Il y a quelques jours en lisant ces mots j'avais fait ma maligne. Pour éviter de m'identifier peut-être. Aujourd'hui ils me reviennent à l'esprit sans cesse tandis que je mords mes lèvres ensanglantées ; je pourrais les écrire si je pouvais écrire mais pour l'instant j'attends juste que le gong cesse de résonner dans ma tête...
"Parfois, j’encaisse sans broncher, parce que je suis un bon encaisseur (au propre comme au figuré), j’ai le menton bien dur, voilà. Je secoue la tête et je fouette l’air de mes poings chétifs. De temps en temps, je sens ma mâchoire craquer et un peu de sang couler dans ma gorge, ça a un petit goût acide qui rend fou. Rarement, ça me met down, enfin, knock-down je veux dire ; en jargon pugilistique, ça signifie qu’on se relève avant que la dizaine ne sonne. Le gars en uniforme rayé saute alors autour de mon corps lourd comme une puce minable et paumée, et détend ses doigts, l’un après l’autre en partant du pouce jusqu’à l’auriculaire, mais je sais bien, je sais toujours, que – même péniblement – je vais finir par me relever et mettre mes poings en évidence pour lui faire comprendre que rien n’est tout à fait déconnecté, écarquiller les yeux pour exhiber le rêve qui gicle de mes pupilles dilatées. Et jusqu’à présent, il a toujours fait : « ok ! ok ! bon pour la prochaine rouste ». Le knock-out qui vous étend pour de bon, je ne connais pas. Pas encore. Il arrivera un jour. Nécessairement. Personne n’est invincible."
Merci Dorham