Magazine Nouvelles

Sylduria chapitre IV

Publié le 16 septembre 2009 par Lilianof

Chapitre IV
Wladimir

Waldemar se fit donc baptiser par un pasteur grec, car il n’y avait pas de pasteur en Syldurie.

Dans la foulée, Éva reçut elle aussi le baptême par immersion, non pas vraiment par conviction, mais par complaisance. Plusieurs courtisans suivirent le mouvement, mais le roi n’était pas dupe de ce réveil spirituel et le mettait sur le compte de leur hypocrisie.

L’atmosphère avait changé dans l’entourage du roi. Celui-ci s’était consolé de son épouse, convaincu qu’il la retrouverait, non pas à la bergerie terrestre, mais à celle d’en haut. Sa visite vespérale à Homère en perdit sa nécessité.

Sabine Mac Afrin ne partageait pas du tout la joie de vivre de son patron. Elle devenait de plus en plus irascible, piquant de terribles colères chaque fois que, dans la maison, l'on faisait allusion à la nouvelle espérance spirituelle du monarque.

Excédé par ses écarts, Waldemar se résolut finalement à lui allouer une copieuse indemnité de licenciement, avec l’expresse recommandation d’aller exercer ses talents ailleurs.

La magicienne en conçut un profond ressentiment.

Waldemar avait retrouvé la joie de vivre. Il se montrait plein de bienveillance envers ses filles, ses courtisans et ses laquais. Une question, pourtant, accusait sa conscience : À quoi lui sert-il d’être un roi chrétien si son peuple est toujours aussi malheureux ?

Dans l’incapacité d’y répondre, il introduisit dans son palais un célèbre philosophe : Wladimir.

Philosophe, romancier, poète, peintre, sculpteur, musicien, physicien, mathématicien, maîtrisant le latin, le grec, l’hébreu, l’ourdou et le quechua, Wladimir était le Léonard de Vinci national. C’est lui-même, d’ailleurs, qui découvrit que le langage kabbalistique de Sabine était du créole réunionnais. La science étant semblable à la confiture, il en possédait beaucoup et l’étalait peu.

Waldemar écoutait avec avidité les conseils de l’érudit qu’il avait autrefois méprisé. Bien que lui-même agnostique, Wladimir conseillait au roi de persévérer dans la lecture des Évangiles, considérant les bienfaits qu’ils avaient apporté dans sa vie. Il lui recommanda également Jean-Jacques Rousseau. L'homme d’état et l’homme de lettre passaient de longues heures ensemble, à discuter, à étudier, à puiser dans les œuvres des philosophes de riches leçons pour un règne équitable.

« Nous sommes maintenant au XXIe siècle, disait Wladimir, Il serait quand même temps de sortir ton pays de la féodalité.

Le roi mit en application les conseils du savant, au grand bonheur de la Syldurie d’en-bas et à la grande colère de la Syldurie d’en-haut.

« Tu as bien commencé ton combat contre la pauvreté, même si de grandes choses restent à faire, tu dois aussi commencer à combattre l’ignorance. Puisque tu as de nouveaux fonds, construis des écoles, une par village, une par quartier. Fais ouvrir une université. Fais distribuer des bourses aux jeunes gens qui n’ont pas les moyens de financer leurs études. » »

Waldemar fit aussi organiser des élections. Pour la première fois, le peuple avait des députés qu’ils avaient choisi. Il décida aussi de montrer un bon exemple en réduisant son train de vie. Les repas royaux devinrent plus modestes, et les économies royales servirent un plan social.

Tout le royaume tirait bon profit des leçons de Wladimir. Il était devenu un héros national. Waldemar commençait à se faire aimer. La Syldurie rattrapait rapidement son retard économique.

Le philosophe était souvent invité à la table royale. On y parlait musique, poésie, cinéma, politique, philosophie, actualité nationale et internationale. Il n’était aucune question sans réponse pour ce Pic de la Mirandole. Tout le monde l’aimait. Tout le monde sauf les riches qui, grâce à sa sagesse le sont devenus un peu moins. Quant à Lynda, elle l’a pris en grippe depuis son arrivée.

« Ce vieux pédant qui sait tout ! Qu’il monde un peu me voir dans mon grenier ! J’aurais quelque matière à lui enseigner.

Lynda quittait la table et montait dans son grenier en tapant lourdement des pieds sur les marches de bois. Elle claquait la porte, enfilait ses gants de boxe et frappait de toute la fureur de ses poings le sac sur lequel elle avait fixé une photographie du maître.

Copyright 2009 Lilianof


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines