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Le coup de chaud / xxxiii

Publié le 09 novembre 2009 par Lejournaldeneon


(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-33-
Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.
LE COUP DE CHAUD /  XXXIII(PUBLICITÉ)
CHAPITRE 15
JUILLET 1970
(SUITE /2)

Antoine ne broncha pas, dégagea juste ses boucles blondes élimées de devant ses yeux cernés avant d’écraser sa clope dans un cendrier Berger jaune. On entendit Johann Strauss (fils) en fond sonore dans une paire d’enceintes en bois de noyer naturel. Bob descendit très légèrement le volume de son ampli à lampes et poursuivit son vieux truc de nettoyer les verres pour ne pas avoir à rester debout comme un con, les bras croisés sans rien faire, en arrière plan de l’action principale... Le photographe de guerre chercha quelque chose d’un peu intelligent à répondre à son voisin et pour faire mine de s’intéresser au moins par politesse. Une question d’éducation.
« Vous vous passionnez pour la conquête de l’espace ?
-En quelque sorte. Ouais c’est ça, à l’espace... c’est tout à fait ça.
-Voyez-vous, j’ai longtemps été absent et, la lune, les missions Apollo comme vous dites... bien sûr ! mais là où j’étais, enfin... c’est assez difficile de vous expliquer dans le détail et franchement, je vais vous dire... J’en ai vraiment rien à foutre, moi, de vos ordinateurs qui pètent les plombs à plus de 300 000 kilomètres de la terre ou de je ne sais quel agent de service miteux, embauché par Hollywood pour se payer la tête de la planète entière avec son petit veston cousu main.
-Pas Hollywood... Disney !
-Quoi ?
-Non, je disais juste, c’est à cause de Disney que tout a commencé.
-Mais qu’est-ce que vous me raconter encore ?!... Qu’est-ce que ce Disney a à voir là-dedans ?
-Je dis que c’est comme ça que tout a commencé, c’est tout.
Werner Von Braun, l’ingénieur allemand, le commandant SS passé dans le camp américain en 44... Un SS... l’actuel administrateur adjoint de l’agence spatiale ; le père des V2...
-Oui...
-Et bien c’est lui qui est à l’origine de cette histoire avec l’oncle Walt, ce Von Braun. Le type dirigeait les chaînes de montage de missiles balistiques dans le camp de Norhausen-Dora lorsque les américains et les russes ont enfin réussi à foutre sur la gueule des boches.
-Et alors ?
-Et bien Von Braun, qui s’était rendu de lui-même aux alliés afin de poursuivre son rêve de conquête dans le camp des vainqueurs, mais voyant qu’Eisenhower se foutait complètement de la possibilité de développer un programme astronautique aux Etats-Unis, s’est alors tourné vers les studios de Walt Disney pour populariser son idée d’envoyer des hommes sur la lune. Tout le monde sait ça ! Quelques films ont suffi pour que l’idée de l’ex officier SS remporte un succès considérable auprès du public américain. C’est comme ça que la NASA est née mon pote. Un coup de Mickey les grandes oreilles et d’un de ces petits nazis prétentieux qu’avait de nouveau le vent en poupe, mais cette fois dans le camp des gentils.
-Mickey, dites-vous ?!... Oui, c’est intéressant ! mais j’attends quelqu’un voyez-vous. Et franchement, je n’avais pas obligatoirement prévu de refaire l’histoire de la conquête spatiale aujourd’hui avec vous. Ni aucune autre sorte d’histoire d’ailleurs. Comment disiez-vous déjà que vous vous appeliez... mon pote ?! »
L’horloge accrochée au-dessus du bar marquait l’heure fade et sans conviction d’un milieu d’après-midi qui n’en finissait plus. Je repensais à cette nuit dont nous parlions depuis des heures maintenant... l’histoire... d’essayer de me faire une image plus claire des événements passés. Je repensais à cette nuit et tentais de raccorder chaque détail d’une robe rose échancrée au portrait d’une étoile les bras démantibulés. Des tonnes d’acier lancées à toute vapeur sur la voie lactée ; les charges animales comme des trains brûlants dans un cimetière de cercueils plombés... Des coupures nettes, un montage merdique. Des ratés de projection. Des collures saumâtres sur des charbons ardents. L’image récalcitrante d’un feu tricolore qui palpite dans l’embrasement d’un sens giratoire déglingué. Les ténèbres et rien de plus. Je me répétais : Les ténèbres et rien de plus. Tout comme on dit aussi que la télé rend cinglé à force de clabauder, de tout superposer en vrac du bon goût et de la pire merde mélangés. La télé... qui balayait tout sur son passage... Sa technique de nettoyage industriel bien cadrée sur des écrans convenus.
(À SUIVRE)
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