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Le collège oublié

Publié le 29 septembre 2009 par Anned

Un quart des élèves scolarisés dans le système français en Argentine fréquentent le collège franco-argentin de Martínez situé dans la banlieue Nord de Buenos Aires, une proportion que les moyens alloués par les pouvoirs publics français – un seul expatrié, par exemple - ne reflètent pas.

Le Collège franco-argentin de l´Alliance française de Martinez a été créé en 1964, dans le cadre de l´accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre les gouvernements français et argentin. Il est lié à l´Agence pour l´enseignement français à l´étranger ou AEFE, par la même convention que le lycée Mermoz. Mais si celui-ci est directement géré par l’AEFE, le collège, lui, l’est au travers du Conseil d’administration de l’Alliance.

537 élèves de la maternelle au Bachillerato fréquentent actuellement l’établissement. Les enfants sont accueillis à partir de l’âge de deux ans. Ils suivent une scolarité bilingue répondant aux exigences des programmes français et argentins jusqu’à la classe de Troisième, à la fin de laquelle ils présentent le Brevet des Collèges français. A ce jour, le collège de Martinez n’étant pas conventionné pour les classes de niveau lycée, les élèves qui souhaitent obtenir le Baccalauréat français rejoignent à leur entrée en Seconde le lycée Mermoz. S’ils ne souhaitent pas poursuivre dans le système français, le collège de Martinez leur offre la possibilité de préparer un double diplôme constitué du Bachillerato argentin et du Baccalauréat International (dit aussi Bac de Genève) officiellement reconnu en France, mais pourtant méconnu. 59 élèves suivent actuellement ce cursus.

Le collège est implanté dans une banlieue résidentielle très prisée des familles. Elles trouvent dans l’établissement une école de proximité à taille humaine et participent naturellement à la vie communautaire. Les parents des élèves sont surtout des expatriés français et des argentins, représentants des professions libérales et cadres, même si le lycée recense pas moins de vingt nationalités. Cette diversité se note chaque année à l’occasion du chaleureux déjeuner international organisé par l’association des parents d’élèves, particulièrement active.

Interrogé sur le message qu’il aimerait faire passer aux francophones d’Argentine, M. Jean-André Lafont, directeur du collège depuis un an, met en avant trois points.

Tout d’abord, au travers de ses contacts avec les familles non francophones qui souhaitent confier l’éducation de leurs enfants au collège, M. Lafont se dit frappé de l’aura qui entoure notre pays, sa culture et sa tradition. Pour ces parents, lire, écrire et parler le français couramment n’est qu’un but parmi d’autres objectifs aussi importants, tels que l’acquisition de nos valeurs et de notre culture, ou encore la connaissance de notre Histoire et de la pensée de nos philosophes.

Le Directeur se montre par ailleurs préoccupé par le futur de l’enseignement français à l’étranger, et tout particulièrement par celui de l’établissement dont il a la charge. Les moyens alloués par les pouvoirs publics de l’Hexagone à toute la zone Amérique du Sud diminuent d’année en année. Dans le même temps de plus en plus d’élèves français de Seconde, Première et Terminale – donc en Argentine, du lycée Mermoz – ne paient plus de frais de scolarité, alors que parallèlement le budget des bourses – donc pour des élèves français plus jeunes, du collège de Martinez entre autres - est réduit. Si rien n’est fait avant la rentrée de mars 2010, des familles françaises de son établissement se verront dans l’obligation de confier leurs enfants à l’enseignement public argentin en raison de la diminution de l’aide financière qui leur était versée jusqu’ici. Lors de la répartition des moyens, l’établissement de la zone nord se retrouve souvent dans la position du parent pauvre, de manière incompréhensible au vu de ses effectifs et de ses résultats. Seul le directeur a un contrat d’expatrié, c’est-à-dire entièrement pris en charge de l’AEFE. De plus, à l’encontre de tous les usages, le collège assume complètement la charge financière de deux de ses six enseignants résidents, alors que l’AEFE devrait en compenser au moins une partie. Il a donc encore plus de mal à joindre les deux bouts que bien des établissements frères. Sans les subventions ponctuelles, par exemple du Sénat dernièrement suite à la visite d’un groupe d’élus, l’établissement se trouverait dans l’incapacité totale d’investir. L’objectif – qui semble élémentaire de nos jours - d’un ordinateur dans chaque salle de classe, n’est pas encore atteint !

Pour terminer et pour témoigner du dynamisme de son établissement malgré les difficultés matérielles, M. Lafont met en avant un projet qui lui tient à cœur. Il est actuellement développé par le Bureau de la Vie Scolaire du collège autour de l’éducation à la citoyenneté et au respect de l’environnement. Consultés au travers de leurs délégués de classe, les élèves du Cours Préparatoire à la Troisième ont mis au point une liste de quinze actions à leur portée pour économiser l’eau et l’énergie, chez eux et à l’école, et moins polluer leur environnement. Ils s’engagent individuellement et par écrit à y être attentifs. L’opération est déjà un succès puisque de nombreux élèves ont franchi le pas comme en témoigne le compteur disposé dans la cour. Le Directeur espère que les parents, déjà très présents dans la vie de l’établissement, s’enrôleront prochainement à leur tour dans une action similaire.


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