion territoriale (ce qui permet de contrôler le fonctionnement et l’organisation de la communauté, en empêchant l’émergence d’une puissance coercitive pour gérer le nombre, protégeant au contraire la notion de « conseil de village », sans véritable chef mais plutôt leaders d’opinion). Des groupes humains étroits sont parfaitement viables, et les communautés préfèrent éclater, plutôt que d’affronter les problèmes que poserait leur élargissement. Cette tendance générale ne s’inverse que si la pratique agricole demande un investissement plus poussé et une collaboration plus étendue qu’à l’ordinaire.
Les sociétés néolithiques étant des sociétés de production, le contrôle des ressources fut une préoccupation quotidienne. L’organisation sociale des communautés villageoises était inadaptée aux exigences de l’agriculture irriguée. De puissants lignages se structurèrent au -Vè millénaire en chefferies.
On voit alors le pouvoir masculin s’affirmer de plus en plus face à la fertilité féminine.
La ziggurat du plateau iranien, composée de trois étages surmontée d’une paire de cornes (symbole du dieu taureau qui s’impose de plus en plus, la Grande Mère s’effaçant peu à peu), est construite sur un massif décoré de pilastres, ces colonnes semi encastrées symbolisant les lignages, et limité sur ses deux côtés d’un motif décoratif en zigzag (représentant l’eau, de plus en plus reliée au sperme qui fertilise la terre-mère : développement de l’importance de l’homme dans la reproduction). Les cornes marquent le caractère divin de l’être qui les porte ou l’aspect sacré du monument qu’elles décorent. Le caractère religieux de la ziggurat peut être précisé par certaines épithètes divines, en particulier celle du grand dieu de Suze, Insusunak, qui est dit « Seigneur de la mort dans le Kukunnum ». Or, le Kukunnum est le temple haut de la ziggurat. En d’autres termes, c’est l’aspect funéraire du bâtiment qui apparaît dans cette expression. Il importe également de souligner que le mot ziggurat est vraisemblablement un terme d’origine élamite et non pas akkadienne. Ce mot signifie « élévation de l’humanité », manifestation architecturale de l’humanité désireuse de s’élever au-dessus de la terre.
Rappelons-nous que les deux dieux primordiaux des débuts du Néolithique étaient Ki (la Terre ; la Grande Mère) et An (le Ciel, le taureau), étroitement unis, restant indistincts, tels « deux jumeaux ». Cette indistinction rappelle celle de la mer primitive dont ils procèdent, conjonction de deux éléments du même avec le même. C'est Enlil aux pieds de taureau (ses symboles sont les tablettes de la destinée et la tiare à cornes de buffle comme symbole d’autorité – couronne de forme haute, souvent de forme cylindrique, rétrécie vers son sommet, schématisant une montagne, accompagnée d’un cercle de courtes plumes entourant son sommet, pouvant représenter des nuages annonciateurs de pluie) qui les sépare, qui éloigne le Ciel de la Terre. Or le radical Lil signifie vent, air, souffle, esprit (dieu du vent du printemps, période de retour de la végétation dans les campagnes). Enlil ne disjoint en réalité que pour mieux conjoindre. Car, dans le partage du monde qui suit la séparation, Enlil va s'occuper de la Terre, comme An du ciel, tandis qu'une troisième divinité qui apparaît alors, Ereshkigal (sœur jumelle d'Enki), va recevoir le monde souterrain, l'Enfer. Enlil va faire couple avec sa mère Ki, la Terre. Il la fécondera comme An l'avait fait. Il prend la place de son père An. L'union d'Enlil avec sa mère donnera les animaux et les plantes (« Enlil, comme un énorme taureau, posa son pied sur la Terre. Il enfonça son pénis dans les Grandes Montagnes »). Dans les mythologies du Proche-Orient, l'axe du monde est montagne signifiant le sexe féminin (ou pilier cosmique phallique), renvoyant à une union charnelle.
Cette union est redoublée par celle entre Enlil et Ninlil (sa sœur, « Dame du Vent » : divinité de la fertilité, puisqu'on l'assimile à Ashnan, déesse du grain, et Nintur, déesse qui préside aux accouchements, ou encore avec Ninhursag, la principale déesse-mère des Sumériens), dont le récit mentionne une faute très grave imputable à Enlil et qui reproduit l'inceste avec Ki. Enlil est très attiré par la jeune déesse Ninlil. Il la suit, et l'épie alors qu'elle se baigne « dans l'onde pure ». Finalement, elle est violée dans une barque, au fil de l'eau. La jeune fille était vierge (« Mon vagin est trop petit, il ne connaît pas l'accouplement ; mes lèvres sont trop petites »). Enlil (traité d'être immoral) est excommunié pour avoir abusé de Ninlil, qui pourtant lui était promise. Les autres dieux, scandalisés par cette attitude, ne peuvent pas laisser le crime impuni, bien qu'Enlil soit leur maître. Ils le condamnent donc à l'exil aux Enfers. Mais Ninlil, qui n'en veut pas à Enlil, mais est au contraire très attirée par lui, le rejoint en secret. Par deux fois, ils couchent ensemble, et la déesse met au monde deux autres dieux. Les dieux qui avaient exilé Enlil aux Enfers finissent par le pardonner, et ils le laissent reprendre sa place au Ciel, avec Ninlil à ses côtés. Ce qui se joue dans la scène réussie de la séduction est le sang de la virginité, sang qui s'écoule au contact de l'eau (substance la plus importante dans la représentation sumérienne), conjonction très souvent prohibée. La substance clé est ainsi le sang : Ninlil engendra Sin, le dieu de la Lune, si universellement associée aux menstrues de la femme. Considéré comme le roi des dieux, Enlil a un palais au Ciel, l'Esharra, et son temple terrestre principal, l'Ekur (temple de la Nouvelle Lune), se trouve à Nippur (voisin du temple d'Inanna/Ishtar et de celui de Gula, déesse de guérison symbolisée par des chiens, qu'il faut peut être voir comme faisant partie d'un complexe cultuel dédié à Ninurta, divinité tutélaire de la cité ; fils de Enlil et de Ninlil, son frère est Nergal – le mari d’Ereshkigal, sœur d’Enlil et maîtresse des Enfers –,son épouse est Gula ; il est une divinité guerrière, également  dieu de la fertilité, de l'irrigation, du labour et du vent du sud). C'est lui qui dirige l'humanité, grâce aux tablettes du destin, sur lesquelles est gravé l'avenir des humains. C'est donc avant tout Enlil qui attribue la royauté sur les hommes à sa guise, et il fait chuter tout roi qui ne le respecte pas
Enki et Ninhursag, la grande déesse-mère des Sumériens, identifiée à la terre-mère, reproduisent le même inceste qu’Enlil et Ninlil. L'union d'Enki et de Ninhursag, sous forme d'eaux célestes fécondant la Terre, reproduit le thème originel de l'union du Ciel et de la Terre. Le cycle d'Enlil insistait sur la disjonction, celui d'Enki sur la conjonction. An, Enlil et Enki, la grande triade des dieux masculins du panthéon sumérien, participent tous d'une même nature céleste (Enki, en tant que dieu des eaux douces, opposées des eaux salées de Nammu la mer primordiale, est situé du côté du ciel, comme eaux de pluie).
Ninhursag est la divinité sumérienne de la Terre et la Déesse-Mère. Son nom signifie Maîtresse des collines, mais elle possède d'autres noms : Nintu (Dame naissance), Ninmah (Dame d'Aout). En akkadien elle était souvent invoquée sous le nom de Mama. En tant que femme et contrepartie féminine d'Enki, elle était appelée Damkina. Son prestige diminua à mesure que celui d'Ishtar augmentait, mais son aspect sous Damkina, mère de Mardouk, dieu suprême de Babylone, lui réserva une place dans le panthéon divin. Déesse de la fécondité qui a créé toute la végétation, Ninhursag est l'un des plus anciens membres du panthéon sumérien et a des titres prestigieux comme « mère de tous les enfants ». Elle est à ce titre également appelée Nintu, « dame de naissance » et peut être assimilée à Belet-Ili (déesse sumérienne de l'utérus), la mère des dieux. Elle est la sœur d'Enlil et la sœur-femme d'Enki et fille de Ki la terre. Elle a été la divinité tutélaire des souverains sumériens, qui s'appelaient « les enfants de Ninhursag ». D’ailleurs, le principal temple d'Enki, le é-engur-ra (« temple de l'abysse » ou « temple de l'eau profonde »), aussi appelé le é-abzu (« temple de l'Apsû »), était situé dans la vallée de l'Euphrate dans la ville d'Eridu, ville du premier roi.
Ainsi, la place de Ninhursag dans la société, assignée par Enki, est d'être « face au chef/roi ». En effet, Enki a volé la vedette à Ki (l’ancienne Grande Mère terre) en devenant la « source génératrice de vie », le dieu de l'intelligence, de la création et de la destinée ; il est d’ailleurs accompagné d'arbres symbolisant les aspects mâles et femelles de la nature, représentant ses capacités créatives (pour autant, le rôle de la femme dans la création et la procréation est encore affirmé – même si amoindrie par rapport à la Grande Mère –, pour quelques siècles). Ses attributs, la chèvre et le poisson (animaux de la prolifération, la chèvre étant le premier animal domestiqué et dont la reproduction fut organisée selon les besoins humains), seront combinés en un seul animal, le sukhurmashu, qui deviendra plus tard le capricorne de nos signes du zodiaque. Le Capricorne est lié à l'élément classique de la Terre (il partage cet élément avec le Taureau et la Vierge) et il peut se résumer à « Je suis le père de moi-même. Je gravis ma montagne ». Son opposé polaire est le Cancer, lié à l'élément classique de l'Eau (il partage cet élément avec le Scorpion et les Poissons), dont la planète maîtresse est la Lune, les attributs sont la famille, la naissance, l'enfant, ce qui se résume dans « Je suis l'enfant de ma mère ». Il est également intéressant de noter la phase de transition néolithique-civilisation qui s’exprime dans le signe des Poissons par « Je lâche prise. A travers moi, la loi divine s'accomplit », par opposition à la phrase du signe de la Vierge « Je me dévoue sur Terre. Je suis utile au quotidien ».
Alors qu’auparavant la Grande Mère Ki avait une vulve, des seins et des fesses (organes de la création et de la fertilité) surreprésentées, la Terre Ninhursag présente désormais un corps n'ayant ni organes génitaux mâles, ni organes génitaux femelles. Les dieux lui ont demandé de créer l'humanité pour eux. Elle a participé à la création de l'humanité à partir d'argile et de sang : quatorze morceaux d'argile primordiale qu’elle a formé en son sein, sept à gauche et sept à droite avec une brique entre eux, qui ont produit les sept premières paires d'embryons humains. Elle a créé les hommes, afin qu'ils puissent travailler le sol et creuser des canaux, et elle a créé les femmes afin qu'elles puissent continuer à porter les hommes. Ayant créé sept espèces de chacun, après 600 ans les gens étaient déjà trop nombreux. La terre est devenue si bruyante qu’Enlil ne pouvait pas dormir. Les gens étaient également coupables, mangeant leurs propres enfants (allusion aux difficultés des fils d’accéder à la sexualité, monopolisée par les pères). Enlil décida de régler le problème en lavant le pays avec une grande inondation.
Enki demanda à Nintu, la déesse de la naissance, d'établir une troisième catégorie de personnes, en addition aux hommes et aux femmes, qui comprendrait les démons qui volent les jeunes enfants, les femmes infertiles et les prêtresses qui n'ont pas le droit d'être enceintes. À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des caractéristiques des deux autres genres. À Sumer, le nom cunéiforme qui leur était attribué était ur.sal (« chien/homme-femme ») et kur.gar.ra (aussi décrit comme homme-femme).
De l’union entre Enki et Ninhursag (fille d’Enki et de sa mère la Grande Mère Ki) naît la déesse Ninmou (maîtresse des légumes), avec laquelle Enki engendra Ninkurra (divinité des plantes destinées au filage), de laquelle il a Uttu (déesse du filage). Le seigneur Enki est donc le créateur de la civilisation. Puis Enki ne pouvant contrôler son désir, prit Uttu pour s'accoupler avec elle (inceste entre le père et la fille répété donc trois fois), contre son gré. Elle ne résista pas mais alla se plaindre à Ninhursag, qui sortit les graines d'Enki du ventre d'Uttu et les transforma en plantes. Là où les graines ont été plantées, au bout de 9 jours il poussa huit plantes fortes et luxuriantes, les premières plantes créent par la déesse de la terre. À la vue de ces belles plantes, Enki, par curiosité et appétit, mangea avidement les huit plantes. Ninhursag assure des champs fertiles, mais furieuse et outrée du comportement d'Enki, maudissant son mari pour ses affaires incestueuses, elle décida de le punir et de se séparer de lui en descendant aux Enfers : Enki seul, avec huit organes malades, la terre devint sèche mais également stérile par l’absence de sa déesse tutélaire. Les organes étaient en train de mourir, et Enki dépérissait et souffrait, mais aucun dieu ne pouvait le guérir sauf Ninhursag qui s'était retirée. La perte d'Enki était insupportable à son frère Enlil, mais un renard vint le consoler et lui promit de trouver Ninhursag pour guérir Enki. Ce n'est que lorsque les dieux réunis à la hâte réussirent à amadouer Ninhursag que la terre est devenue à nouveau fertile. Ninhursag embrassa tendrement Enki, et lui retira la maladie à chacune des huit parties malades, et fit de chaque plante mangée un moyen de soigner plutôt que de faire du mal, et libéra la maladie en faisant naitre huit divinités, une pour chaque organe. Parmi les huit organes il y a notamment la côte, d'où va naitre une déesse appelée Ninti, dont le nom signifie à la fois la dame de la côte, et celle qui donne la vie.
Son mari étant volage, Ninhursag, particulièrement jalouse, déclenche des sècheresses à chaque incartade de son époux, ce qui institue le cycle des saisons.
Le parallèle entre les deux consommations, l'une sexuelle (inceste) et l'autre alimentaire (les plantes issues des graines de la semence d’Enki) est clair : Enki consomme son produit, ses enfants. Il tombe malade, Ninhursag l'ayant maudit et voué à la mort. Par rapport au cycle d'Enlil, celui d'Enki souligne la conjonction et ses conséquences : l'une positive, la fécondité de la Terre, les plantes alimentaires, la végétation, l'autre négative, la mort (lorsque Enlil descend aux Enfers suite à son viol de Ninlil; Enlil d'ailleurs engendre les deux saisons, hiver et été, préfiguration de l'alternance entre la vie et la mort). C'est ainsi qu'il faut comprendre le début du mythe, celui du paradis originel, avant la conjonction, lorsqu'on ne connaissait ni la maladie ni la mort, lorsque le lion ne tuait pas et que l'on ne vieillissait pas.
Le cycle d'Enki est entièrement placé sous le signe de l'eau, principe de fécondité (les déesses qui sont ses épouses et ses filles sont des déesses de la végétation).
Enki est placé sous le signe de l'humide, tout comme Enlil l'était sous le signe du sec : il est question du pénis d'Enlil mais non de sa semence, au contraire, il n'est que question de la semence qu'Enki verse dans le sein des femmes, acte cosmique dans lequel se lit l'identification entre sperme et eaux douces (« lorsque le père Enki eut posé son œil sur l'Euphrate, il se dressa fièrement comme un taureau fougueux, il pointa son pénis, éjacula et il remplit le Tigre d'une eau étincelante »).
Enlil et Enki sont tous deux autant concernés par l'agriculture, de même qu'ils le sont autant par la sexualité, mais différemment. Enlil est l'inventeur de la pioche et de la charrue, deux instruments qui ouvrent la Terre mais restent « secs », à l'image du pénis d'Enlil s'enfonçant dans la montagne, au lieu de la coupure, ne s'engouffre que l'air ou le vent. Avec Enki, c'est sur les deux registres connexes de l'agriculture et de la sexualité (Inanna s'adresse ainsi à son amant : « Laboure ma vulve, homme de mon cœur »), l'eau douce fertilisante ou la semence mâle qui joue le rôle de la Substance de la coupure, qui se présente ici beaucoup plus comme facteur de conjonction.
Sumer parle d'Amour, Babylone parlera plus tard de guerre :éloignement pacifique du Ciel et de la Terre contre éloignement violent, suivi de meurtre, union sexuelle contre combat titanesque s'achevant en une double exécution, affirmation du rôle de la femme dans la création et la procréation contre négation de ce rôle. Sumer fait succéder au vent l'eau fertilisante, Babylone fait succéder au verbe le sang. L'Enouma Elish mentionne d'abord le bruit, l'agitation, la parole et le verbe dont Enki est le champion, puis avec An il est question de vent qui trouble Tiamat et c'est encore le vent qui ouvre celle-ci et signe sa défaite. Ceci correspond très étroitement à Enlil, le Seigneur-Vent, associé au souffle, au verbe et à la parole créatrice. La première substance mentionnée par les deux cosmogonies est la même, c'est la seconde qui diffère, soit l'eau soit le sang.
Dans la mythologie, l'eau est sans cesse présentée comme substance vitale, mais moins en tant qu'élément nécessaire à la vie que comme matière organique engendrant le cosmos, eau du corps du grand dieu, sa semence.
La naissance des villes et l’essor démographique furent liés à l’existence d’organisations communes qui avaient mûri dans le sud de l’Irak depuis plusieurs centaines d’années, à partir de -4 300.
Privés de mobilité horizontale, la population croissante n’a d’autre issue que de se tourner vers l’intensification de la production, la concentration de l’habitat et finalement l’organisation politique pour gérer tout ceci. Dans ce cas seulement les gens restent ensemble et sont donc conduits à s’organiser, dans les domaines politique, social et idéologique, pour gérer un corps social en continuelle expansion. Pour autant, les communautés qui conservent leurs acquis et taille démographique pour faire face aux difficultés que pose l’environnement (comme auparavant les chasseurs-collecteurs de l’ère glaciaire), passaient par des techniques de régulation de la population (par la contraception médicinale voire l’avortement – par intrusion vaginale ou consommation de plantes –, si ce n’est par l’infanticide). La problématique est ici que les gens cherchent à avoir autant d’enfants que possible (notamment à cause de la mortalité infantile), pour les aider tant qu’ils sont actifs, pour les entretenir ensuite. Bien évidement, le pouvoir local tire également bénéfice de cet ordre des choses puisque plus les « villageois » croissent et se multiplient, plus le chef peut légitimer son pouvoir par la gestion et l’organisation de la masse.
Avant d’aborder le mythe d’Etana et le triomphe de l’aigle (masculinisation absolue de la reproduction), il faut d’abord comprendre Lilith et son aspect de serpent ailé ! Il s’agit du plus ancien mythe de la féminité contradictoire, reliant le serpent terrestre/aquatique (symbole féminin) et l’aigle céleste (symbole masculin). Elle est une représentation du matriarcat symbolique (qui n’a jamais existé, parlons plutôt de prédominance ou au moins de forte reconnaissance du féminin dans la reproduction) préexistant au patriarcat.
La femme incarnait la reproduction de l'espèce et son espoir de pérennité dans une dimension temporelle qui n'était pas linéaire comme elle le devint avec le patriarcat, mais circulaire et cyclique où prend naissance le mythe de « l'éternel retour ».
Lilith était un oiseau de proie, la déesse vautour de la mort et de la régénération (ses qualités de déesse de l’amour et de la mort la font se rattacher au solstice d’hiver, nuit la plus longue, mais annonçant aussi le renouveau de l’année). Elle qui était très puissante est devenue plus tard la sorcière. Étant reliée aux événements atmosphériques, avec les pluies et les orages, elle pouvait exécuter beaucoup de choses.
Elle pouvait commander à la sexualité masculine, elle pouvait couper la lune et l'arrêter dans sa croissance, elle était donc le compensateur des puissances de la vie. Cette déesse pouvait faire beaucoup de dommages : ne pouvant pas permettre à des choses de se développer pour toujours, elle a dû les arrêter, c’est pourquoi elle a fait naître la mort afin que le cycle de la vie recommence. Elle est donc la régénératrice principale du monde entier, de toute la nature. Comme on ne pouvait pas la commander, les instances du pouvoir masculin qui se développaient fortement ont donc démonisé celle qui était la plus puissante. Elle est ainsi la femme primitive, la femme fatale, celle qui développe les comportements instinctifs : l'homme est prisonnier de ses affects, possédé par ses sentiments et ses émotions sans aucun recul possible. Elle préside ainsi aux plaisirs charnels.
Présente à l’origine comme démon femelle sumérien (donc non sémite) sous le nom de Lilitû, elle est identifiable dans l’épopée de Gilgamesh, Gilgamesh et le saule, sous le nom de Lillaka, récit dans lequel elle se rapproche de la déesse Inanna (Lilith sera d’ailleurs assimilée plus tard à une prostituée, comme celle exerçant pour le compte et le culte d’Inanna déesse de l’amour, puisqu’elle provoque les hommes à des pratiques sexuelles illicites – il existe ainsi des incantations pour éloigner Lilith du lit conjugal). Elle est ainsi également nommée « spectre de la nuit ». Pour autant, elle n'est pas la nuit, mais le crépuscule, le moment où la nuit survient, où les sensualités s'échauffent, où la musique emplit les âmes (sa séduction passe par des attraits physiques, principalement la poitrine, et le chant) : elle préside ainsi à l’acte sexuel et dirige les incubes et les succubes (ces démons tentateurs, souvent des hommes et femmes déçus dans leurs amours ou dans leur désir d’enfantement), pousse les femmes à jouir de leur corps, et leur donne passions et orgasmes érotiques.
Elle est le pendant féminin de Lilû, engendrée comme lui par le dieu du vent Enlil, et sont donc tous les deux considérés comme des esprits du vent et de l’orage (Gallû est un autre de ces démons mésopotamiens). Le démon mâle Lilû, héritier du Lil sumérien, est un esprit de licence et de lascivité, séduisant les femmes durant leur sommeil. Les Lilû sont des jeunes hommes décédés avant d'avoir pu se marier, hantant les déserts et les grands espaces. Leur action était particulièrement néfaste aux femmes enceintes et aux enfants. Ils attaquaient leurs victimes quand elles dormaient, dans le but d'en faire leurs conjointes. Celles-ci n'avaient dès lors plus de chances de trouver un époux parmi les mortels.
Lilitû, ou Ardat Lili (servante de Lilû), joue vis-à-vis des hommes le même rôle funeste. C’est une vierge inassouvie, ravisseuse nocturne, qui attaque les hommes mariés et leur foyer. Les mères et les jeunes mariées, doivent tout faire pour éviter de laisser leur fils et époux seuls aux abords du crépuscule. Car alors, devenus une proie facile pour cette démone, toujours à l’affût, ils seraient entraînés, directement, vers la débauche pour toujours (le caractère nocturne de Lilith ou des personnages assimilés nous confronte au thème du regard interdit ou dangereux). Ce démon est considéré comme issu du spectre d'une femme morte en couche qui dévore les enfants. C'est un démon stérile, possédant sa victime, masculine, dont elle fait son conjoint, l'empêchant de faire sa vie avec une mortelle. Elle a un aspect séducteur, comme une succube, bien qu'elle possède le corps d'une louve à queue de scorpion (gardien de la montagne sacrée, le vagin : lors de la parade, mâle et femelle scorpions se tiennent par les pinces et semblent exécuter une danse qui permet en fait au mâle de tirer la femelle vers un endroit propice où il va déposer son spermatophore, une baguette de quelques millimètres qu'il colle au sol ; le mâle doit ensuite amener la femelle exactement au-dessus de ce spermatophore pour qu'il rentre dans ses organes sexuels). Elle peut également être toutes celles qui sont éprises de vertige et se retrouvent recluses dans leur prison d’amour. Patronne du processus d’initiation, elle gouverne le désir le plus profond de l’individu.
Ardat-Lili est également présentée comme ayant un appétit sexuel insatiable. Elle s'en prend aux hommes, dont elle tente de faire ses conjoints, ou bien qu'elle empêche de se marier. Elle agresse également les jeunes filles en âge de se marier. Ardat-Lili est en effet souvent décrite comme le spectre d'une jeune fille morte avant de se marier, ce qui explique sa volonté d'empêcher les mortels de se marier.
La démone sumérienne Lamme est très proche de Lilith en de nombreux points. Elle est une démone stérile, ravisseuse d’enfants, attaquant les femmes enceintes et les mères. C’est un vampire femelle qui massacre les enfants, se repaît du sang des hommes et dévore leur chair. L’iconographie akkadienne la montre en femme nue, les membres inférieurs en serres d’oiseau de proie ; elle a la tête et les oreilles d’une lionne, parfois d’un vautour.
Les représentations de Lilith sont pétries de contradictions : elle serait à la fois aérienne et chtonienne, voire aquatique et dévoratrice. Considérée par la suite comme un démon dévorateur, elle est liée à la Déesse mère en tant que symbiose déesse-serpent et déesse-aigle, dotée d’une sexualité illimitée et d’une fécondité prolifique (cette puissance peut recevoir une expression métaphorique, souvent d’accentuation phallique : les ailes, organes du vol ascensionnel à fort symbolisme mâle). Représentée une vulve dessinée sur son front, ses jambes prennent la forme de serres, et pour couronner sa majesté deux ailes lui confèrent un aspect prodigieux. Elle est accompagnée de chouettes (animal apotropaïque par excellence, il protège en détournant le danger : elle qui est rattachée à la virginité par le non mariage, par sa sagesse nocturne, elle protège des tempéraments secrets) et est posée sur deux lions (symbolisation de sa suprématie sur le masculin). Elle porte également les emblèmes du pouvoir, le bâton et le cercle. Le cercle est lié à l’éternité et aux puissances magiques, alors que le bâton (qui peut se confondre avec le sceptre) est le symbole de l'administration civile ou religieuse.
Le livre de la Genèse propose deux récits de la création de la femme. Dans le premier, Adam est créé en même temps que la première femme (qui n’est pas nommée) à partir d’argile (« Dieu créa l’homme [l’humain] à son image ; il les créa mâle et femelle » : Adam aurait été créé initialement androgyne, et cet être bisexué aurait été séparé en homme et en femme). Dans le second, où elle trouve son nom d’Ève, la femme est conçue à partir d’une côte prise sur le corps d’Adam afin qu’elle soit, bien qu’issue de lui, sa semblable et son égale. Ni l’élohiste ni le yahviste (les scripts de la Bible) ne disent mot quant à la nécessité de cette seconde création. Pour tenter de résoudre la contradiction entre ces deux passages, certaines légendes sémites prouvent l’existence d’une « autre première femme ». Lilith était donc, à l’Éden, la première femme et la première compagne d’Adam, avant Ève.
Elle précède même la vitalité d’Adam au jardin d’Éden. Plus qu’épouse, elle est simultanément mère, amante et initiatrice. Elle y est femme primordiale, source de toute vie et modèle de toute fécondité. Elle est ainsi la femme qui « enfante l’esprit d’Adam » encore inanimé, puis qui s’unie à lui quand il s’éveille, mère et épouse à la fois, à l’image d’une femme supérieure incluse dans l’Adam androgyne. Les dieux fendirent Adam en deux, moitié mâle moitié femelle, et préparèrent la femme telle qu’on doit la parer pour l’introduire sous le dais nuptial (disque d’honneur dressé sur une estrade, cette table étant généralement surmontée d'une tenture, à la manière d’un lit à baldaquin). Aussitôt que Lilith le vit, elle prit la fuite et se sauva par-delà les mers, prête à fondre sur le monde.
Lilith est « celle qui dit non », celle qui transgresse la Loi divine pour vivre le désir absolu et qui, ne pouvant l’assouvir, s’enferme dans la solitude glacée de son refus, mourant de soif au bord de la fontaine. Lilith n’était pas qu’une femme, c’était aussi Celle qui savait, du fait de sa grande intelligence : elle a mangé du fruit de la connaissance du bien et du mal qui ne l’a pas tuée, elle dit donc que le désir est bon. Lilith apparaît donc comme le serpent de l’arbre des tentations qui fascine et éveille le désir de la connaissance qui rendrait égal aux dieux. La conscience scelle donc la fin de l’innocence édénique et la femme-serpent, à la beauté souveraine, signifie toutes les pertes de l’homme, éperdu d’amour pour elle.
Lilith est la Rebelle, elle est cette première femme qui précède celle qui assumera le rôle de l’épouse inférieure, plus apte à se conformer à la loi conjugale. Lilith rejette cette loi de domination masculine, elle revendique la plénitude du désir. Elle sera donc la grande prostituée de Babylone, la future démone et sorcière qui brûlera sur les bûchers du désir collectif refoulé. Elle qui est souvent représentée avec son vagin sur le front, elle gouvernera tout ce qui est désormais jugé impur. Elle est donc un repoussoir pour que les femmes acceptent leur rôle d’épouse soumise aux lois du mariage et de la maternité. On la stigmatise comme étant une femme qui ne recule pas devant le fait de dévorer ses amants, n’hésitant jamais à marier l’amour avec la mort, exprimant ainsi la part maudite de l’anima masculine. Lilith est ainsi l’incarnation de la « lune noire » (le deuxième satellite de la Terre, incarnant l'immoralisme, la perversité et le désespoir, toujours invisible car en opposition avec la vraie Lune), de la capacité de chacune de refuser la sexualité bridée par la loi sociale ou divine afin d’aller vers la plus grande et la plus libre transcendance en brisant les interdits.
Adam et Lilith ont été créés, de manière égale. Pour autant, Lilith est toujours décrite ou perçue comme une maîtresse femme qui a un fort ascendant sur Adam et un appétit sexuel insatiable. Entre eux naquit un différent dont le prétexte fut la manière dont ils feraient l’amour (elle refuse de se tenir au-dessous de lui quand ils font l’amour), dissimulant de façon symbolique le conflit des prétentions à la suprématie sociale. Lilith contesta les revendications de son mari à être le chef. Elle voulait l’équivalence de ses droits au sein du couple.
Adam se serait séparé de Lilith pour plusieurs raisons, toutes d’ordre sexuel :
1.    Lilith refusait de voir son corps déformé par les grossesses et pratiquait la contraception voire peut-être l’avortement (ce qui va à l’encontre du Commandement formulé plus tard dans la Bible « Croissez et multipliez-vous ») ;
2.    Adam soupçonnait Lilith, l’insatiable, de forniquer avec les incubes (démons mâles), contrevenant ainsi au Commandement « Tu n’auras d’autres époux que ton époux » ;
3.    Adam ne souhaitait pratiquer les relations sexuelles principalement ou uniquement en s’en tenant à la position du missionnaire. Mais Lilith, elle, rejetait les postures les plus classiques (qui donnaient toutes la supériorité à l’homme durant l’acte sexuel). Lilith revendiquait ainsi clairement son statut de « paire » ;
4.    Finalement, Lilith, lasse de subir les reproches, les scènes et les exigences de son compagnon, se révolta ouvertement.
Devant l’intransigeance d’Adam, elle invoque le nom de l’Ineffable, et reçut miraculeusement des ailes. Elle s’en fut par les airs hors du jardin d’Éden. Adam a le cœur brisé. Ému, le créateur envois trois anges à la recherche de Lilith. Mais elle ne veut rien entendre, malgré la sentence du seigneur qui est qu’elle mettra au monde de nombreux enfants et que 100 de ses fils mourront chaque jour. Elle est donc celle qui dit non à la fois à la position que lui propose l’homme dans leur couple et à la fois à la tentative de réconciliation du créateur lui ordonnant de se plier au désir de l’homme Elle est désespérée et pense mettre un terme à son malheur en se jetant dans la Mer Rouge. Mus par le remord, les anges lui donnent tout pouvoir sur les enfants nouveau-nés, pendant 8 jours après leur naissance pour les garçons (jusqu’à la circoncision) et 20 pour les filles ; en outre elle a un pouvoir illimité sur les enfants nés hors mariage.
Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale, stérile, là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice.
Lilith fut ainsi stigmatisée comme une femme frigide, dont l’insatisfaction sexuelle n’est que le reflet de sa négativité. Femme cherchant une voie entre ou au-delà de celle de la vierge, de la mère ou de la putain que lui offrent ses amants, elle est finalement seule, frustrée et frigide, fantasmant à jamais un bonheur impossible et signant, à travers l’échec d’un couple, celui de la féminité.
Il est d’ailleurs à noter que les développements subtils de l'Eros sont sous la gouverne du royaume de la nuit, de l'obscurité, car c'est de nuit qu'ont lieux les changements d'état de la conscience. De même, les processus de sacralisation et d'évocation de l'Eros, dont le mariage comme mystère (alias les hiérogamies et la prostitution sacrée), en sont les représentations du monde, peuvent se prolonger de façon ténébreuse par l'incubat et le succubat. L'incube et le succube sont deux formes spectrales d'un hermaphrodisme convertible : il s'agit de l'union de deux formes tendancielles des deux principes masculin et féminin, pouvoir évocatoire de l'imagination permettant le contact avec les puissances suprasensibles du sexe.
En tant que femme supplantée ou abandonnée, au bénéfice d’une autre femme, Lilith représente les haines familiales, la dissension des couples et l’inimitié des enfants. Dévorée elle-même par la jalousie, elle tue les nouveau-nés allant jusqu’à les dévorer, s’enivrant de leur sang. Ce cannibalisme va de pair souvent avec un épuisement des forces vives de la victime, qui ne fait que conclure l’épuisement sexuel. Ce trait dissimule toute une problématique de stérilité charnelle et spirituelle.
Autour de Lilith, deux thèmes, deux pôles, servent de repères à la lecture mythologique : l’avalage et le vol. A travers toutes les diverses formes d’avalage, en fin de compte c’est le ventre que le mythe désigne en permanence. Le ventre digestif, lieu privilégié des transformations vitales (voir alchimie par exemple), est également utérin. Ce refuge bienheureux peut cependant se faire prison, il n’abandonne pas sa proie facilement. Souvent, l’initié devra pourtant pénétrer dans une caverne avant d’en ressortir avec une connaissance rénovée, comme le montrent de nombreux rituels de passage qui comportent un séjour dans une grotte ou un substitut (four, fosse, forêt), symbole d’une renaissance après la mort spirituelle de son ancienne perception (désir que l’épreuve de la mort vienne combler la jouissance de la vie et que l’expérience du remords vienne couronner la découverte du plaisir). Le fond contient le trésor caché de la science nouvelle, la science du moi intérieur, mais il est défendu par ses hôtes funestes ou malins.
Le confinement de la caverne est l’antithèse du caractère illimité des expansions aériennes. Les cieux ont de tout temps été le refuge des dieux et du merveilleux. L’oiseau est protégé des dieux avec lesquels il entretient une relation de connivence. L’aile est bien évidemment symbole aérien par excellence, de plus liée à la notion de communication entre hommes et dieux. Le vol est aussi verticalité, érection, virilité, force et séduction. Le vol ascensionnel est seul capable d’assurer la reconquête du paradis primordial, situé en haut, et de nous reporter dans les conditions d’avant la chute.
Lilith est donc fantasmes d’origine et de retour, toujours plus ou moins chargés de relents incestueux ; fantasmes de chute et de perdition, toujours plus ou moins teintés d’agressivité et de culpabilité. Tous ces fantasmes s’articulent autour des représentations de la femme ambiguë.
Dans ces siècles techniques (développement de la métallurgie du cuivre, des systèmes d’irrigation, etc.), classiquement symbolisés par la conquête du feu (représentant la prise de conscience du masculin et de sa foudre dans le processus de reproduction) et une influence prométhéenne, Lilith, séductrice et prolifère, fut le symbole de la société moderne de l’époque, en précaire équilibre entre la chair et l’esprit, entre la régression toujours menaçante (abandon des chefferies voire retour au nomadisme) et l’exaltation parfois perverse de la raison. Comme Lilith, la civilisation technique se révèle simultanément séductrice et terrifiante, prolifique et stérile : la technologie engendre l’urbanisation et la désertification des campagnes, forme de stérilité ; l’urbanisation délirante engendre ségrégation sociale, elle même source de frustration et d’angoisses.
Dans le même temps qu’enseignant la parole, elle engendre la violence.

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