Magazine Journal intime

On the road (again, again, again)

Publié le 01 décembre 2009 par Mao

Comme disait Ayrton lorsque l’aiguille du compteur de vitesse oscillait dangereusement vers la droite, “La route est un endroit dangereux, j’essaie d’y rester le moins longtemps possible”.1

Je confirme, c’est un endroit dangereux. Particulièrement pour les autres lorsque je m’y trouve dans ma puissante voiture.

Par exemple l’autre soir, je roulai sur une route de campagne (cherchant un raccourci que je ne trouva jamais). ll pleuvait à torrent, la nuit était noire. C’était une route française, donc non équipée de réverbères. Mes phares jaunes du siècle dernier éclairaient si faiblement que je ne voyais rien. Mais rien de rien.2

Sauf à un moment, il y a un type qui m’a doublé. L’éclat puissant de ses phares blancs a illuminé la route un bref instant devant moi. J’ai pu ainsi me rendre compte a/que je mordais dangereusement sur le bas coté et b/que j’étais visiblement sur une route plus importante que ce que je croyais au début. Rapport à la barrière de sécurité qui longeait les bandes blanches sur ma gauche par delà la voie voisine.

Autre exemple, toujours le même soir. Il est 19h30, il fait nuit car nous sommes au mois de novembre, je viens de réussir après un troisième tour de rond-point à trouver la bonne direction pour enfin atteindre l’autoroute (je te rappelle que suite à l’action conjuguée de la pluie et de la nuit - et accessoirement de mon parebrise qui n’a pas vu un chiffon depuis 1997, je ne vois toujours rien.) Donc je suis sur l’autotoute depuis à peine cinq minutes que la gamine sanglée à l’arrière sur son réausseur m’explique qu’elle mange une clémentine.

Clémentine = jus qui gicle +  petits bouts de peau éparpillés et accessoirement pépins (en situation de stress intense je ne me souviens jamais si c’est elle ou la mandarine qui n’en n’a pas)

Mon coeur de mère ne fait qu’un tour. Ciel! la chair de ma chair est en train de peler une clémentine dans la voiture (donc dans le noir le plus complet)(sauf si j’ouvre une portière, mais à 130 km/h ce n’est pas une bonne idée). Ciel! elle va m’en coller partout. Ciel! et si elle s’étouffe avec un pépin je fais quoi? Il n’y a plus de réverbères, je ne vois même plus la bande d’arrêt d’urgence.

Heureusement, la gamine ne s’est pas étouffée (apparemment c’était un modèle sans pépins) et vu qu’elle avait conservé les pelures dans sa petite main, j’ai pu les récupérer. Mais pendant un bon quart d’heure mon esprit était so far far far away de la route. Heureusement qu’une biche n’a pas surgit à l’improviste devant mon capot (je suis pas sure que je l’aurai vue, remarque).

Peu avant l’arrivée sur Paris, le summum de l’angoisse a été atteint dans la voiture.

La Pépette a eu envie de faire pipi. On était au niveau du Stade de France, dans la file du milieu à 20 km/h avec des flics et des ambulances partout autour. Ah ça pour être éclairées on l’était (un peu trop même). Et impossible de rallier la bande d’arrêt d’urgence parce qu’il n’y en avait pas.

Dans un sursaut de conscience, je me suis souvenue qu’il y avait des couches dans la poches derrière mon siège. Entre deux manipulations du levier de vitesse, j’en ai sorti une à tatons. La gamine a réussi à se dégager toute seule de son réhausseur et de la ceinture de sécurité (faite moi penser à mieux l’arrimer la prochaine fois). Sur mes indications fiévreuse elle a descendu culotte, collant et pantalon et a glissé la couche (dans le bon sens s’il vous plait). Tout ça debout entre les sièges, avec les flics partout autour de nous. Et les lumières (pour une fois qu’on en avait pas besoin de celles là).

Quand elle a eu fini sa petite affaire, elle a replié sa couche, s’est rhabillée comme une grande et a profité de l’occasion pour prendre ses aises sur la banquette arrière et piquer un petit roupillon.

Pour une fois j’ai béni les embouteillages.

Quoique celui sur le périph’ je m’en serai bien passée.

Ce qui fait peur, c’est que je ne dois pas être la seule à devoir affronter ces situations relativement banales. Non, vraiment, la route est un endroit dangereux.

  1. en fait l’auteur de cette phrase a un prénom parfaitement commun mais je ne veux pas avoir de problème avec les familles et les amis de tous les mecs qui s’appellent pareil, alors on dira que c’est Ayrton. Déjà parce que je ne connais personne qui s’appelle Ayrton
  2. oui j’ai encore des phares jaunes, mais plus pour longtemps

Retour à La Une de Logo Paperblog