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Comment trouver un emploi quand on a un mauvais caractère et quatre charmants petits mômes

Publié le 08 octobre 2009 par Theclelescinqt

Comment trouver un emploi quand on a un mauvais caractère et quatre charmants petits mômes

Cinq semaines de recherche d'emploi : je suis un peu claquée, là, tout de suite je m'amuse comme une petite folle .

Les conseils reçus lors de mon coaching au salon de l'emploi de Monster m'ont donné un bon coup de boost et j'ai refait depuis quatre ou cinq fois mon CV si vous voulez je vous l'envoie. Le résultat n'est pas si mal (au moins ça contente quelqu'un !) Je cherche dans l'assistanat, la documentation d'entreprise, la vente de sex toys... Je suis hyper motivée.

C'est une recherche d'emploi sous le signe de la femme : pas vu encore l'ombre d'un sujet de sexe mâle.  J'ai à ce jour eu trois entretiens, deux in situ, l'autre au téléphone. Je suis allée à mon premier entretien comme Napoléon traversant la frontière russe : kamikaze. Pas très en forme ce jour-là, mais bien décidée à en découdre, je m'étais auto-gonflée à bloc (comme s'il y avait besoin!)

Je vois d'abord la pédégère qui me brosse le tableau d'un poste soi-disant d'"assistante administrative et commerciale", appelation convenant parfaitement pour justifier un petit salaire et des ambitions étriquées, poste qui m'apparaît assez vite comme celui d'une assistante de direction plutôt costaud, pour une personne incontournable dans l'entreprise. Premier entretien, gonflée à bloc donc genre chien fou, égale à moi-même, je fonce dans le tas et vends ma candidature à la manière d'un marchand de sable dans le désert. Une vraie commerciale. Puis arrive l'assistante que le candidat retenu devra remplacer durant un an, et qui participe au recrutement : une petite jeune fille à laquelle j'octroie libéralement 25 ans étant donné le contexte, mais qui ressemble plutôt à ma soeur du temps où elle allait attendre gentiment le bus pour le lycée. Je continue à me vendre, mais la jeunette a du mal à finir ses phrases : je les termine pour elle, je trouve ses mots. Elle me parle du poste, j'acquiesce à tout comme si elle évoquait une partie de campagne, imaginant la rassurer. Finalement elle me pose des questions, j'y réponds, et finis même par lui demander ce qu'elle a fait, elle, comme études. Je sors de là mi-figue mi-raisin. En fait ce n'était pas du lard mais du cochon : le jour prévu je suis informée que le choix ne m'est pas favorable. La pédégère me fait un magnifique feed-back dont je la remercie chaleureusement : elle n'y est pas obligée, c'est très gentil de sa part. Elle a eu un bon contact mais la jeunette a eu l'impression de "vivre un entretien d'embauche". J'ai été beaucoup trop offensive et elles ont imaginé que j'allais vouloir tout mener à la baguette. Elle  me conseille amicalement de "mettre la prochaine fois de l'eau dans mon vin".

Mais je ne bois pas de vin, et suis une gentille fille. La preuve, qui a vu sur ce blog la moindre remarque négative envers mon prochain ? Le moindre râlage, mauvaise humeur ou critique ?

Personne. 

Je réfléchis et me dis qu'elle a raison. Ce qu'elle voulait, c'était une exécutante, pas une directrice adjointe.

Le tout est de cerner le plus vite possible les éventuelles attentes des recruteurs et ne pas écouter ce qu'ils disent pendant l'entretien, mais se brancher sur leur inconscient tel un vrai pro de la psychanalyse. Et puis savoir placer le ton de sa voix pour ne pas effrayer la populace. Reprendre l'habitude de parler à des adultes, en somme.   

Le jour même de cette réponse une nouvelle recruteuse me fait passer un entretien téléphonique. Un peu échaudée, je suis loin de me vendre comme la première fois. J'avoue directement ce que je ne sais pas faire et que vous ne saurez pas. Elle me demande ce qu'une double licenciée et mastérisée en sciences humaines fait à postuler pour des emplois d'assistantes. Je lui réponds sans ambages que bien que les diplômes universitaires ne soient pas donnés ils ne valent simplement pas grand chose sur le marché du travail. La dame est désolée de ne pas pouvoir me prendre parce qu'elle trouve que j'ai l'air de "quelqu'un de bien". Je lui propose de me rappeler dans six mois, (quand je me serais formée ailleurs à tout ce qui lui est si nécessaire et qu'elle serait incapable de me montrer.)

Son problème, qu'elle m'expose assez naïvement, est qu'elle ne veut pas d'une personne qui habite en grande banlieue, ni de quelqu'un qui ne parle pas bien le français, ni de quelqu'un qui ne soit pas bilingue anglais, ni de quelqu'un qui ne soit pas opérationnel tout de suite, ni de quelqu'un qui soit trop jeune, ni d'une mère de famille qui risque de stresser, ni de quelqu'un à former ne serait-ce qu'un minimum,... Le portrait type du recruteur d'aujourd'hui.

Nous nous quittons la main sur le coeur en nous promettant mutuellement de nous recommander dans nos recherches respectives. Vrai de vrai.

Et mon troisième entretien a eu lieu aujourd'hui. Une dame charmante. Elle a réussi à me donner l'impression d'être vraiment intéressée par mes réponses, et moi j'aime bien parler, comme vous avez dû vous en rendre compte. Après décorticage de mes précédentes fonctions, elle m'a posé beaucoup de questions relatives à la sphère perso : mes centres d'intérêt, mes motivations,...Elle suit un plan et a une vraie pratique de l'entretien. De mon côté le métier commence à rentrer : j'évite l'artillerie lourde, j'essaie d'être plus posée; j'ai apporté un calepin, je note et ai préparé quelques questions. Le secteur m'intéresse, j'ai retenu les chiffres clefs exposés sur le site internet. Elle me promet une réponse rapide.

En sortant de cette société, je me rends compte que je ne me mens pas : j'ai vraiment envie de travailler. En fait j'ai toujours eu envie de travailler. Ma carrière a la ligne d'une scie mécanique, et des trous gros comme celui de la couche d'ozone.

Mais ça ne fait rien.    


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